Archives : Archives

JULIE SE TAIT

JULIE SE TAIT

De Leonardo Van Dijl – Belgique/Suède – 1h37 – 2024.

Avec Koen De Bouw, Ruth Becquart, Claire Bodson.

Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l’entraîneur, qui pourrait la propulser vers les sommets, est suspendu après le suicide d’une sportive du club et qu’une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Le club enquête, cherchant à protéger les autres membres et surtout Julie qui garde le silence sur la nature de sa relation avec son entraîneur. Ce film est une oeuvre en forme de quasi thriller psychologique, causant à priori de la libération de la parole dans le milieu sportif. Dans le plus grand des silences. Pas celui induit par l’omerta, les pressions ou encore les intérêts sportifs. Mais celui subi par une jeune femme conciliant famille, études et sport mené à haut niveau. Le film arrive à montrer comment le harcèlement insidieux s’instaure de manière étouffante dans le quotidien de Julie.

Publié dans 3ème film du programme, Archives films, Uncategorized | Leave a comment

MON GATEAU PREFERE

« Mon gâteau préféré », naissance d’un amour tardif
Le second long-métrage, après Le Pardon (2020), du couple de cinéastes composé par Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha, installé à Téhéran, cristallise une nouvelle fois la chappe de plomb que fait peser le régime iranien sur la création cinématographique. Tourné en secret en 2022 dans un climat de tension sociale, au moment où allait éclater le mouvement Femme, vie, liberté, le film enfreint délibérément les restrictions qui entourent la représentation des femmes à l’écran, concernant, notamment, le port du hidjab jusque dans l’espace domestique, en dépit de toute considération réaliste. Mon Gâteau Préféré se présente pour l’essentiel comme une authentique comédie romantique du troisième âge, en apparence assez inoffensive, mais, dans le fond, tout sauf naïve. Le film vaut d’abord pour la finesse avec laquelle il dépeint l’isolement des personnes âgées, montrées comme n’appartenant plus au même fuseau horaire que la société active (Mahin, victime d’insomnies, se lève à midi), donc condamnées à vivre dans ses interstices – un constat qui dépasse le simple cadre de la société iranienne. (Ma. Mt. Pour Le Monde.)
Mais la morale du film sur le courage des microrésistances privées, d’une inversion des signes moroses par l’étincelle d’une simple rencontre, s’inverse brutalement dans un finale absurde et sinistre. Il faut aimer les déconvenues hardcores ou interpréter ce twist comme le reflet du pessimisme des auteurs pour ne pas leur en vouloir de faire subir ça à des personnages qu’ils ont mis tant d’ardeur, et d’ailleurs de talent, à nous faire aimer. (Didier Péron pour Libération)
Il reste un film modestement magnifique, qui nous emporte avec une facilité déconcertante tant les deux acteurs sont formidables de présence et de justesse. Un film nécessaire et qu’on a particulièrement envie de partager quand on sait que les autorités iraniennes ont confisqué les passeports des deux réalisateurs Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha à l’annonce de la sélection de leur film en compétition au Festival de Berlin 2024…Ils sont depuis assignés à résidence dans l’attente de leur procès.

Publié dans 5ème film du programme, Archives films, Uncategorized | Leave a comment

LES FEUX SAUVAGES

Semaine du13 au 18 février

LES FEUX SAUVAGES
De Jia Zhangke -Chine-1H51 Vost
Avec Zhao Tao
Rattrapé par les marées, traduction du titre international (Caught by the Tides) du nouveau film de Jia Zhang-ke, permet peut-être de mieux l’appréhender. À 53 ans, le réalisateur chinois revisite son cinéma avec un récit en trois parties, situées respectivement en 2001, 2006 et 2022, non pour signer une grande fresque romanesque comme Au-delà des montagnes ou Les Éternels, mais pour reparcourir l’itinéraire emprunté par son cinéma dans la Chine du XXIe siècle. « Les marées » ou les « feux sauvages » sont à entendre comme des vagues de souvenirs irrépressibles, les siens et ceux de son actrice fétiche, Zhao Tao. Ils resurgissent par le biais d’images de précédents films, mais aussi de rushes inédits, comme extirpés des archives du cinéaste. Pour rassembler ces différentes périodes, le film s’en tient à un embryon de mélodrame : un couple se déchire, se perd de vue et se retrouve.
Les deux personnages, Qiaoqiao (Zhao Tao) et Bin (Li Zhubin), sont apparus pour la première fois il y a vingt-deux ans dans Plaisirs inconnus, dont on retrouve beaucoup d’images dans la première partie,, bien qu’elles soient ici agencées différemment : les scènes de rue, de chant et de chorégraphie s’enchaînent de façon purement musicale, en passant d’un morceau électronique populaire à un autre, sans que jamais ne s’amorce véritablement un récit, ne se déroule le début de l’intrigue, elle paraît surtout s’inscrire dans le mouvement frénétique de la ville.
Cette partie et la suivante – plus mélancolique et composée notamment de plans de Still Life – ravivent le souvenir de cette période du cinéma de Jia Zhang-ke ; Les ellipses racontent ainsi autant les mutations de la Chine (de l’effervescence libérale à la désillusion capitaliste, jusqu’à l’ère de la surveillance technologique) que celles du cinéma, et plus précisément de l’œuvre de Jia Zhangke. Si le scénario que bricole ce remix ne tient pas vraiment (ce que trahit, exemplairement, le choix de faire de Qiaoqiao un personnage muet), il fait surtout ici office de lien distant entre les morceaux assemblés.
La troisième partie, achève la perspective : elle donne à l’ensemble une colonne vertébrale – elle est la seule à avoir été tournée sur mesure pour ce film-ci. Si l’image y est numérique et un peu terne elle capture tout de même de façon troublante le passage des années sur le visage des acteurs. Le contexte du Covid-19 permet à plusieurs reprises d’aménager des scènes où Qiaoqiao et Bin se démasquent, manière émouvante de dévoiler le vieillissement de leurs corps. Pris dans son ensemble, Les Feux sauvages se présente dès lors comme un objet un peu bancal, ou du moins flottant, terme qui lui sied peut-être mieux : sur un bateau ou dans un train, les personnages, comme le cinéaste, se laissent porter par la dynamique d’un voyage à travers les souvenirs.

