Ciné Mont-Blanc
A ne pas rater !!
/!\ Le prochain Coup de Coeur Surprise aura lieu
le Lundi 2 Décembre 2024 à 20h 00.
A l’issue de la projection, nous vous proposons de nous rejoindre afin d’échanger vos impressions.
Archives auteur : admincc
Yolande Zauberman (La Belle de Gaza)
Avec la simplicité d’un mythe, elle fait le portrait de cinq femmes trans la nuit autour de cette rue Hatnufa qui est comme le chemin des Enfers. La nuit nous rapproche de ces cinq personnages en même temps qu’elle fait disparaître dans le noir la société dont la violence n’apparaît que dans les récits. Comme dans une danse, la cinéaste embrasse le visage de ces cinq femmes qui deviennent les seules habitantes de Tel Aviv.
On sent que les femmes que vous filmez n’avaient jamais été regardées de cette façon. C’est comme si l’intensité du regard que vous portez sur elle nous permettait de les voir vraiment.
Petite, alors que j’étais une enfant isolée et timide, les gens venaient me raconter leurs histoires. Le nombre de fois où j’ai entendu des vieux grecs me raconter leurs tortures par les colonels à l’époque en me disant : « Je n’ai jamais raconté ça à personne » ! J’ai cet accès à une parole que je cherche peut-être, mais sans le savoir, ou de manière muette. (suite…)
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Gloria!
GLORIA!
Margherita Vicario – Italie – 1h46
Nous voici donc en 1800 dans l’orphelinat et conservatoire pour jeunes filles de Sant’Ignazio près de Venise. Teresa (Galatéa Bellugi, vue récemment dans Chien de la casse, réservée et rayonnante à la fois) est une jeune femme mutique qui s’occupe du ménage dans les chambres des filles qui font partie de l’orchestre du prêtre Perlina, intendant et musicien en chef de l’orphelinat. Mais Teresa a l’oreille fine, une perception musicale bien à elle et lorsqu’elle entend les pensionnaires faire leurs vocalises ou répéter sur leurs instruments, le moindre son du monde qui l’environne vient prendre part à cette musicalité. Étendre le linge, couper les légumes, éternuer, récurer le linge au lavoir… Tous ces sons du quotidien s’accordent pour créer une véritable partition. Teresa observe beaucoup ces chanteuses et musiciennes, bien qu’à l’Église le dimanche, lors de leur représentation, elle ne semble avoir d’yeux que pour un petit garçon assis au premier rang…
C’est à l’issue de la messe que le gouverneur vient voir le prêtre Perlina, ancien maestro de renom et personnage profondément antipathique, pour lui demander de composer un concert pour la venue du nouveau Pape dans leur petite église ! Mais attention, il faudra proposer autre chose que les musiques un peu vieillottes et redondantes qui sont le menu de la messe dominicale, tel le sempiternel Gloria. Il apparaît bien vite que l’inspiration lui fait défaut et qu’il est bien incapable de s’acquitter de cette mission… Les filles de son orchestre s’en inquiètent et Lucia, premier violon volontiers pimbêche, voit bien là l’occasion de faire jouer ses propres compositions… Mais un pianoforte caché par Perlina dans une remise isolée de l’orphelinat va changer le cours des choses : Teresa le découvre par hasard et s’aperçoit que c’est l’instrument idéal pour exprimer enfin sa créativité et la faire éclater au grand jour…
C’est à l’issue de la messe que le gouverneur vient voir le prêtre Perlina, ancien maestro de renom et personnage profondément antipathique, pour lui demander de composer un concert pour la venue du nouveau Pape dans leur petite église ! Mais attention, il faudra proposer autre chose que les musiques un peu vieillottes et redondantes qui sont le menu de la messe dominicale, tel le sempiternel Gloria. Il apparaît bien vite que l’inspiration lui fait défaut et qu’il est bien incapable de s’acquitter de cette mission… Les filles de son orchestre s’en inquiètent et Lucia, premier violon volontiers pimbêche, voit bien là l’occasion de faire jouer ses propres compositions… Mais un pianoforte caché par Perlina dans une remise isolée de l’orphelinat va changer le cours des choses : Teresa le découvre par hasard et s’aperçoit que c’est l’instrument idéal pour exprimer enfin sa créativité et la faire éclater au grand jour…
De l’aveu de la réalisatrice, Gloria ! a l’ambition de montrer les conditions réelles de ces musiciennes à l’époque, bien que l’histoire soit parsemée d’écarts fantastiques et de sauts musicaux dans le temps. Il y a une réelle recherche rythmique, de nombreuses séquences ont été chorégraphiées et le résultat à l’écran fonctionne merveilleusement. De plus, assister à l’émergence artistique de ces jeunes femmes, à leur prise de pouvoir face à un vieux phallocrate boursouflé d’égocentrisme, est assez jubilatoire !
