Ciné Mont-Blanc
A ne pas rater !!
/!\ Le prochain Coup de Coeur Surprise aura lieu le Lundi 2 Juin 2025 à 20h00. A l’issue de la projection, nous vous proposons de partager nos impressions autour d’un verre.
Archives auteur : admincc
Programme octobre et novembre 2015
Du 8 au 13 octobre
MUCH LOVED
De Nabil Ayouch – France, Maroc – 1h48
Avec Loubna Abidar, Asmaa Lazrak, Halima Karaouane, Sara Elmhamdi Elalaoui …
Elles sont quatre princesses à vendre, dans les nuits de Marrakech. Noha, Randa, Soukaina, Hlima : de belles tornades brunes, tourbillons de strass, de jurons et d’énergie farouche. Quatre putains inséparables, seules contre tous, en butte aux honnêtes gens, aux bigots, à la famille qui prend l’argent « sale » des passes en se pinçant le nez. Sans compter les flics corrompus, et bien sûr les clients, tartuffes, prédateurs et frustrés imprévisibles… Une vie de paria, heurtée, marginale : c’est l’universelle « complainte des filles de joie », comme disait Brassens. Sauf que cette chronique électrisante s’enracine au cœur du monde arabe, dans une société qui réprime la pulsion, condamne le désir. Les prostituées doivent, ici plus qu’ailleurs, éponger les manques et payer le prix fort du mépris et de l’hypocrisie. Le réalisateur marocain Nabil Ayouch scrute son pays, ses violences et ses inégalités, comme il l’a toujours fait. Avec une acuité quasi documentaire, il nous immerge dans le quotidien tragi-cocasse de ses héroïnes.
Du 15 au 20 octobre
L’HOMME IRRATIONNEL
De Woody Allen- USA – 1h36 – VOST
Avec Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey…
Professeur de philosophie, Abe Lucas est un homme dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Il a le sentiment que quoi qu’il ait entrepris – militantisme politique ou enseignement – n’a servi à rien. Peu de temps après son arrivée dans l’université d’une petite ville, Abe entame deux liaisons. D’abord, avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite, avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. Si Jill est amoureuse de son petit copain Roy, elle trouve irrésistibles le tempérament torturé et fantasque d’Abe, comme son passé exotique. Et tandis que les troubles psychologiques de ce dernier s’intensifient, Jill est de plus en plus fascinée par lui. Mais quand elle commence à lui témoigner ses sentiments, il la rejette. C’est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès lors qu’Abe et Jill surprennent la conversation d’un étranger et s’y intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche une série d’événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais.
Du 22 au 27 octobre
LES DEUX AMIS
De Louis Garrel – France – 1h44
Avec Golshifteh Farahani, Vincent Macaigne, Louis Garrel
Deux hommes, une femme, combien de possibilités ? Les Deux Amis transpose l’intrigue romantique des Caprices de Marianne dans la grisaille réaliste du Paris d’aujourd’hui. Clément, un amoureux maladroit, demande à son meilleur ami, un séducteur, de l’aider à conquérir une jeune femme insaisissable. Mais Abel le « tombeur » succombe à son tour au charme de la belle Mona… Si l’argument est des plus banal, Louis Garrel parvient à lui redonner une certaine fraîcheur, par son habileté à créer la surprise. Le film multiplie avec brio les ruptures de ton. Louis Garrel ose d’étonnantes scènes de burlesque potache, allie la légèreté des situations à la gravité des sentiments, alterne tension soudaine et pauses contemplatives. Mais le vrai « plus » de ce film charmeur jusque dans sa modestie, c’est sa vision singulière de l’amitié. Un sentiment qui, pour L.Garrel, est aussi intense et peut-être plus complexe encore que l’amour.