D’après les critiques du Monde et de Critikat ( janvier 2025)

Publié dans 2ème film du programme, Archives films, Uncategorized | Leave a comment

Memoires d’un escargot

               

À la mort de son père, la vie heureuse et marginale de Grace Pudel, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d’accueil à l’autre bout de l’Australie. Suspendue aux lettres de son frère, ignorée par ses tuteurs et harcelée par ses camarades de classe, Grace s’enfonce dans le désespoir. Jusqu’à la rencontre salvatrice avec Pinky, une octogénaire excentrique qui va lui apprendre à aimer la vie.

Lorsqu’elle fait le bilan de son existence, Grace se définit comme « un verre à moitié plein », qui comble sa moitié vide avec la lecture de romans à l’eau de rose et la compagnie (envahissante) des gastéropodes – auxquels, à force de s’être construit une carapace pour se protéger du monde, elle a fini par s’identifier. Bien qu’explorant par le menu les multiples traumatismes de la jeune fille, tout l’enjeu du film sera de colmater ses failles émotionnelles pour l’amener à s’ouvrir au monde. Mémoires d’un escargot use pour y parvenir d’un ton étonnant, alignant moments d’une immense drôlerie, mais aussi pas mal de mélancolie et un soupçon de colère. Soit peu ou prou les étapes d’un processus de reconstruction de soi. Part thérapeutique du film qui se confirme avec l’entrée en scène de Pinky, mamie aussi ridée que décapante, qui n’hésite pas à faire des doigts d’honneur à quiconque la juge, soigne sa trouille de la sénilité à la marijuana et dispute des parties de ping-pong endiablées avec Fidel Castro.

Il n’est pas anodin que ce génial long métrage soit fait de pâte à modeler : il exprime comment des êtres peuvent se remodeler, les creux et les pleins apparaissant sur la texture même des personnages. De même, les décors fourmillant de détails, reflet du bric-à-brac surchargé qu’est l’esprit de Grace, contribuent à faire de Mémoires d’un escargot un film très singulier, malléable, tendre et dur, fourmillant d’idées et merveilleusement poétique. Adam Elliot y trace sa voie, magnifique et solitaire, entre étrangeté formelle et scénario vantant les imperfections (un univers résumé par une phrase du film : « Sans obscurité, la lumière n’a pas de sens ») ou la référence marquée au Kintsugi, cet art japonais consistant à rénover des objets abîmés sans faire disparaître leurs fissures. Le résultat est saisissant : nous sommes emportés par la puissance émotionnelle de Mémoires d’un escargot, qui transcende un récit de deuil et ses cicatrices en celui d’une renaissance apaisée.
Cristal du long métrage au Festival d’Annecy 2024

Publié dans 4ème film du programme, Archives films, Uncategorized | Leave a comment

EEPHUS

CINE CIMES Semaine du 06/02 au 11/02/2025

EEPHUS, LE DERNIER TOUR DE PISTE

Film de Carson Lund – Etats-Unis, France -1h38 -VOST
Avec Keith William Richards, Cliff Blake, Ray Hryb…

On appelle eephus ou encore « arc en ciel » un type de lancer au baseball: une balle courte qui ressemble à une balle lente, autrement dit une feinte, destinée à déstabiliser le batteur qui ne manquera pas d’être surpris par une trajectoire et une vitesse inhabituelles. On prédit le même sort et la même agréable désorientation au spectateur de ce film d’atmosphère dont l’intrigue tiendrait sur un billet de stade.