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programmation du 13 juin au 16 juillet
BORDER LINE
De Juan Sébastian Vasquez, Alejandro Rojas – 2024 – Espagne – 1h17 – VOST
Projetant de démarrer une nouvelle vie aux États-Unis, Diego et Elena quittent Barcelone pour New-York. Mais à leur arrivée à l’aéroport, la Police des Frontières les interpelle pour les soumettre à un interrogatoire. D’abord anodines, les questions des agents se font de plus en plus intimidantes. Diego et Elena sont alors gagnés par le sentiment qu’un piège se referme sur eux…Un formidable thriller psychologique.
JULIETTE AU PRINTEMPS
De Blandine Lenoir – France – 1h 36
Avec Izïa Higelin, Sophie Guillemin, Jean-Pierre Darroussin…
Une illustratrice traverse une dépression sans vraiment savoir pourquoi et retourne passer quinze jours dans la ville de son enfance où elle retrouve son père tête en l’air, sa soeur débordée par sa vie de famille, et sa mère expansive et séparée de longue date de son père. Reproduisant d’abord des non-dits habituels, Juliette va pourtant progressivement découvrir des secrets enfouis profondément dans sa mémoire…La direction artistique épouse à merveille l’univers tragi-comique du roman d’origine et donne lieu à une adaptation particulièrement émouvante.
L’ESPRIT COUBERTIN
De Jérémie SEIN,France -1h18.
Avec Benjamin Voisin, Emmanuelle Bercot, Ravildo Pawawi, Grégoire Ludig
Paris, Juillet 2024. Les espoirs de médailles tricolores reposent sur un athlète obsédé, lui, par son dépucelage… Une comédie olympique performante. Tout commence par un baiser surprise mais catastrophique : le jeune Paul, petit génie du tir, aurait pu participer aux JO précédents si sa coach, un peu trop enthousiaste, à la fin des qualifications, ne l’avait embrassé à pleine bouche, lui refilant une mononucléose ! Mais cette fois , ça y est, nous sommes 4 ans plus tard, aux JO de Paris et Paul devrait enfin devenir champion olympique. Il a intérêt, car après dix jours de compétition, il est le dernier espoir de la délégation française qui n’a réussi à monter sur aucun podium. Benjamin Voisin compose un impayable personnage de puceau effrayé par la sexualité et la vie en général. Les sportifs ne seraient-ils intéressants seulement quand ils gagnent ?
SALEM
De Jean Bernard Marlin Avec : Oumar Moindjie et Inès Bouzid France / 2023/ 1H43
Roméo et Juliette transposé à Marseille dans un décor de HLM et de terrains vagues …L’histoire se déroule en 2 temps. Djibril, jeune comorien, habite le quartier des Sauterelles (un quartier difficile de Marseille) et est amoureux de Camilla, qui elle est une gitane du quartier rival des Grillons…. Camilla est enceinte. Djibril voudrait qu’elle avorte, il craint une guerre des clans…Mais les 2 cités s’embrasent suite à l’assassinat d’un ami de Djibril sous ses yeux….La 2° partie se situe quelques années plus tard, alors que Djibril, âgé de 20 ans, se remémore son passé. Le réalisateur, césarisé pour Shéhérazade en 2018, filme cette fois la foi d’un jeune homme persuadé de déplacer les montagnes, voire de faire des miracles.