Du 29 octobre au 3 novembre
THE LOBSTER
De Yorgos Lanthimos – Grèce – 1h58 – VOST
Avec Colin Farrell, Léa Seydoux, Rachel Weisz, Jessica Barden, Olivia Colman…
Dans un Dans un futur proche, en vertu des lois de la Ville, toute personne célibataire est arrêtée et transférée à l’Hôtel. On lui donne 45 jours pour trouver une partenaire. Faute de quoi le ou la célibataire sera transformée en l’animal de son choix, puis relâchée dans les Bois. N’ayant plus rien à perdre, un homme s’échappe de l’Hôtel. Il gagne les Bois où vivent un groupe de résistants, les Solitaires, et où il va tomber amoureux. Mais l’amour n’est pas autorisé chez les Solitaires…
Du 5 au 10 novembre
LIFE
De Anton Corbijn – USA – 1h51 – VOST
Avec Robert Pattinson, Dane DeHaan, Ben Kingsley, Joel Edgerton…
James Dean est mort il y a 60 ans. Life est le récit de sa rencontre avec le photographe Dennis Stock, qui nous a laissé ces emblématiques clichés de l’acteur, que nous avons tous vus. Stock, chasseur de vedettes complexé, mal dans sa peau se persuade que James Dean est la chance de sa vie. Il voit en lui la matière d’un reportage photos pour le prestigieux magazine Life. Le film fait brillamment le portrait des deux hommes, l’un en costume strict, incapable de légèreté, dévoré par son travail, l’autre incarnant l’Amerique « cool », le charme et vivant totalement dans le présent. Le cinéaste néerlandais se passionne pour la relation étrange qui lie un photographe et son modèle.
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Nabil Ayouch
1er Avril 1969 Paris
Franco-Marocain
Réalisateur, Producteur de cinéma
Mektoub, Ali Zaoua Prince de la Rue, Whatever Lola Wants, Les Chevaux de Dieu, Much Loved
Interview de Nabil Ayouch
Vos films sont très ancrés dans le monde contemporain. Dans Much Loved, vous abordez le sujet de la prostitution. En quoi vous semblait-il un spectre important pour parler du Maroc d’aujourd’hui ?
Je me suis toujours intéressé à ce sujet, pour la simple et bonne raison que le rôle tenu par ces femmes dans la société marocaine m’a toujours interpelé. Dans Ali Zaoua, prince de la rue, mon deuxième film, la mère de l’un des quatre personnages principaux est prostituée. Dans Les Chevaux de Dieu aussi… Le sexe est fondamental dans la société arabe, notamment la frustration qu’il génère et qui laisse très peu d’espace à l’amour pour s’exprimer, aussi bien dans la sphère privée que publique. Et, en ce sens, les prostituées servent de catalyseur, encore plus qu’ailleurs.
Pourquoi la frustration serait-elle plus importante dans les sociétés arabes ?
Je pense qu’il y a des environnements dans lesquels l’amour s’épanouit plus facilement que dans d’autres. Et dans le monde arabe, (suite…)
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Paolo Sorrentino
Naples, Italie
Réalisateur, scénariste
Les Conséquences de l’Amour, Il Divo, This must be the place, La Grande Bellezza, Youth
Vous saviez qu’aujourd’hui, les horloges atomiques du monde entier vont marquer une pause d’une seconde pour compenser le ralentissement de la rotation de la Terre ? La journée va durer 24 heures et une seconde.
Paolo Sorrentino : Les personnages de mon film et moi-même, nous sommes contents de vivre une seconde de plus.
Youth, c’est une sorte de suite de la Grande Bellezza ?
Pour moi, c’est plutôt l’opposé de la Grande Bellezza (suite…)
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Alice et Rose Philippon
Rose et Alice Philippon
Rose et Alice Philippon sont sœurs. Depuis l’adolescence, elles rêvent de réaliser des films ensemble. Rose est diplômée de la Fémis en scénario, Alice de Louis-Lumière en section photographie. En plus de son activité de scénariste, Rose a également publié un roman pour la jeunesse, La Fugue d’Alexandre Raimbaud, aux éditions Hélium. Alice a travaillé plusieurs années dans la photographie, et notamment aux côtés de Dominique Issermann. Les Bêtises est leur premier long métrage, dont le scénario a obtenu en 2012 le Prix Sopadin Junior – Prix Arlequin du Meilleur Scénario.
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Glossaire à destination des non-initiés
L’Inde, la plus grande démocratie du monde à être tournée vers l’innovation, est aussi l’un des plus anciens foyers de civilisation, ainsi que le berceau de plusieurs religions dont l’hindouisme (pratiqué par plus de 80% de la population), le jainisme, le sikhisme et le bouddhisme. La place de la religion dans la vie quotidienne est centrale. Elle régit, de la naissance à la mort, chaque étape cruciale de l’existence (par exemple le mariage) par le biais de codes, rites, rituels, cérémoniaux, basés sur un calendrier lunaire selon lequel l’astrologie détermine chaque activité. Le système sociétal est donc extrêmement complexe.