Dans une bourgade non identifiée de Nouvelle Angleterre à une époque elle même floue qui pourrait être les années 1990, deux équipes amateurs, les Riverdogs et les Adler’s Paint, s’affrontent pour un ultime match. Dans l’autoradio d’un des joueurs, la voix chevrotante de Frederick Wiseman (94 ans) annonce la couleur : le terrain va être rasé pour faire place à une école. Satanée jeunesse .
Ambiance de fin de partie et nostalgie à tous les étages, donc, dans ce huis clos proustien déguisé en film de sport.
Car évidemment le baseball n’est pas le sujet. Tous plus ou moins bedonnants, grisonnants, claudicants, les protagonistes sont de piètes athlètes. Ils courent comme des pingouins et s’enfilent plus de canettes de bières qu’ils ne marquent de points. Ce stade, c’est leur cour de récré, leur bar, leur refuge, leur raison d’être dominicale pour fuir le foyer, entre autres. Etre là pour ne pas être ailleurs.

Et la saison choisie par les auteurs ne l’a pas été au hasard : c’est l’automne, avec son chapelet de couleurs fauves, égrenées et magnifiquement mises en valeur par le jeune réalisateur Carson Lund, chef opérateur du récent Noël à Miller’s Point, de son camarade Tyler Taormina, ici producteur. Les deux trentenaires appartiennent au même collectif , Omnes Films, et représentent le futur du cinéma indépendant américain : moderne mais à l’ancienne, détaché des impératifs de rentabilité, et où l’apparente nonchalance de la forme impose en douceur un discours tournant ostensiblement le dos à l’efficacité des contenus pour plateformes.

Dans ce film choral que n’aurait pas renié Robert Altman, autre modeste protagoniste d’une Amérique en voie d’extinction, l’action impose moins que la sensation. Sur le terrain, les joueurs disputent leur dernière manche ; la nuit tombe ; l’électricité a été coupée ; on allume les phares des voitures pour y voir clair. Personne n’a envie de rentrer. Le score ? Quel score ? Seul compte le vent dans les érables. « Au baseball, dira l’un des personnages, on attend des heures que quelque chose se passe , et hop, c’est finit ».

Critique de Jérémie Couston – Télérama .

Ciné Surprise le 03/03 /2025

Publié dans 1er film du programme, Archives films, Uncategorized | Leave a comment

Emanuel Pârvu (Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde)

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est 5027303.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx-edited.jpg.
Sélectionné en compétition à Cannes et lauréat de la Queer Palm, Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde est un drame brillant, à la fois tendu et lumineux, où les réactions de villageois suite à une agression homophobe donnent lieu à une métaphore de la contamination de la pensée fascisante.

Avant d’aborder les thèmes traités par le film, je souhaitais débuter par vous interroger sur le remarquable travail sur la lumière. Comment avez-vous travaillé avec votre chef opérateur Silviu Stavilã sur cet aspect?

Tout d’abord, il faut dire que la lumière est déjà naturellement exceptionnelle dans cette région du delta du Danube où nous avons tourné. Jacques-Yves Cousteau a déclaré que cette région était le plus bel endroit du monde, et ce précisément à cause de la lumière spéciale qui existe là-bas. Je ne sais pas comment expliquer que cette lumière soit si particulière, si ce n’est qu’elle vient de Dieu.

Silviu Stavilã est un très grand chef opérateur qui a déjà travaillé avec Cristi Puiu ou Lucian Pintilie. L’idée que je lui ai soumise dès le début du projet était que pour le début du film, je souhaitais utiliser des plans fragmentés et décomposés, où les personnages et leurs visages n’apparaitraient pas forcément en entier, pour progresser peu à peu vers des plans conventionnels à mesure que les personnages révèlent clairement qui ils sont. Le tout pour aboutir aux plus beaux plans possibles. Je me suis beaucoup inspiré d’Ozu et de sa technique des tatami shots (méthode consistant à placer la caméra relativement bas, épousant le regard d’une personne à genoux sur un tatami, ndlr). Quant à la lumière, je souhaitais qu’on ne rajoute aucune source artificielle. A l’inverse, notre travail a plutôt consisté à filtrer autant que possible toute la superbe lumière que l’on recevait naturellement.

Dans son discours de remise de prix, le jury de la Queer Palm a justement souligné la dynamique des personnages qui sont soit aveugles à la lumière qui les entoure ou qui au contraire se dirigent pleinement vers elle. C’est une formulation dans laquelle vous reconnaissez votre film?