La belle de Gaza
De Yolande Zauberman- documentaire- 1h16
Tel-Aviv, la nuit, une silhouette croisée sur l’écran d’un portable, celle d’un jeune Gazaoui , on dit qu il aurait marche jusqu’à Tel -Aviv, pour devenir la femme qu’il savait être : voici le thème du nouveau documentaire de cette réalisatrice : arpentant la rue Hatnufa ( ou se pratique la prostitution), elle part à sa recherche, suit la trace de cette « belle de Gaza » , dont l’image floue sur l’ écran, autorise toutes les suppositions : elle capte les visages , les regards ou les corps en mouvement de toutes ces femmes : Toutes pourraient se reconnaitre dans cette figure entraperçue sur un trottoir. Yolande Zauberman, joue de sa caméra avec une liberté qui épouse la leur. Ce Documentaire flamboyant fait de beauté et de force, a été réalisé avant le 7 octobre 2023 …
https://cinecimes.fr/yolande-zauberman-la-belle-de-gaza/
GLORIA!
De Margherita Vicario
Italie, Suisse, 1h46, vost
Venise, au 18ème siècle. A l’institut Sant’Ignazio, tout le monde s’agite en vue de la visite du nouveau pape et du concert qui sera donné en son honneur. Teresa, jeune domestique silencieuse et solitaire, fait alors une découverte exceptionnelle qui va révolutionner la vie du conservatoire, le piano forte. Accompagnée d’un petit groupe de musiciennes, elle invente un nouveau style de musique.
https://cinecimes.fr/margherita-vicario-gloria/
ADAM CHANGE LENTEMENT
Film d’animation de Joël Vaudreuil
-Comédie dramatique-Canada-2024-1h36
Du mal-être adolescent… Adam est à 15 ans au moment ingrat de l’adolescence. Avec son dos courbé, ses grands bras ballants, son petit duvet et ses tee-shirts trop courts, il est une proie facile dans son lycée où dominent les mâles alpha… Le jeune homme complexé et gauche se métamorphose au gré des quolibets. « Grand torse » l’appelle-t-on méchamment. Alors son torse s’allonge. Sa grand-mère n’est d’ailleurs pas en reste de moqueries… Joël Vaudreuil dépeint dans ce film d’animation à l’humour noir féroce, mais touchant et singulier, le malaise et la dureté du passage à l’âge adulte.
SIX PIEDS SUR TERRE
De Karim Bensalah
France – 1H36
Karim Bensalah, a la bonne idée de situer son scénario dans un environnement de travail, disons inhabituel, à savoir des pompes funèbres musulmanes. Devenir ambassadeur des morts pour trouver un sens à sa vie, tel est donc l’enjeu de ce film , qui n’est pas sans rappeler le récent Dernier des Juifs de Noé Debré… Sofiane, fils d’un ex-diplomate algérien, plutôt apathique, poursuit ses études à Lyon, et se retrouve à chercher d’urgence un travail lorsqu’il fait soudainement l’objet d’une menace d’expulsion…Entre les fêtes, les rencontres et son emploi, Sofiane va se découvrir dans un parcours initiatique qui le conduira à construire sa propre identité et passer peu à peu vers l’âge adulte.