La hiérarchie rigoureuse, endogame, injuste puisque héréditaire, du système des castes (division de la population en classes) impose des lois intransigeantes qui déterminent la destinée professionnelle d’un individu dès sa naissance. La société hindoue se compose principalement de 4 castes associées à des catégories socio-professionnelles :
• la caste la plus élevée des Brahmanes, constituée de prêtres et d’enseignants • Kshatriya, dont dépendent des princes, rois et guerriers • Vaishyas, celle des commerçants et agriculteurs • les Shudras, ou caste des serviteurs
Enfin, 25 % de la population indienne fait partie d’une cinquième caste, celle des intouchables ou dalits (opprimés). Gandhi les surnommait Harijan, « les enfants du dieu Vishnu ».
La société a longtemps pénalisé les plus défavorisés en les cantonnant aux tâches les plus ingrates, telles que balayer les rues, nettoyer les sanitaires, laver du linge ou s’occuper des crémations. De quoi argumenter la lutte menée par la population concernée pour retrouver une dignité humaine. En légiférant sur l’abolition de cette stigmatisation, la constitution a pu apporter des éléments de réponse à cette injustice.
La hiérarchisation de la population est intimement liée au cycle de la vie et de la mort, ainsi qu’à la notion de réincarnation, qui fait partie des croyances fondamentales de l’hindouisme. Selon ces croyances, l’âme, après la mort d’un homme, prend la forme d’un autre être vivant. La réincarnation (sous forme animale, végétale ou humaine dans une caste plus privilégiée) est prédéterminée en fonction des actes menés par la personne au cours de sa vie antérieure, c’est-à-dire de son Karma. La délivrance ultime de ce cycle perpétuel est conditionnée par les diverses actions conduites durant la vie, et ne peut être accordée que par le tout puissant dieu Brahman qui lui seul a le pouvoir de briser le cycle des réincarnations.
Vârânasî la ville sainte, le Gange fleuve sacré et le ghat :
Mark Twain, célèbre auteur américain et indophile, disait de la ville sainte Vârânasî (renommée Bénarès par les britanniques), « Bénarès est plus vieille que l’histoire, plus vieille que la tradition, plus vieille même que la légende, et elle a l’air d’être plus vieille que les trois réunies ».
Vârânasî, centre d’études théologiques, l’un des 7 hauts lieux de pèlerinage pour la communauté hindoue, est citée dans les textes sacrés des épopées mythologiques « Mahabharata » et « Ramayana », écrits plusieurs siècles avant l’ère chrétienne. Selon la mythologie, le fleuve sacré Gange aurait pris sa source dans la chevelure d’un des principaux dieux hindous, Shiva, dieu de la destruction, de la création du nouveau monde, et seigneur des lieux de crémation. Il était alors normal que Vârânasî soit sous la protection du dieu Shiva. Pour tout croyant, le Gange symbolise le moyen d’ac- céder de son vivant à l’ablution, par le biais du bain sacré, puis un moyen de se purifier par la prière et enfin, sous réserve d’avoir mené une vie vertueuse, de se réincarner dans une caste supérieure grâce au rite de passage que constitue la crémation.
Le terme « ghat » désigne les escaliers aménagés qui mènent aux berges du fleuve sacré où ont lieu les baignades, les prières ainsi que les nombreuses crémations quotidiennes. Vârânasî compte environ une centaine de ghats aux noms diffé- rents ; on estime à environ 30 000 le nombre de crémations qui s’y déroulent par an. Un certain nombre de ghats sont la propriété privée de familles fortunées et de Maharadjas depuis plusieurs générations. Ces derniers les ont aménagés en construisant de somptueux édifices ainsi que des temples aux styles architectu- raux variés. Autour de ces pratiques religieuses s’est créée une véritable industrie qui a ses propres codes. La crémation, acte considéré comme impur, est une tâche exclusivement allouée à la caste des intouchables ou dalits.
Bonus Day :
Sur le ghat, la personne dont c’est le Bonus Day reçoit tous les gains générés par toutes les crémations du jour. Par exemple : disons que c’est mon jour de bonus et que vous êtes l’un des ouvriers sur le ghat. Si vous facturez 600 dollars pour incinérer un corps, 500 seront pour moi et 100 pour vous. Admettons qu’il y ait 100 corps incinérés ce jour, alors je récolte plus de 100X500 dollars de bonus. Ce jour de Bonus est une sorte de bien intangible, transmis au fil des ans. Ainsi, si j’ai 2 jours de bonus par an et que je pré- vois d’avoir deux fils, mes deux fils vont hériter d’un jour de bonus par an chacun. Telle est la logique du Bonus Day.