Tout à fait. Ce n’est pas pour rien que le film se clôt sur une séquence qui est d’abord filmée dans un canal particulièrement étroit avant d’aboutir vers un horizon de plus en plus vaste où l’on a enfin l’impression de pouvoir respirer. Ce n’est pas non plus pour rien que le film porte ce titre : le village où nous avons tourné se trouve littéralement à trois kilomètres de la mer, c’est donc littéralement la fin des terres, mais il s’agit aussi bien entendu d’une métaphore. Je voulais dire par là que si l’on continue à agir comme les personnages qui entourent le protagoniste, on court droit à la fin du monde. J’ai parfois l’impression qu’à force de racisme, d’homophobie et de xénophobie, on n’est plus qu’à quelques minutes près de la troisième guerre mondiale. Le monde a besoin de paix. La Terre est un endroit si merveilleux. La région où se déroule l’action est un coin de paradis mais par leur méfiance de toute différence, les gens en font un vrai enfer, et c’est pareil partout dans le monde. Je ne sais pas pourquoi on ne peut pas vivre ensemble malgré nos différences.

Le récit de 3 kilomètres a beau être claustrophobe et angoissant, vous filmez énormément la nature. La majeure partie du film est paradoxalement filmée en extérieur, dans de espaces très ouverts.

C’est la même idée. On souhaitait délibérément aborder cette surprise-là. Je voulais montrer un lieu qui ressemble au paradis, un lieu qui inspire immédiatement la paix, dans lequel tous les spectateurs auraient envie de vivre sereinement. Je voulais qu’on soit encore plus choqué par l’attitude des personnages, qui en font un enfer sur terre. Je voulais des plans très larges qui viennent contraster avec l’étroitesse d’esprit des personnages. Je ne parle pas forcément que des habitants de cette région, car c’est hélas partout pareil sur la planète. Ce village n’est qu’un exemple parmi d’autres de notre humanité. Si j’avais filmé cette histoire sur la côte française, thaïlandaise, américaine ou vietnamienne, j’aurais pu y trouver des coins de paradis que la bêtise humaine transforme en enfer. Dieu nous offre le paradis et nous on gâche tout.

Je sais bien qu’on ne peut pas changer l’humanité avec juste un film, un livre ou une chanson, mais cela peut néanmoins pousser les gens à réfléchir, et même beaucoup. Qui sait, peut être qu’avec vingt ou trente ans de recul, un film peut permettre de faire évoluer les choses. Je suis déjà heureux de pouvoir faire un cinéma qui soulève de telles questions.

Le récit débute par une agression homophobe, et le reste du récit s’attache davantage au réactions de l’entourage de la victime plutôt qu’à cette dernière, et ce décalage a étonné plusieurs spectateurs lors de la première du film à Cannes. Comment avez-vous trouvé votre équilibre idéal sur la place donnée au seul personnage queer de cette histoire ?

De deux choses l’une. Je ne fais pas partie de la communauté LGBT et j’ai su dès le départ que je n’avais pas la légitimité de m’exprimer à la place d’un personnage queer. C’est un point de vue que je ne peux pas prétendre exprimer, je n’aurais jamais osé aller sur ce terrain-là et parler à la place des personnes directement concernées. Ce que je connais en revanche, c’est la partie de la société à laquelle j’appartiens, et croyez-moi je la connais très bien. Je ne voulais pas parler à la place de la communauté queer mais la moindre des choses que je pouvais faire était de l’écouter. J’ai beaucoup échangé avec mes amis queer et j’ai beaucoup discuté avec Ciprian Chiujdea (l’acteur principal du film) qui est ouvertement gay. Leur ressenti sur le scénario était plus que précieux, il était indispensable. Il m’aurait été impensable de faire jouer à Ciprian quelque chose qu’il n’aurait pas trouvé juste ou qui l’aurait dérangé. Je connais les homophobes, je sais jusqu’où ils peuvent aller, je tenais donc à ce que Ciprian me dise jusqu’où le film pouvait aller sans nuire à la communauté queer.

Je suis un homme très croyant (il montre des tatouages de croix sur ses avant-bras, ndlr), mais j’ai tout à fait conscience que les institutions religieuses peuvent gâcher la vie des gens. Dans notre pays, ces instituons sont gangrenées par plein d’anciens membres de la Securitate et des politiciens très conservateurs, c’est la merde. Il faut en parler pour que les choses changent.Il y a deux ans, la télévision roumaine a passé un reportage sur la corruption financière de l’Eglise, et quatre millions de personnes l’ont regardé, sachant qu’on est quinze millions d’habitants.

Vous et moi portons tous les deux des lunettes, je rêve d’une société où être homosexuel ait aussi peu de conséquences que de porter des lunettes. Ce serait une société idéale. Mais en attendant, il faut pouvoir aborder les problèmes, même si c’est quelque chose qu’on me reproche. Je ne souhaite pas non plus m’approprier le combat et le vécu des autres. Mon film ne prétend pas être un exposé sur la particularité du vécu queer en Roumanie et comment notre société devrait évoluer sur ce sujet précis. Je ne serais pas légitime pour cela. Le sujet du film est davantage la normalité : qui décide ce qui est normal ou non ?

Est ce que cela vous convient si l’on dit donc que, contrairement aux apparences, l’homosexualité ou l’homophobie ne sont pas exactement le vrai sujet du film?

