Du 30/08 au05/09
REALITY
De Tina SATTER, Etats-Unis, 1h22, VOST, avec Sydney Sween
Josh Hamilton, Marchant Davis.
À partir de vrais enregistrements, la cinéaste érige l’interrogatoire de Reality Winner, lanceuse d’alerte sous Trump, en un féroc
thriller psychologique, fin portrait d’une jeune femme, film politique et un huis clos policier éloigné des clichés habituels.
Tout est stupéfiant dans ce condensé de l’Amérique post-11-septembre.
Le film retranscrit les dialogues sans nettoyer les scoriesde la conversation originale, ses plaisanteries et répétitions. Tout cela est porté par une Sydney Sweeney exceptionnelle dans lerôle de cette jeune femme à la normalité désarmante et sa manière de faire apparaître peu à peu ses ambiguïtés, ses zones d’ombre, sa complexité ; les travaux d’approche badins des enquêteurs dérivent peu à peu vers l’interrogatoire musclé et, face à eux, la suspecte reste indéchiffrable ; s’associe l’actualité de Trump sur le même sujet, et du coup l’invraisemblable paralysie de la justice américaine face à l’ex-président.
Du 07 au 12/09
LES TOURNESOLS SAUVAGES
De Jaime Rosales, 1h43, Espagne, vost
Avec Anna Castillio
Julia, incarnée par la lumineuse Anna Castillo, est une jeune femme moderne, indépendante, déjà mère de deux enfants qu’elle élève seule, sans pour autant renoncer à une vie amoureuse.
Orientant et organisant sa vie selon les désirs de l’homme qu’elle s’est choisi pour soleil, et qui chaque fois devient son « tournesol » . Trois prénoms masculins vont successivement scander le film, annonçant simultanément un règne et son caractère transitoire. Trois chapitres, comme autant de vies, autant d’impasses ou de chances explorées. Trois liens, trois climats, saisis avec sensibilité par la caméra d’Hélène Louvart. Face à trois types de masculinité parfaitement incarnés, Anna Castillo s’impose, dans chacune de ses émotions, comme la plus lumineuse des filles d’aujourd’hui.
Du 14 au 19/09
AMA GLORIA
De Marie Amachoukeli, 1h24 – France-Belgique
Avec Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno-Zego…
Qu’est-ce que la maternité si ce n’est avant tout un acte de bonté et un tas de regards qu’on échange avec amour ? Marie Amachoukeli révise le statut de mère à travers Àma Gloria, une délicate fresque d’une enfance qu’on a du mal à quitter. Elle convoque des émotions universelles et une mélancolie de l’enfance rarement capturée. Tout cela avec une mise en scène sans pathos, subtile, juste
Accompagnée de deux grandes figures de qualité, la cinéaste interroge la distance mère-fille au coeur d’une relation de sincérité, tout en rendant hommage à la nounou qui s’est occupée d’elle dans son enfance, Laurinda Correia.»
Du 21 au 26/09
FERMER LES YEUX
De Victor Erice – Espagne – 2023 – 2H49 VOS
1947, dans le Château de Triste le Roi, en France, un vieux juif de Tanger, majestueux et défait, fait venir, dans sa demeure un détective privé, pour retrouver sa fille disparue, avec sa mère chinoise, dans l’enfance à Shangaï…il s’agit d’un extrait d
film… Quelques minutes plus tard, en 2012, à Madrid, une autre scène s’ouvre sur un plateau de télévision de téléréalité : il s’agit de découvrir ce qu’est devenu un célèbre acteur (Julio Arenas), disparu, voici 20 ans, en plein tournage, du film dont l’extrait est celui vu un moment plus tôt. Ainsi les 2 récits, l’un fictionnel, l’autre réel vont se fusionner autour de de la figure de la disparition…Film sur l’identité, sur la perte d’identité, sur la célébrité, a été accueilli par une longue standing ovation au Festival de Cannes cette année et fait l’unanimité de la critique ce jour.
Du 28/09 au 03/10
LA BÊTE DANS LA JUNGLE
De Patric CHIHA, France, 1h43
Avec Anaïs Demoustier, Tom Mercier, Béatrice Dalle.
D’après Henry James (1903) mais transposé dans une boîte de nuit de 1979 à 2004, une oeuvre culte à nulle autre pareille.
John et May ont tissé des liens affectifs qui s’étaient dénoués. John refusait de s’engager dans le mariage, persuadé que sa vie n’était qu’en sursis parce qu’un évènement tragique et douloureux, tapi comme une bête dans la jungle, devait réduire à néant son bonheur et celui de ceux qui lui seraient attachés. Dix ans plus tard, May le croise de nouveau, et le convainc de reprendre leurs relations, mais sur une base amicale. Cette crainte de John évoque la découverte du psychanalyste anglais, Donald Winnicott, qui publie en 1974, «La crainte de l’effondrement», une angoisse qui a pris sa source dans une situation très douloureuse vécue peu de temps après la naissance, mais qui n’est pas mémorisée verbalement mais seulement émotionnellement. Ce passé est ignoré mais son émotion est projetée dans le futur. Il faut absolument éprouver sur grand écran cette expérience, hypnotique, conceptuelle et sensuelle, d’une vie mise entre parenthèses, du temps que May (Anaïs Demoustier) essaie de figer, alors que les années défilent sur la piste, la gestuelle des danseurs évoluant avec les époques (disco, new wave, techno…) C’est raconté au moyen de tout ce qui fait le cinéma : la lumière, la musique, le temps, le mouvement et le romanesque.
Du 5 au 11/10
DESERTS
De Faouzi Bensaidi
France, Belgique, Quatar, Allemagne, Maroc – 2H
Pieds nickelés marocains du surendettement, Mehdi et Hamid sillonnent en voiture et en costards cravates froissés le sud du pays. Leur mission : recouvrir pour leur agence les arriérés d’emprunts que n’ont pas honorés de pauvres bougres accablés par la misère et la sécheresse du désert, dans des villages de nulle part. Mêlant comédie et road-movie, le film prend un tour de western et même de quête initiatique lorsque les deux mercenaires désabusés, eux-mêmes mis sous pression, croisent la route d’un bandit de grand chemin.