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Salem
Roméo et Juliette transposé à Marseille…
Le long-métrage se découpe en trois parties. La première se déroule quand Djibril a quatorze ans. Il est amoureux de Camilla et celle-ci tombe enceinte. Tels les Capulets et les Montaigus, les deux jeunes viennent de deux cités rivales, mais aussi de deux façons de vivre différentes. Djibril se retrouve partagé entre son amour pour Camilla et la guerre des cités. Lorsque l’un de ses amis meurt sous ses yeux, il prend des décisions qui vont le mener en prison.
Les deuxièmes et troisièmes parties se concentrent sur un Djibril adulte qui sort d’un hôpital psychiatrique 15 ans après les événements de son enfance. Il va rencontrer sa fille, Ali. Djibril veut la paix. Il ne veut plus d’une guerre entre les cités.
Une tragédie jusqu’au-boutiste
La troisième partie, la plus courte, prend le parti de changer de point de vue. Dans les deux premiers actes, nous avions le point de vue de Djibril, dans la dernière ce sera celui de sa fille Ali. Un changement qui redynamise le long-métrage pour apporter une conclusion. Au travers de cette tragédie, Jean-Bernard Marlin nous montre la vie quotidienne dans les quartiers Nord de Marseille, où tout est prétexte à la violence. Du côté de la réalisation, Jean-Bernard Marlin fait majoritairement dans le classicisme, avec surtout des plans fixes. Il gère aussi bien les silences. Beaucoup de scènes ont peu ou pas de dialogues. Il laisse ses images parler d’elles mêmes.
Des acteurs non-professionnels qui offrent des performances réalistes
Enfin, le casting est composé uniquement d’acteurs non-professionnels. Et, que ce soit les jeunes acteurs de quatorze ans (Dalil Abdourahim, Mohamed Soumare, Wallenn El Gharabaoui et Maryssa Bakoum) ou les adultes (Oumar Moindjie, Inès Bouzid, Amal Issihaka Hali et Rachid Ousseni), tous sont intéressants. Le réalisateur a su obtenir des performances extrêmement réalistes de ses acteurs.
Salem est donc une tragédie shakespearienne dans les quartiers Nord de Marseille qui fait mouche. Malgré une petite réticence sur un choix narratif, Jean-Bernard Marlin nous propose un second long-métrage avec de belles qualités. Entre mysticisme, transmission et réalité d’une guerre des quartiers son film fait clairement passer un message de paix, comme son titre l’indique (Salem signifie paix en arabe)
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Six pieds sur Terre
SIX PIEDS SUR TERRE
De Karim Bensalah
France 2024/ 1H36
Avec Hamza Meziani, Kader Affak
Sofiane, fils d’un diplomate algérien à la retraite, poursuit paresseusement des études à l’université de Lyon. Parce que justement il n’est pas assez présent sur les bancs des amphis lyonnais, il se voit frappé d’une décision administrative qu’il trouve injuste. Si il ne présente pas un certificat de travail dans les semaines qui suivent, il risque l’expulsion.
N’importe quel travail pour pouvoir rester en France. Un oncle qui est entrepreneur de pompes funèbre musulmanes à Roubaix se dit prêt à l’embaucher, mais famille ou pas, un certificat de travail se mérite et Sofiane doit faire ses preuves dans l’entreprise.
Sofiane qui toute sa courte vie a tout fait pour rejeter le communautarisme et la religion se retrouve à accompagner des familles musulmanes dans le rituel religieux le plus important pour un croyant.
Sofiane à la croisée des chemins, et lequel choisir. Au milieu des morts, c’est le chemin de sa propre vie qui l’attend.
Qui es-tu vraiment Sofiane ? Vaste question n’est-ce pas, puisque toi même tu n’en sais rien.
C’est l’histoire d’une réconciliation, celle d’un jeune homme avec sa famille et son histoire.
Plusieurs épreuves l’attendent, entre ses choix, ses renoncements et ses certitudes, Sofiane découvrira enfin qui il est.
