Une femme iranienne

Une femme iranienne 3De Negar Azarbayjani – Iran, Allemagne – 2015 – 1h42 – VOST
Avec Ghazal Shakeri, Shayesteh Irani, Homayoun Ershad
Bien que Rana soit une femme traditionnelle, elle est forcée de conduire un taxi à l’insu de sa famille pour rembourser la dette qui empêche son mari de sortir de prison. Par chance, elle rencontre la riche et rebelle Adineh, désespérément en attente d’un passeport pour quitter le pays et ainsi échapper à un mariage forcé. Les deux femmes vont s’aider mutuellement. Premier long métrage de la réalisatrice, elle conte l’histoire d’une amitié improbable, en dépit des normes sociales et des croyances religieuses. Récompensé par de nombreux prix Une femme iranienne offre un aperçu de la société contemporaine en Iran.

Critique

Ce film, tourné en 2011, aborde avant tout le problème de la condition féminine en Iran, entre tradition , famille, désir de liberté, d’autonomie, de rencontres…. Mais il traite aussi le sujet des transgenres en Iran, et du regard sur eux de la société, qui nous surprend!
Rana est une mère de famille dévouée et pieuse, assez traditionnelle, qui prend le volant du taxi pour rembourser la dette de son mari emprisonné. Elle va transporter Adineh, riche rebelle et transsexuelle, qui fuit sa famille et un mariage forcé.

Ce film écrit au cordeau et magistralement interprété nous renvoie avec habileté l’incroyable vitalité de citoyens sous surveillance , acculés au mensonge, à la fuite … voire aux transmutations les plus inattendues.

Jafar Panahi nous le montre au cinéma depuis quelques semaines : on fait des rencontres étonnantes dans les taxis iraniens. Des secrets s’y révèlent, des disputes y éclatent, le chauffeur n’est pas toujours celui qu’il semble être. Dans Une femme iranienne, ce chauffeur n’est pas, comme dans Taxi Téhéran, un réalisateur en plein tournage, mais c’est tout de même assez surprenant : il s’agit d’une femme, Rana, qui a dû reprendre le métier lorsque son mari s’est retrouvé en prison pour dettes. Une envie de liberté chère au cinéma iranien et à ses héroïnes.

Negar Azerbayjani, réalisatrice quadragénaire, a réussi l’exploit de réaliser une œuvre sur les transgenres au pays des Shahs où l’homosexualité est bannie, réprimée et punie de la peine capitale, avec l’autorisation du ministère de la culture local. La réalisatrice évoque surtout un fait méconnu des Occidentaux. Dans la république islamique d’Iran, les intersexes, nés avec le tiraillement psychologique d’être mentalement d’un sexe autre que celui imposé par leurs corps, sont curieusement reconnus ! Ils peuvent subir une opération pour changer de genre. Probablement parce que tout vaut mieux que l’homosexualité …
Avec un souci de vérité documentaire, la réalisatrice dresse un parallèle entre ces deux destins de femmes iraniennes qui vont apprendre à s’entre-aider dans un monde qui impose le voile sur les chevelures féminines.
Avec des plans forts, notamment quand les corps disparaissent pour céder la place aux voix d’une narration témoin de la société iranienne, le film séduit. Il réaffirme les limites d’une société rigide où la liberté d’être subit le camouflet de la rigueur étatique et islamiste Croisant les regards sans préjugés ni manichéisme, ce premier long-métrage un peu banal sur la forme réussit son portrait ambitieux d’un Iran tiraillé.

Ce contenu a été posté dans Archives films. Mettre en favori.

Comments are closed.