Terre battue

Terre battueDe Stéphane Demoustier – France , Belgique – 2014 – 1h35
Avec Olivier Gourmet, Valeria Bruni Tedeschi, Charles Mérienne…

Jérôme, directeur commercial au chômage, décide de lancer son propre magasin de chaussures. Pendant ce temps sa femme s’enfonce dans la dépression, et son fils Hugo ambitionne de devenir champion de tennis. Comme son père il est prêt à tout pour arriver à ses fins. Destins croisés du père et du fils, l’un à la hausse, l’autre à la baisse, avec la même obsession de la réussite. Le réalisateur tend le miroir d’une société ultra-compétitive, qui n’accepte plus la défaite. D’où la tension sourde, la menace de dérapage fatal qui plane jusqu’au bout…

Critique

Tout le monde a l’air ému et le salue, comme pour le féliciter. En vérité, Jérôme (Olivier Gourmet), cadre quinqua toujours dynamique, vient de perdre son emploi. Il garde malgré tout le sourire, tient à faire bonne figure. Il a déjà en tête le projet d’une société qu’il aimerait monter, se bat pour trouver les fonds, quitte à franchir un peu la ligne jaune. Un personnage original, qui vibre pour la grande distribution et les zones commerciales.

Un personnage que Stéphane Demoustier, dans son premier long-métrage, traite avec une ambiguïté bienvenue — on a du mal à évaluer jusqu’à quel point il se fourvoie professionnellement. En revanche, à la maison, on en est à peu près sûr, cet homme trop affairé ne voit pas ce qui passe autour de lui. Sa femme ne partage plus son enthousiasme, s’éloigne. Et puis surtout, il y a son fiston, Hugo, 11 ans, qui joue très bien au tennis et qu’on pousse à devenir professionnel.

Au début secondaire, effacé, ce fils prend de plus en d’importance au fil du récit. Entre eux deux se joue quelque chose de passionnant, non pas un match qui les opposerait, plutôt deux courses en parallèle mais à distance, où l’on décèle du mimétisme, des résonances. A travers le tennis, le fils se cherche, attend un soutien de son père qui tarde à venir. Tout sonne juste dans ce malaise, cette absence de partage, ce décalage qui va jusqu’à rendre amères les victoires d’Hugo sur le court.

Les thèmes de la relation père-fils ne sont pas nouveaux, mais en choisissant le sport comme toile de fond, le réalisateur tend le miroir d’une so­ciété ultra compétitive, qui n’accepte plus la défaite. D’où la tension sourde, la menace de dérapage fatal qui plane jusqu’au bout…
Jacques Morice – Télérama

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