Un très beau film tendre, à l’image de son sympathique héros et de tous les personnages attachants qui gravitent autour de lui. Une mise en scène simple au profit d’un scénario qui affronte vaillamment la mort, la vie, l’identité et la tradition avec intelligence et franchise. On n’avait pas vu cela depuis » Six feet under » la formidable série de Alan Ball.
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Border Line
BORDER LINE Film de Juan Sebastiàn Vásquez et Alejandro Rojas Avec Alberto Ammann, Bruna Cusì, Ben Temple… Qui n’a jamais senti son coeur palpiter en approchant d’un contrôle douanier dans un aéroport et à fortiori en arrivant aux Etats Unis ( ceux qui savent, savent). C’est un pays construit sur l’immigration, mais désormais au 21e siècle, la tâche n’est pas facile pour ceux voulant vivre « le rêve américain ». Alors qu’ils pensaient commencer une nouvelle vie grâce à une green-card, Diego et Elena voit la police des frontières stopper leur élan. Leur tort ? Diego est vénézuélien donc suspect automatique. Commence alors un thriller psychologique où la Police des frontières cherche à faire craquer ce jeune couple. Enfermés dans une pièce, tous les moyens sont bons pour les déstabiliser. La morale n’est plus qu’une variable facilement effaçable. Les interrogatoires s’enchaînent, et on commence à angoisser pour eux. Puis, on se met même à douter de leur honnêteté, comme si la Police avait réussi à rentrer dans notre tête. Avec ce film, Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas dénoncent avec force les méthodes plus que discutable des autorités américaines. Magistralement porté par 4 principaux acteurs plus vrai que nature et des décors encore plus criant de vérité, ce film vous tiendra en haleine pratiquement de bout en bout avec un dispositif proche de la pièce de théâtre mais tourné comme du grand cinéma ( les réalisateurs se revendiquent de Sidney Lumet). Le film est donc politique car le simple fait de choisir de raconter cette histoire l’est. Il parle des dynamiques de pouvoir, du harcèlement, des problèmes d’autorité, des endroits où vous pouvez soudain vous sentir extrêmement vulnérable selon vos origines…
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Juliette au printemps
JULIETTE AU PRINTEMPS
Film de Blandine Lenoir – France – 1h36
Avec Izia Higelin, Sophie Guillemin, jean Pierre Darroussin …
Juliette, 35 ans, illustratrice de livres pour enfants, retourne dans le lieu où elle a grandi pour passer quinze jours en compagnie de ses proches : un père un peu lunaire, une sœur qui a d’autres chats à fouetter entre ses gosses, son boulot, son falot de mari et son amant, une mère aux abonnés absents et une grand-mère qui perd la tête. Souvenirs enfouis, non-dits et secrets de famille remontent à la surface …
Il se dégage de ce film une vraie tendresse, une atmosphère douce amère, un humour subtil portés par de délicieux personnages composant une famille certes fantasque, mais ô combien attachante. Avec maladresse parfois, les hommes expriment leurs sentiments, et les trois générations de femmes leurs désirs de vie intense, d’indépendance et de liberté. Au travers des petits riens du quotidien, jamais banalisés, la trame de toutes ces vies se déroule, cherchant à se relier les unes aux autres, à assembler le puzzle de sentiments enfouis ou à évincer les fantômes du passé. Scénario ciselé, dialogues percutants, ambiance burlesque et poétique, interprétation remarquable , invitent le spectateur dans un univers évoquant parfois celui d’Alain Resnais ou du tandem Jaoui / Bacri.