Ce n’est pas le sujet, en effet. Vous savez, je considère que la forme d’amour la plus pure et la plus puissante est l’amour qu’un parent ressent pour son enfant, que ce soit chez les animaux ou les humains L’amour devrait être inconditionnel par définition. Comment cette dimension inconditionnelle pourrait être remise en question dès que l’on se retrouve face à quelque chose qui dépasse notre confort? Comment peut on en arriver à des situations où notre place dans la société, ce que pensent nos voisins de nous, peut devenir plus important que l’amour pour nos enfants ? Il y a des gens qui peuvent visiblement comprendre que leur enfant vole, viole, violente d’autres personnes, et ils peuvent même continuer à l’aimer. Mais dès que leur enfant leur révèle quelque chose qui dépasse leur entendement, cet amour peut à peine survire.

Pas besoin que ce soit quelque chose d’extrême, d’ailleurs. Quand j’ai annoncé à mon grand père que je voulais devenir acteur, ça l’a tellement sidéré que j’aurais tout aussi pu lui annoncer que je partais vivre sur la lune. Il y a beaucoup de choses à améliorer dans la manière dont nous vivons ensemble. Comme je le disais hier soir lors de la première roumaine du film, je pense que nous allons dans la bonne direction. Là où j’ai des doutes en revanche, c’est sur la vitesse à laquelle nous y allons.

Entretien réalisé par Gregory Coutaut le 21 juin 2024 pour Le Polyester

Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs, Uncategorized | Leave a comment

Réalisateur Tout le monde aime Touda

Nabil Ayouch

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Nabil_Ayouch_2014.jpg.
Né le 1er Avril 1969 à Paris
Franco-marocain
Réalisateur, producteur
Mektoub, Ali Zaoua Prince de la Rue, Whatever Lola Wants, Les Chevaux de Dieu, Much Loved, Razzia , Haut et Fort, Evrybody loves Touda.

Nabil Ayouch, cinéaste marocain connu ses films tels que Much Loved, Razzia ou Haut et Fort, revient avec Everybody Loves Touda, dans les salles le 18 décembre. Ce nouveau long-métrage suit le parcours de Touda, une femme rêvant de devenir une Cheikha, une artiste marocaine traditionnelle. Déterminée à briser les normes, Touda chante des textes de résistance, d’amour, et d’émancipation. Rencontre avec Nabil Ayouch et l’actrice principale Nisrin Erradi.
Bulles de Culture : Nabil Ayouch, vos films mettent souvent en scène des personnages en quête de liberté dans une société marocaine encore marquée par le conservatisme. Est-ce une quête personnelle qui se reflète dans vos œuvres ?

Nabil Ayouch : Absolument, cette quête de liberté est à la fois une force motrice de ma vie et de mon cinéma.

J’aime explorer des personnages qui cherchent à se libérer des carcans sociétaux et à briser leurs chaînes. Avec Everybody Loves Touda, j’ai voulu mettre en lumière une héroïne contemporaine qui incarne cette résistance à travers son art.

Bulles de Culture : Le personnage de Touda s’inspire des Cheikhas, ces chanteuses marocaines qui bravent les interdits. Pouvez-vous nous parler de l’origine et de l’importance de ces femmes dans la culture marocaine ?

Nabil Ayouch : Les Cheikhas sont des femmes courageuses qui ont commencé à chanter publiquement au XIXe siècle, à une époque où seules les voix masculines étaient autorisées dans l’espace public. Elles ont conquis ce droit, et à travers leurs chants, appelé Aïta, elles ont abordé des thèmes subversifs au Maroc tels que le désir, le corps, et l’amour, défiant ainsi les normes sociétales. Le personnage de Touda est l’une de ces héritières modernes, combattant pour la reconnaissance et la liberté d’expression dans une société encore partagée entre tradition et modernité.

Bulles de Culture : Nisrin, comment avez-vous préparé votre rôle de Touda, une femme si complexe et ancrée dans une tradition musicale exigeante ?

Nisrin Erradi : La préparation a été très intense. J’ai passé un an et demi à apprendre à chanter, danser, et jouer des percussions aux côtés de Cheikhas professionnelles. J’ai dû m’immerger complètement dans leur monde pour comprendre la profondeur de leur art et de leur combat. C’était un travail de longue haleine, mais essentiel pour donner vie à Touda.

Bulles de Culture : Le film met également en scène le lien fort entre Touda et son fils, Yassine, qui est sourd-muet. Comment avez-vous abordé cette relation mère-fils qui transcende les mots ?

Nisrin Erradi : Pour moi, il était crucial de comprendre ce lien au-delà des dialogues. J’ai travaillé de manière approfondie avec le jeune acteur qui joue Yassine, créant des ateliers et des exercices pour bâtir une connexion authentique. Bien que je n’aie pas d’enfant, j’ai puisé dans mes expériences personnelles avec mes nièces et dans les ateliers que j’ai animés avec des enfants pour trouver cette dynamique unique qui nous unit dans le film.