L’amour, l’adultère et les codes de la relation amoureuse au sein de la société hindoue :
Toutes les étapes de la vie d’un hindou sont régies par des règles imposées d’une part par les textes religieux, d’autre part par la société en tant que telle. Les actes de se marier, et même de s’aimer, doivent obéir à ces règles. Le flirt et les relations sexuelles hors mariage ne sont pas autorisés. Le mariage est arrangé par les parents avec un ou une prétendant(e) de caste similaire. S’aimer, avoir des relations sexuelles sont des choses envisageables une fois seulement que les deux personnes sont unies par les liens sacrés du mariage.
Bien que la société soit en pleine mutation, que la femme indienne moderne soit cultivée, ait fait des études, ait un métier et soit de plus en plus souvent financiè- rement indépendante, la question du mariage reste la même : les traditions ances- trales éclipsent toujours tout le reste, en imposant l’ordre moral.
Il apparaît donc tout à fait normal que les parents choisissent un(e) époux/ épouse à leur enfant, et que le jeune couple, alors parfaitement étranger l’un à l’autre, attende le moment du mariage pour consommer cet amour imposé. Transgresser ces règles conduit irrémédiablement à une sanction extrêmement lourde qui se traduit en pre- mier lieu par la notion du déshonneur vis-à-vis de la société, puis par le rejet de sa propre famille, et enfin par une mise à l’écart, véritable ostracisation qui conduit souvent au suicide, tant l’amour interdit reste associé à la souffrance et à la mort.
Internet, Facebook et autres sites de rencontres sont autant de moyens dont raffole la génération actuelle en quête de soi, dans un pays déchiré entre rêve de modernité possible grâce aux nouvelles technologies et poids de traditions millénaires, entra- vant l’émancipation des êtres humains en les privant de leur liberté fondamentale, les gardant prisonniers d’un cycle perpétuel et sans espoir d’échappatoire.
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Neeraj Ghaywan
Hyderabad, Inde
Scénariste, Réalisateur (courts métrages Shor et Epiphany)
Entretien avec Neeraj Ghaywan
Comment ce projet est-il né ?
Tout a commencé à l’époque où je travaillais en entreprise. Un ami m’a parlé des ghats de crémation à Bénarès, où les corps sont brûlés près de l’eau, selon la tradition. Il m’a expliqué que ceux qui brûlent les corps sont dépourvus d’émotions. J’ai immédiatement été fasciné par son récit.
Avez-vous aussitôt commencé à développer le scénario ?
Pas tout à fait. Il faut bien voir que j’ai fait des études difficiles pour obtenir mon MBA dans l’une des meilleures écoles de commerce du pays. Après coup, j’ai décroché un boulot très bien payé, ce qui a rendu mes parents très fiers de moi. Comme j’avais aussi envie de travailler dans le cinéma, j’ai intégré une maison de production (suite…)
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Alberto Rodriguez
11 mai 1971 (44 ans) à Séville
Espagne
Réalisateur et scénariste
Le Costard, After, Les 7 Vierges, Groupe d’élite, La Isla Minima
Entretien avec Alberto Rodriguez
La Isla Minima, comme votre précédent film, Grupo 7, se déroule au début des années 80. Pourquoi cette période vous fascine-t-elle tant ?
C’est le début de cette phase qu’on appelle chez nous “ la transición democrática ” (la transition démocratique) : les cinq années qui ont suivi la mort de Franco en 1975. Une période incontournable pour comprendre ce qu’est devenu le pays et pourquoi nous sommes tombés dans les mêmes travers.
J’avais dix ans lorsqu’a eu lieu la tentative de coup d’État militaire du 23 février 1981. J’en ai un souvenir assez flou, en fait. Je me souviens juste que le lendemain, on n’a pas eu école et qu’avec ma sœur, on a senti nos parents très nerveux. Ils ont même songé à fuir – on ne l’a su que plus tard. À la télévision, on voyait les tanks patrouiller dans les rues de Valence, ce qui a immédiatement rappelé de terribles souvenirs aux gens de leur génération. De fait, beaucoup de leurs amis ont pris peur et sont partis immédiatement en direction de la frontière. En laissant tout. Comme en 1936, au début de la guerre civile.
La première ébauche de votre scénario date de l’année 2000.
Sur quoi était-elle construite ?