Critique d’Evelyne Hamard Manet – Etoile Cinéma, Semur-en-Auxois
Blandine Lenoir revient ici avec une comédie douce amère sur une famille aussi fantasque qu’attachante. La bataille des femmes qu’elle nous a si bien narrée dans Annie Colère (2022) n’est pas si loin dans Juliette au Printemps, à une échelle certes plus intime, plus discrète, mais c’est bien l’indépendance et la liberté que les trois générations de femmes présentes veulent obtenir. Les hommes n’en tiennent pas moins une place importante, même s’ils sont taiseux et maladroits, à l’instar du géant Pollux que Juliette va croiser sur sa route et qui sera d’un grand réconfort. Nous sommes immergés dans une famille qui pourrait très bien nous rappeler la nôtre : toutes ces vies se déroulent en parallèle mais cherchent tout de même un moyen de se relier entre elles, que ce soit au travers des petits riens du quotidien ou au travers d’histoires qu’on a jusque-là soigneusement fait semblant d’oublier…
Le scénario est ciselé, l’ambiance est riche et changeante, au gré des humeurs et des sentiments, tantôt chaleureuse et émouvante, tantôt burlesque et poétique. L’interprétation est remarquable – chapeau à Sophie Guillemin, incarnant cette sœur, le personnage le plus riche du film, avec une impressionnante justesse, tant dans sa force que dans ses failles – et on quitte la salle avec un sentiment de tendresse pour toutes et tous ces humains fragiles qui nous ressemblent .
Critique UTOPIA Bordeaux
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Madame Hofmann
MADAME HOFMANN De Sébastien Lifshitz – France – 2024 – Documentaire – 1h44. Avec Sylvie Hofmann, , ses collègues, sa famille.
Sébastien Lifshitz raconte l’hôpital public à travers le portrait d’une infirmière fragilisée, sur le point de prendre sa retraite. Un documentaire brillant, tendre, et émouvant.
Tout débute par un rendez-vous chez un médecin. Sylvie Hofmann, cadre infirmière dans un service oncologique d’un hôpital des Bouches-du-Rhône et héroïne de ce documentaire – dans tous les sens du terme – a perdu l’ouïe. Suspicion d’AVC, surmenage, stress… Cette scène inaugurale donne le ton de ce qui va suivre : la dernière ligne droite, mouvementée, de Sylvie avant son départ à la retraite, au terme de quarante ans de bons et loyaux services dans le même établissement. Elle s’occupe des autres, avec acharnement, bienveillance et humilité. Toujours à l’écoute, le petit geste, la main chaude qui masse et apaise .Et si la mort rôde tous les jours dans les couloirs du service de soins palliatifs dont elle a la charge, c’est pourtant une incroyable pulsion de vie que filme le réalisateur. Une étincelle qui touche à la dévotion tant les soignants sont éprouvés dans leur pratique hospitalière. Autour d’elle, l’équipe de jeunes infirmières ne ménage pas ses efforts, personnalités bien trempées, tout comme le chef de service épatant. Et si Sylviedécidait de penser un peu à elle ? Partir à la retraite ? En a-t-elle le droit, mais surtout en a-t-elle vraiment envie ? « Mon cerveau, pendant 40 ans, n’a jamais été au repos » dit-elle. Toute une vie d’échanges riches à s’occuper des autres, dans son travail comme dans sa vie privée, indissociables l’une de l’autre. On imagine mal qu’elle puisse tout à coup ne penser qu’à elle-même, tant l’attention aux autres a donné à sa vie un sens fort.
Sébastien Lifshitz l’a suivie pendant un an. Et une fois encore le réalisateur d‘Adolescentes (2019), dePetite Fille (2020) et de Casa Susanna (2022) réussit un tour de force en mêlant longue et courte focale, collectif et individuel. En dressant un état des lieux de l’hôpital public tout en racontant cette femme sans filtre, roseau qui plie mais ne rompt jamais malgré les cancers à répétition de sa mère, celui qui la menace à terme, les soucis cardiaques de son compagnon, sa fille, et son rythme infernal au travail où la pandémie de Covid n’a fait qu’aggraver une situation déjà chaotique. Sa vie c’est courir. Le film est à son image : jamais désespéré avec, chevillée au corps, une foi dans les générations qui arrivent. Sébastien Lifshitz capte, comme à son habitude sans commentaire en voix off, ces scènes de groupes et d’échanges avec le mari ou la mère, toujours à bonne distance, et les mêle aux moments où Sylvie Hofmann se confie hors caméra et exprime tout ce qu’elle tait à son encontre : ses doutes, ses angoisses, ce stress qui la ronge… Incroyablement forte et pourtant si fragile. Le tout en seulement 1h44 après un nouveau travail virtuose de montage. Un tel film ne peut exister sans que le réalisateur ait su nouer une relation d’une rare empathie avec Sylvie, mais aussi avec tous les autres protagonistes : immergés dans l’intimité de ce service, jamais on ne sent la présence de la caméra. Les images sont toujours justes et la cohérence de l’équipe du film répond à la cohérence de l’équipe de soignants. .