Nabil Ayouch : Ce lien est central dans le film. Yassine ne peut pas entendre ce que chante sa mère, mais il ressent tout profondément. Leur relation va au-delà des sens habituels et s’ancre dans quelque chose de plus spirituel, presque métaphysique.

Bulles de Culture : Everybody Loves Touda aborde aussi des thèmes de résistance féministe. Touda peut-elle être considérée comme un modèle de revendication féministe pour le Maroc d’aujourd’hui ?

Nabil Ayouch : Certainement. Touda incarne le combat de nombreuses femmes pour l’émancipation. Elle représente une figure de résistance contre les normes patriarcales et aspire à une reconnaissance non seulement en tant qu’artiste, mais aussi en tant que femme libre. Bien que le chemin soit encore semé d’embûches au Maroc, des progrès ont été réalisés ces dernières années, notamment avec la révision du Code de la famille, la Moudawana. Le personnage de Touda montre vers quoi le Maroc pourrait tendre dans sa quête d’égalité.

Par A. Corte pour Bulles de Culture le 20/12/2024.

Nabil Ayouch

664 mots, temps de lecture 4 minutes.

Dernière modification il y a 7 jours.

État

Publier

Lien

Auteur/autrice

Commentaires

Révisions

3

Rechercher des catégoriesArchivesArchives filmsArchives programmesArchives réalisateursRéalisateursAilleursCinédébatDossiersA propos de…Anomalisa et le stop motionAu delà des MontagnesCitizenfourMasaanPeur de RienConférences1-L’image2-Le son3-Resnais_14-Resnais_25-L’adaptationFrançois_GrospironEvènementsFilms10ème film du programme1er film du programme2ème film du programme3ème film du programme4ème film du programme5ème film du programme6ème film du programme7ème film du programme8ème film du programme9ème film du programmeProchain programmeProgrammationUncategorized

Ajouter une étiquette

Séparez avec une virgule ou avec la touche entrée.

  • Article
Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs | Leave a comment

Nabil Ayouch

Né le 1er Avril 1969 à Paris

Franco-marocain

Réalisateur, producteur

Mektoub, Ali Zaoua Prince de la Rue, Whatever Lola Wants, Les Chevaux de Dieu, Much Loved, Razzia , Haut et Fort, Evrybody loves Touda.

Nabil Ayouch, cinéaste marocain connu ses films tels que Much Loved, Razzia ou Haut et Fort, revient avec Everybody Loves Touda, dans les salles le 18 décembre. Ce nouveau long-métrage suit le parcours de Touda, une femme rêvant de devenir une Cheikha, une artiste marocaine traditionnelle. Déterminée à briser les normes, Touda chante des textes de résistance, d’amour, et d’émancipation. Rencontre avec Nabil Ayouch et l’actrice principale Nisrin Erradi.

« J’aime explorer des personnages qui cherchent à se libérer des carcans sociétaux et à briser leurs chaînes »

Bulles de Culture : Nabil Ayouch, vos films mettent souvent en scène des personnages en quête de liberté dans une société marocaine encore marquée par le conservatisme. Est-ce une quête personnelle qui se reflète dans vos œuvres ?

Nabil Ayouch : Absolument, cette quête de liberté est à la fois une force motrice de ma vie et de mon cinéma. (suite…)

Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs | Commentaires fermés sur Nabil Ayouch

Programmation Janvier et Février 2025

Du 2 au 7 Janvier

OH, CANADA

Du 1° au 6 Janvier 2025
Du 2 au 7 Janvier 2025

De Paul Schrader – Etats-Unis – 1h35 – VOST
Avec Richard Gere, Uma Thurman
Festival de Cannes 2024 – D’après un livre de Russel Banks

A la fin des années 1960, Léonard Fife s’est réfugié au Canada après avoir fui les États-Unis pour ne pas participer à la guerre du Viêt Nam. A Montréal il de- viendra un cinéaste reconnu et une figure importante de la gauche en révélant plusieurs affaires de corrup- tion. Aujourd’hui alors qu’il est atteint d’un cancer in- curable, il décide d’accorder une ultime interview à l’un de ses disciples, Malcolm MacLeod afin de livrer tous ses secrets et de revenir sur sa vie.

Une confession filmée sous les yeux de sa dernière épouse…

Du 9 au 14 Janvier

JOLI JOLI

Du 8 au 14 Janvier 2025
Du 9 au 14 Janvier 2025

De Diastème 2024 – France – 1H57
Avec Clara Luciani, William Lebgil, José Garcia, Victor Belmondo

Dans un décor de carton-pâte qui nous plonge dans l’hiver enneigé de 1977, on suit avec délice les chas- sés-croisés amoureux de ces personnages, interpré- tés par un casting savoureusement éclectique qui a la bonne idée de toujours chanter juste. Car oui, ça chante, et pas qu’un peu ! Des chansons qui ne sont pas simplement là pour illustrer les états et les tourments de l’âme mais qui font avancer le récit et donnent évidem- ment grâce, rythme et piquant au propos.

