Respire

RespîreDe Mélanie LAURENT – France 2014 – 1h31
Avec Isabelle Carré, Joséphine Japy, Carole Franck, Lou de Laâge, Roxane Duran…

Récit d’une manipulation entre amies, cette seconde réalisation de Mélanie Laurent, ovationnée à la Semaine de la Critique à Cannes, frappe par sa justesse de ton et sa tension dramatique intense. Libre adaptation d’un premier roman d’Anne-Sophie Brasme, édité en 2001, la fascination de Charlie (Joséphine Japy) pour Sarah (Lou de Laâge), c’est avant tout le récit d’une apparente fusion. Charlie délaisse sa confidente Victoire (Roxane Duran) pour vouer un culte sans limite à Sarah, dont elle admire la liberté, l’indépendance d’esprit, et l’univers bourgeois qui semble lié à sa nouvelle amie.

Suspense psychologique habile sur l’emprise d’une lycéenne sur une autre.

C’est l’histoire d’une relation perverse entre deux lycéennes. L’une, Charlie (Joséphine Japy, dans son premier grand rôle), vit seule avec sa mère (Isabelle Carré, femme enfin), incapable de se défaire de son mari immature.
L’autre, Sarah (Lou de Laâge), est la “nouvelle” de la classe. Elle attire tous les regards, joue les dessalées, a tout vu/tout fait, sa mère travaille dans l’humanitaire… Une star, quoi. Charlie et Sarah deviennent très vite copines. Mais Sarah commence à devenir un peu envahissante, désagréable, écarte les anciennes amies de Charlie, qui fait de plus en plus de crises d’asthme. Qui est vraiment Sarah ?

On a déjà souvent montré au cinéma ce genre de relations de sujétion qui peuvent s’établir entre deux individus (Une étrange affaire de Pierre Granier-Deferre autrefois, les films de Jacques Audiard ou de Joachim Lafosse plus récemment). Mélanie Laurent s’intéresse moins à la prédatrice qu’à sa victime (la trop gentille Charlie), afin de créer une atmosphère quasi sadienne qui dépasse la simple ambiguïté maître/esclave.

Certes, tout cela ne nous éloigne guère des codes du cinéma français et baigne parfois dans des clichés psychologiques un peu faciles, mais Mélanie Laurent, dont les précédentes réalisations ne nous avaient pas convaincu, mène son film avec vaillance, sérieux, obstination, attentive à la forme, respectueuse de son sujet et du public.

Son film est bien écrit, bien dirigé, bien joué, il ne se la pète pas, et ce qu’il ose parfois (un travelling latéral très gonflé) fonctionne bien. Un bon travail d’artisanat.
par Jean-Baptiste Morain – Les Inrocks

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