L’élément fondateur du film, ce sont deux documentaires télé absolument passionnants et assez critiques, consacrés justement à cette période sensible. La transition nous a été vendue par les médias (suite…)
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Andreï Kontchalovski
Andreï Sergueievitch Mikhalkov
Oncle Vania
À bout de course
Riaba ma poule, Les Nuits Blanches du Facteur
Propos D’Andreï Kontchalovski autour du film
« Je suis heureux qu’un si « petit film » en termes de budget, trouve une résonance chez d’autres gens que moi-même et mon équipe de tournage. Peu m’importe qu’il gagne un prix, l’important pour ce film qui n’est pas un block buster, c’est qu’il intéresse les gens. C’était juste une idée qui a germé dans mon esprit. Sincèrement je ne peux pas en demander plus. »
« J’ai tourné ce film dans la région d’Arkhangelsk, au nord de Moscou. Je ne cherchais pas de beaux paysages, j’ai filmé là où habitait le personnage principal. Le facteur Aleksey Tryapitsyin existe réellement. (suite…)
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YOUTH
De De Paolo Sorrentino – Italie – 2015 – 1h58 – VOST
Avec Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz…
Fred et Mick, deux vieux amis approchant les 80 ans, sont en vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef d’orchestre, est désormais à la retraite. Mick, réalisateur, travaille toujours. Ils savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble. Ils portent un regard curieux et tendre sur les vies décousues de leurs enfants, sur la jeunesse flamboyante des scénaristes qui travaillent pour Mick, et sur les autres occupants de l’hôtel… Contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe. Tandis que Mick s’empresse de terminer le scénario qu’il considère comme son dernier film, Fred n’a aucune intention de revenir à la carrière musicale. Mais quelqu’un veut à tout prix entendre ses dernières compositions et le voir diriger un orchestre à nouveau. YOUTH se regarde avec un plaisir monstre: C’est un concentré de subtilité et d’humour. Une œuvre poétique d’une force incroyable, en même temps qu’une comédie délirante.
Sélection officielle du Festival de Cannes
Sur Allociné : Youth
Critique
Deux octogénaires. L’un, Fred, le chef d’orchestre (Michael Caine), est à la retraite. L’autre, Mick, le cinéaste (Harvey Keitel), pas. Le premier ne fait que refuser à l’émissaire stressé de Sa Majesté Elizabeth de diriger une composition dont semble raffoler le prince Philip. Le second prépare, avec des scénaristes dévoués, mais en panne, son film testament, qu’il compte tourner avec sa star aux deux oscars, qu’il a révélée, jadis. Ils se connaissent depuis des lustres, se retrouvent souvent dans cet hôtel de luxe au pied des Alpes suisses, dont Paolo Sorrentino fait, à la manière de Fellini, son maître, le symbole d’une société finissante, à la Satyricon.
Dans La Grande Bellezza, son film précédent — son chef-d’œuvre pour l’instant —, des mondains dansaient sur un volcan, comme des pantins sous électrochocs. Ici, ils sont au repos, en attente, presque sans défense. Un jeune acteur hollywoodien (Paul Dano), fan de Novalis et malheureux de devoir sa célébrité à un rôle de robot qu’il méprise. Un couple sombre et taciturne, mais qui exprime bruyamment sa sensualité dans les forêts alentour. Une Miss Univers moins bête que prévu. Sans oublier Maradona (incarné par un sosie), de plus en plus obèse et essoufflé, arborant, sur le dos, un gigantesque tatouage de Karl Marx…
Paolo Sorrentino va d’un personnage à l’autre, imaginant, autour de chacun, des saynètes révélant, en un éclair, la stupidité de l’un, la générosité de l’autre. Il observe ses héros avec la délectation d’un manipulateur, d’un entomologiste, d’un magicien. Il fait d’eux les pièces d’un puzzle invisible qu’il assemble peu à peu, presque à leur insu. Il y a de la hauteur dans sa démarche, de l’orgueil, aussi, et c’est précisément cette arrogance qui le rend détestable aux yeux de ceux qui n’aiment les cinéastes démiurges que lorsqu’ils sont morts (Welles, Kubrick, Hitchcock…). En fait, comme un grand moraliste, Sorrentino voit les gens tels qu’ils sont, mais les filme comme ils pourraient être — comme ils parviennent à devenir, parfois : le héros des Conséquences de l’amour rachetait sa vie ridicule par une mort honorable. Celui de La Grande Bellezza préservait, au cœur de sa dolce vita permanente, le souvenir d’un amour de jeunesse et, avec lui, sa pureté perdue.