Ambiance chemises à col pelle à tarte, Cinecittà, pattes d’eph et cinémascope, c’est le combo parfait pour cette comédie musicale virevoltante aussi colo- rée et lumineuse qu’un sapin de Noël qui clignote de mille feux. Vous croyez connaître la chanson ? Détrompez-vous, vous allez vous surprendre à fre- donner l’air de Joli Joli.

Du 16 au 21 Janvier

EVERYBODY LOVES TOUDA

Film de Nabil Ayouch – Maroc – 2024 – 1h42 – VOST Avec Nisrin Erradi, Joud Chamihy, Jalila Tlemsi…

Avec ce nouveau long, le réalisateur franco-marocain poursuit son travail de peinture de la société maro- caine contemporaine, au travers cette fois du portrait d’une femme libre rêvant de devenir une cheikha, une artiste traditionnelle qui chante la aïta, qui signifie «le cri» en arabe, mélopée subversive. Touda, fille de paysans, vit en province avec son petit garçon Yassine, sourd et muet, qu’elle élève seule. Pour gagner sa vie, elle chante et danse dans les bars, les fêtes de village, les mariages, sous l’œil goguenard et les mains bala- deuses d’une clientèle exclusivement masculine, sou- vent avinée. Elle nourrit l’espoir d’un avenir meilleur, mais maltraitée et humiliée, elle décide de tout quitter pour les lumières de Casablanca.

https://cinecimes.fr/nabil-ayouch-2/

SEMAINE DU 22 AU 27 JANVIER : FESTIVAL TÉLÉRAMA

Du 30 Janvier au 4 Février

HIVER A SOKCHO

Du 30 Janvier au 4 Février 2025

De Koya Kamura – France – Corée – 2024 – 1H24 Avec Bella Kim, Roschdy Zem

A Sokcho, petite ville balnéaire de Corée du Sud, Soo-Haa, 23 ans mène une vie routinière, travaille dans une pension désuète, a un petit ami, voit ré- gulièrement sa mère qui vend des poissons sur le marché. Elle est belle, énigmatique, a un regard mé- lancolique, une histoire qu’elle ignore en partie. Un client français, arrive dans la petite pension ou elle travaille : il vient pour dessiner, écrire une histoire par le dessin. Soo -Haa et cet homme vont, alors s’observer, se parler, marcher dans la ville enneigée : un lien singulier se tisse entre eux, et celui-ci per- mettra à Soo-Haa de se confronter a son histoire, de la comprendre, de quitter son regard mélancolique et de vivre et aimer vraiment.

Publié dans Archives programmes | Leave a comment

Programmation Novembre Décembre 24

Du 21 au 26 Novembre

Du 21 au 26 Novembre

CARLA ET MOI

De Nathan Silver – Etats-Unis – 1h51
Avec Jason Schwartzman, Dolly de Leon, Carol Kane

C’est au coeur de la communauté juive que se déroule la crise existentielle et mystique de Benjamin Gottlieb. Totalement abattu après le décès brutal de sa femme, Ben, chanteur dans une synagogue de l’Etat de New York, a perdu sa foi…et sa voix. Il est incapable d’aimer à nouveau comme de rechanter, dans un environnement qu’on va vite découvrir très éloigné de la famille juive traditionnelle et stricte. Il est dans un piteux état. Sa mère, mariée avec une femme d’origine philippine, veut le caser avec celle d’un rabbin très arrangeant sur les obligations religieuses. Il finit par retrouver goût à la vie suite à ses retrouvailles avec la professeure de musique de ses années de collège, qui pourrait avoir l’âge de sa mère. Celle-ci va lui demander de l’aider à préparer, tardivement, sa bar mitzva. Carla et Moi est une comédie douce- amère, aux accents d’Harold et Maud, portée par l’irrésistible humour juif et une profonde mélancolie. Il y a dans la mise en scène un parti théâtral rappelant le cinema des débuts de Woody Allen. Nathan Silver emprunte des chemins scénaristiques très décalés, où la réalité échappe à l’invraisemblance et au grotesque.