A travers ses portraits documentaires, Sébastien Lifshitz tisse de l’extraordinaire dans l’ordinaire, célèbre l’être face à la multitude, et nous redonne, de film en film, une certaine foi en nous-même. Profondément humain et puissamment politique.
– Critiques de PREMIERE et UTOPIA –
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Programmation Mai Juin 2024
Semaine du 9 mai au 14 mai
YURT
De Nehir Tuna – Turquie, Allemagne, France – 2024 – 1h56 – VOS
Récit semi-autobiographique par Nehir Tuna du tournant de l’année 1996 en Turquie àtravers l’histoire d’Ahmet 14 ans envoyé dans un internat religieux par son père qui veut lui inculper pureté et droiture. Mais la particularité du quotidien d’Ahmet est qu’il fréquente le jour une école privée laïque où l’ambiance idéologique est très différente de celle du pensionnat et des études coraniques qu’il retrouve le soir. Laïcité le jour et Islam la nuit : le tiraillement de l’adolescent illustre la profonde division de la société turque qui a vu le jour au milieu des années 90, moment où le pouvoir islamiste s’est invité dans la vie politique et où des oppositions ont secoué le pays. Cette reconstitution d’une époque aux conséquences encore vivaces impressionne par son énergie et son ampleur sensorielle.
Semaine du 16 au 21 mai
LAROY
De Shane ATKINSON- États-Unis /France -1h52. Avec John Magaro, Steve Zahn, Dylan Baker.
Ray (John Magaro, à la mesure de son très grand talent), de nigaud, se transforme en tueur impitoyable. La trentaine bien tassée, il est un loser pathétique : sa femme le trompe assidûment, son frère le rabaisse constamment, et les employés de son magasin d’outils ne le respectent pas. Après une tentative de suicide ratée, l’antihéros va se transformer malgré lui en tueur comme les marginaux qui apprennent à vivre en communauté dans un pays miné par les inégalités sociales. Ainsi, la violence qu’il a subie, il la retourne avec éclat. Pour son premier long métrage, Shane Atkinson fait le choix plutôt malin de disposer d’un certain don pour le mélange des genres, réussissant à jongler sans effort entre les épisodes burlesques et de véritables scènes de terreur.
Semaine du 23 au 28 mai
MADAME HOFMANN
De Sebastien Lifschitz -France – 1H34 Documentaire
Le réalisateur suit pendant un an Sylvie Hofmann, infirmière cadre dans un service oncologique d’un hôpital des Bouches-du-Rhône. En dressant un état des lieux de l’hôpital public tout en racontant cette femme sans filtre, roseau qui plie mais ne rompt jamais malgré les cancers à répétition de sa mère, celui qui la menace à terme, les soucis cardiaques de son compagnon et son rythme infernal au travail où la pandémie de Covid n’a fait qu’aggraver une situation déjà chaotique. Le film est à son image : jamais désespérée avec, chevillée au corps, une foi dans les générations qui arrivent. Incroyablement forte et pourtant si fragile et documentaire profondément humain et puissamment politique.
