Scénariste et réalisatrice écossaise, Eva Riley est née en 1986 et vit à Brighton. Son court-métrage de fin d’étude « Patriot » est sélectionné en compétition au Festival de Cannes. En 2016, elle écrit et réalise le court métrage « Diagnosis » qui lui vaut d’être repérée par Screen International.En 2019, elle réalise son premier long métrage L’Envolée. Eva travaille actuellement sur son second long métrage, « The Circle ».
Entretien avec la réalisatrice Eva Riley
Pourquoi L’ENVOLÉE comme premier long-métrage ?
Je voulais faire un film qui puise dans l’énergie de la jeunesse. Les nouvelles expériences, les incertitudes et la ténacité de l’adolescence sont les idées et les émotions qui ont guidé mon envie de premier long-métrage.
Pourquoi la gymnastique est-elle au cœur de votre film ?
Le mélange de prouesse technique et d’expression artistique qu’exige la gymnastique au sol m’intéressait particulièrement. Je me suis mise à regarder des chorégraphies au sol encore et encore, fascinée par le contraste entre celles qui fonctionnaient et celles qui ne fonctionnaient pas. J’ai cherché à comprendre plus en profondeur la confiance intérieure dont une gymnaste a besoin pour faire « chanter » sa chorégraphie avec émotion et expression. J’ai visité de nombreux clubs de gymnastique, assisté à beaucoup de compétitions. J’ai discuté avec des dizaines de jeunes gymnastes de leur relation à leur sport. Cela a été un processus essentiel pour l’écriture du film. Après ce travail de prospection et de recherche, nous avons saisi la nécessité vitale pour le film de trouver de vrais gymnastes pour interpréter le rôle principal et les rôles secondaires – plutôt que des acteurs qui auraient mimé des mouvements vides et isolés.
Que représente ce sport pour vous et vos personnages ?
Je m’intéresse à tous types de performances artistiques, que ce soit le chant, la danse, le fait de jouer la comédie ou de pratiquer la gymnastique. Dans tous ces cas, l’artiste doit à la fois avoir une base technique, mais aussi se laisser aller suffisamment pour puiser dans une émotion personnelle et laisser « chanter » sa performance. C’est ce qui différencie une performance ennuyeuse d’une performance émouvante. Les jeunes gymnastes sont souvent bloqués dans la pratique artistique de leur sport, trop anxieux ou trop préoccupés par leurs soucis sur et hors du sol de gymnastique. J’ai voulu explorer ce que l’on ressent lorsque, en tant que jeune artiste, on est empêché par ses problèmes personnels et comment, en faisant remonter ses émotions à la surface, on parvient à créer une performance éclatante. Leigh vit beaucoup d’événements perturbants avec la mort de sa mère, le peu d’intérêt que lui porte son père, et sa solitude. Au début du film, elle ne veut pas se permettre d’être triste, c’est trop effrayant pour elle. Elle n’est pas en mesure d’exprimer ses émotions sur le sol – et elle doit parcourir un long chemin pour y parvenir.
L’ENVOLÉE montre Brighton, dans une lumière très différente de ce que nous avons l’habitude de voir dans le cinéma anglais. Les grands logements sociaux gris et la pluie constante ont été remplacés par des paysages ouverts, ensoleillés, colorés et lumineux. Était-ce un choix délibéré ?
Oui, j’ai toujours voulu que L’ENVOLÉE soit ensoleillé, énergique et coloré, malgré la difficulté du sujet. L’adolescence est une période folle durant laquelle on vit chaque expérience à fond. J’ai exprimé cette intensité à travers mes personnages. Les alentours de Brighton m’ont beaucoup inspirée, je ne me serais pas vue tourner ailleurs, depuis que j’ai emménagé ici, je suis amoureuse de cette lumière. C’était le décor parfait pour cette histoire d’émancipation