 

Du 28 Novembre au 3 Décembre

Du 28 Novembre au 3 Décembre

TROIS KMS JUSQU’A LA FIN DU MONDE

De Emmanuel Pârvu Roumanie – 2024 – 1H45
Avec : Bogdan Dumitrache, Ciprian Chiujdea, Laura Vasiliu

Récompensé par la Queer Palm à Cannes en 2024

A Tulcea, petite île du delta du Danube roumain, les traditions régentent la vie quotidienne. Alors quand Adi, 17 ans, promis à un avenir dans la Marine, est vu embrassant un jeune touriste, c’est «la fin du monde » ! A commencer pour ses parents, modestes et aimants, qui décident de « le guérir » malgré lui. Avec l’aide des institutions : police, médecine, Eglise, services sociaux…et en utilisant la corruption si nécessaire ! Et bien que l’homosexualité en Roumanie soit dépénalisée depuis plus de 20 ans ! La petite communauté en profite pour laver son linge sale en famille, chacun ayant ses raisons de s’arranger sur le dos du plus faible, dont le visage tuméfié tout au long du film fait office de pièce à conviction dérangeante, impossible à glisser sous le tapis. Pour l’acteur principal, le film est autobiographique, et il a vécu le tournage comme une expérience intense, mélange de plaisir et de souffrance.

https://cinecimes.fr/?p=6347&preview=true

 

Du 4 au 10 Décembre

Du 4 au 10 Décembre

TROIS AMIES

Film d’Emmanuel Mouret – France – 2024 – 1h57
Avec Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair, Vincent Macaigne, Damien Bonnard, Grégoire Ludig…

Nous sommes à Lyon, décor principal. Joan et Alice travaillent dans le même lycée. Joan, tiraillée, souffre de ne plus vibrer pour son compagnon Victor, professeur de français, mais se sent tenue par une exigence d’honnêteté. Alice, elle, assume une conjugalité dépassionnée tout en professant de jouer la comédie à domicile pour se prémunir de trop violents orages amoureux. Rebecca, la troisième, sort avec «Mr X», un homme marié dont elle dissimule l’identité, et pour cause puisqu’il s’agit du compagnon d’Alice… La mort subite de Victor dans un accident de voiture, qui laisse Joan inconsolable, va rebattre les cartes en amenant un nouveau venu au poste laissé vacant, un dénommé Thomas, auteur à succès…

 

Du 10 au 17 Décembre

Du 12 au 17 Décembre

LE ROYAUME

De Julien Colonna – France – 1h51
Avec Ghjuvanna Benedetti, Séverin Santucci, Anthony Morganti

Un Certain Regard à Cannes 2024

LE ROYAUME n’a rien d’un conte de fées. Son intrigue a beau se dérouler dans un cadre idyllique (la Corse), s’ouvrir par une rencontre qui flirte avec le mystique et suivre les règles de la tragédie, elle frappe d’abord et avant tout par son réalisme. En adoptant le point de vue de l’adolescente, témoin d’une histoire qui lui échappe, le maquis devient la toile de fond d’une relation père- fille, et la violence de ces vies est mise sur le côté pour laisser plus de place au film familial intimiste.
En cavale, Pierre-Paul n’est pas un père comme les autres, mais essaie de faire comme si. D’une scène de pêche à un mono- logue en voiture, ses différents faits et gestes montrent concrètement la vie de ces hommes qui ont embrassé la voie criminelle, avec tous les dommages collatéraux que cela implique.

 

Du 19 au 24 Décembre

Du 19 au 24 Décembre

GRAND TOUR

De Miguel Gomes avec Gonçalo Waddington et Crista Alfaiate. Portugal, France , Italie – 128 mn – VOST

Prix de la mise en scène à Cannes en 2024

En 1917, un fonctionnaire de la Birmanie britannique débarque à Rangoon pour y épouser sa fiancée. Ravisé, il s’enfuit le jour où il reçoit un télégramme d’elle annonçant son arrivée. Cette dernière part alors sur ses traces pour un «Grand Tour» improvisé de l’Extrême-Orient, en Thaïlande, à Singapour, au Vietnam, aux Philippines, en Chine, au Japon…Une superproduction ? Pas du tout,du cinéma réalisé avec 3 yens et 6 escudos, rudimentaire, mais riche d’imaginaire, assemblage de fiction d’époque reconstituée en studio et d’images d’archives de voyage que le réalisateur a tournées lui-même. Entre jungle luxuriante, villes et villages aux confins du monde, le film invite à un voyage rocambolesque, où passé colonial et présent se confondent. La galerie pittoresque de personnages, la musique des langues (le portugais, le chinois, le japonais,), le noir et blanc expressionniste, les jeux d’ombre et de lumière, les rimes visuelles concourent à créer un monde fascinant.

 

Du 26 au 31 Décembre

Du 26 au 31 Décembre

VINGT DIEUX

De Louise Courvoisier – France – 2024 – 1h30
Avec Clément Faveau, Maïwène Barthelemy, Luna Garret

Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros.
Ce film est présenté en sélection Un Certain Regard au Festival
de Cannes 2024. Par ailleurs, le film a été primé deux fois lors du dernier Festival du Film Francophone d’Angoulême, puisqu’il a reçu le Valois de diamant et le Valois des étudiants francophones, en septembre 2024. Il s’agit du premier film de Louise Courvoisier.

Publié dans Archives programmes | Commentaires fermés sur Programmation Novembre Décembre 24