Semaine du 30 mai au 4 juin
L’homme aux mille visages
De Sonia Kronlund -France-2024-1H30
Sonia Kronlund la réalisatrice a enquêté durant cinq ans sur celui que l’on appellera « Ricardo », un extraordinaire imposteur qui a séduit d’innombrables femmes à travers le monde, à chaque fois sous une identité différente. Il se fait appeler Ricardo, Alexandre, Daniel ou Richard. Il est tour à tour médecin, policier, photographe, ingénieur. Se dit Brésilien, Portugais ou Argentin.
La réalisatrice va retrouver les victimes de Ricardo. Certaines témoignent à visage découvert, d’autres sont incarnées par des actrices. Elle finira par rencontrer Ricardo…et alors le documentaire fait basculer « l’homme aux mille visages » dans une dimension insoupçonnée : il transforme le drame en facétie….
Semaine du 6 au 11 Juin
ETAT LIMITE
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YURT
YURT
Film de Nehir Tuna – Turquie, Allemagne, France – VOST -1h56
Avec Doga Karakas, Can Bartu Aslan, Ozan Celik…
Un beau garçon en uniforme de collégien se fait déposer par le bus scolaire à une fausse adresse. Une fois certain que personne ne le voit, Ahmet,14 ans, marche pour se retrouver devant la grille, barbelée, d’un yurt, un dortoir islamiste où il réside. Son père, bourgeois aisé converti depuis peu et tenant à imposer sa foi à son fils, l’a inscrit de force dans cet établissement coranique où l’enseignement se fait, bien souvent , à coup de ceinture. En revanche, le jour, Ahmet suit les cours d’un lycée privé aux valeurs laïques héritées d’Atatürk. C’est l’histoire, en cette année 1996, où les tensions politiques et religieuses sont au plus fort en Turquie, d’une adolescence coupée en deux, schizophrénique, heureusement sauvée par l’amitié et la force des rêves…
Dès les premières images, d’un noir et blanc majestueux, au son de violons romanesques, on sait que ce premier long métrage de Nehir Tuna va respirer le cinéma et que son esthétisme sera l’écrin d’un grand film d’apprentissage. Celui vécu par le jeune cinéaste lui-même, précisément dans les années 90, entre deux mondes antagonistes, avec, l’espoir, ténu, de la construction d’une identité. D’un côté, donc, les dortoirs coraniques surpeuplés, vétustes, selon une mise en scène attachée aux moindres détails, montagnes de vieilles godasses à l’entrée, prières collectives et brimades incessantes. De l’autre, la modernité, le drapeau national et l’obsession, pour Ahmet, de ne pas être démasqué par ses camarades.
Le jour, à l’école, l’adolescent ment ; la nuit, au yurt, il cauchemarde, seul moyen pour ce garçon obéissant d’exprimer sa violence rentrée. C’est d’ailleurs ce qui fait l’originalité de ce film lointainement cousin des 400 Coups de Truffaut : son jeune héros, lui, ne se rebelle pas. Bon musulman pour ne pas décevoir son père, mais aussi bon élève pour se construire un avenir. Sa douceur (superbe Doga Karakas, au regard tendrement opaque) va être remuée par Hakan, 17 ans, pensionnaire issu d’un milieu beaucoup plus pauvre, qui va l’aider à s’affranchir des règles. Moment magique : lors d’une fugue sensuelle des deux amis, le noir et le blanc millimétré laisse, soudain, place à la couleur, au désordre. Ce n’est pas un procédé mais, réellement, la liberté de la jeunesse, l’émancipation qui éclatent, maladroites et électrisées, avec un étonnant corps à corps seulement éclairé par des lampes de poche… Difficile, ensuite, d’oublier ce précipité de vitalité dans une chronique si précise et paradoxalement délicate sur les carcans idéologiques ;
Beau récit d’apprentissage et un tableau acide de la Turquie.
Critique Télérama de Guillemette Odicino.
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