Par instants, lorsque la petitesse domine, lorsque la vulgarité l’emporte, Sorrentino enrage. Il éructe. Ce n’est plus Fellini qui l’inspire, mais Robert Aldrich, dont les seuls mots d’ordre étaient, on s’en souvient : démesure, bouffonnerie et ricanements. Dans une scène tonitruante, que le cinéaste dirige avec une réjouissante brutalité, débarque une Jane Fonda grandiose, maquillée comme la Baby Jane d’Aldrich, venue expliquer au cinéaste à qui elle doit tout qu’il n’est plus rien : un dinosaure, un souvenir de cinémathèque, un crétin… Avec elle, durant quelques secondes, c’est la laideur qui triomphe. Alors que toute l’œuvre de Sorrentino tente, avec une ferveur qu’il arbore comme une oriflamme, de prôner et de prouver la survie de la beauté. Qu’elle soit tapie au cœur des villes (Rome dans La Grande Bellezza). Ou dans ces silhouettes faussement dérisoires que le cinéaste aligne de film en film : dans Youth, ce serait, évidemment, ce Maradona ventripotent qui, soudain agile, touché par la grâce, fait rebondir sur son pied une balle de tennis qu’il envoie de plus en plus haut, vers le ciel…
Pierre Murat – Télérama
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Les bêtises
De Alice et Rose Philippon – France – 2015 – 1h19
Avec Jérémie Elkaim, Sara Giraudeau, Jonathan Lambert…
François, enfant adopté qui vient enfin de découvrir l’identité de sa mère biologique, se fait embaucher comme extra dans la soirée qu’elle donne. Mais ce distrait timide et maladroit a du mal à tenir le rôle, il enchaine les erreurs et les « bêtises » et sème la désolation et le désordre. Les réalisatrices s’inspirent de Tati et de Chaplin pour faire évoluer ce clown lunaire et attachant, si bien interprété par J. Elkaim
Premier film.
Sur Allociné : Les Bêtises
Critique
Parce qu’il vient de découvrir, enfin, l’identité de sa mère qui l’a abandonné bébé, il se fait engager comme extra pour la fête qu’elle donne dans sa somptueuse villa de province. Hélas, à 35 ans, François (Jérémie Elkaïm, parfait en grand dadais lunaire) est le genre de type dont les lacets se coincent toujours dans les Escalator, qui emporte chez lui les dossiers que son patron, furibard, lui réclame d’urgence et qui, pour garder l’équilibre dans un bus, se raccroche non à la barre, mais à la tringle à rideau d’une passagère… Un tel zozo lâché en liberté dans une « party » appelle forcément les catastrophes. Les deux réalisatrices semblent contempler leur héros exactement comme les spectateurs : avec l’impassibilité de certains témoins devant les désastres à venir. Quand la fatalité est entre les mains d’un garçon pareil, semblent-elles nous dire, il n’y a plus rien à faire, sinon compter les secondes qui vous séparent du cataclysme. D’où ces gags qu’elles alignent avec une lenteur calculée, le temps de permettre à François de trouver un moyen de se surpasser encore dans son art de semer, autour de lui, le désordre et la désolation.
Par manque d’expérience, certains de leurs gags font pschitt. Alors, durant quelques instants qui semblent étrangement longs, le film fait du surplace. Mais les bonnes idées abondent : le fils alcoolique de la famille (Alexandre Steiger) qui trouve, paradoxalement, dans son ébriété permanente la lucidité qui manque à tous les sobres de son clan. La serveuse complice (Sara Giraudeau, délicieuse) dont le hoquet permanent cesse dès qu’apparaît le futur homme de sa vie. Sans oublier l’interprétation de la chanson qui donne son titre au film (« Je ne fais que des bêtises quand t’es pas là »), entonnée d’abord avec maladresse par François, mais qui, reprise en chœur par des convives en plein délire, devient un hymne à la gloire des timides et des maladroits, face à tous les fâcheux qui les cernent…
Ce qui séduit le plus dans ce film volatil, c’est l’originalité des deux sœurs débutantes. Loin de la facilité épaisse, de la vulgarité satisfaite de tant des comédies françaises actuelles, elles ont l’audace, elles, de miser sur Blake Edwards, pour le rythme, et Jacques Tati, pour le sens de l’espace. Elles sont loin de les égaler encore. Mais si la route est longue, le chemin est bon.
Pierre Murat – Télérama
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