12 novembre 1980 London, Ontario
Nationalité: Canadien
Acteur, réalisateur, producteur, scénariste, musicien, compositeur
N’oublie Jamais, Half Nelson, Blue Valentine, Crazy, Stupid, Love, Drive, Ganster Squad, The Place beyond the Pines, Only God Forgives, Lost River.
Notes du réalisateur
À plus d’un titre, ce film est le cadeau que m’ont fait les réalisateurs avec lesquels j’ai eu la chance de travailler ces dernières années. En tant qu’acteur, je suis passé des films profondément ancrés dans le réel de Derek Cianfrance à l’imaginaire de Nicolas Winding Refn. Je pense que j’ai oscillé entre ces deux extrêmes parce que ma propre sensibilité, en tant que réalisateur se situe quelque part entre les deux.
À l’occasion du tournage de Les Marches Du Pouvoir, j’ai découvert Détroit, une ville qui vit aujourd’hui à la frontière de ces deux réalités. Même si je n’y ai passé que quelques jours, cette ville m’a profondément marqué. Elle était au bord de la faillite. Il y avait là des quartiers désertés s’étendant sur une soixantaine de kilomètres et, dans quelques recoins de ces quartiers, des parents qui essayaient d’élever leurs enfants à deux pas de maisons incendiées ou démolies. Détroit est pourtant le berceau de la Ford T, de la Motown et de la classe moyenne américaine. À une certaine époque,
c’était même la carte postale du rêve américain, mais aujourd’hui, pour les familles de ces quartiers, le rêve s’est transformé en cauchemar. Mais il y a encore beaucoup d’espoir qui demeure là-bas. Il y a une conscience collective formidable à Détroit, elle mériterait qu’on s’en inspire. Ce qu’elle a été et ce qu’elle sera à nouveau un jour, demeure toujours vivace aujourd’hui. Je savais qu’il fallait que je fasse quelque chose là-bas. J’y suis retourné plusieurs fois l’année suivante, pour essayer de conserver une trace de ces quartiers avant qu’ils ne soient rasés ou détruits. J’ai commencé à inventer une histoire qui ne se déroulerait pas à Détroit mais à Lost River, une ville fictive au passé imaginaire. Des fragments de l’histoire me sont peu à peu apparu : une famille qui perd sa maison, un mystérieux secret dissimulé sous la surface… J’ai puisé dans les films fantastiques grand public des années 80 avec lesquels j’ai grandi, et j’ai passé ces références au prisme de la sensibilité que j’ai acquise depuis en matière de cinéma. Partant de là, l’histoire de LOST RIVER a commencé à se dessiner sous la forme d’un conte de fées sombre, avec la ville dans le rôle de la demoiselle en détresse, et des personnages semblables aux morceaux d’un rêve brisé, qui essayent de se reconstruire.
Un premier film
« J’ai voulu réaliser ce long métrage parce que c’est un film que j’aurais envie de voir. Comme beaucoup d’enfants qui ont grandi dans les années 1980, j’ai d’abord abordé le cinéma à travers des films grand public. J’étais enthousiaste à l’idée de tourner ce genre d’histoire, mais avec le langage de cinéaste que j’ai acquis depuis.»
« Ryan a été formidable », se souvient Christina Hendricks. « C’est son premier film, et nous avons eu quelques déconvenues : un jour,des pluies torrentielles, un autre, une caméra qui nous lâche… Dans ces cas- là, il prend les choses comme elles viennent et trouve immédiatement une solution créative pour surmonter les obstacles. Qui plus est, étant lui-même acteur, il donne des indications très utiles sur les personnages, et il sait comment parler aux comédiens. Je pense que tout le monde respecte vraiment sa vision,sa fantaisie, son entrain et sa créativité.»
Tous les acteurs du film s’accordent à dire que l’expérience de Ryan Gosling en tant qu’acteur a beaucoup contribué à créer une atmosphère sereine et un rapport de collaboration sur le plateau.«Il est très à l’écoute,il perçoit toujours ce que les autres ressentent et il connaît notre état d’esprit », précise Saoirse Ronan. «Il est bienveillant, très minutieux et il aborde les choses sous un angle original, ce qui me plaît beaucoup. De surcroît, il est calme, concis, et sa vision est personnelle et bien définie,ce qui ne l’empêche pas de laisser les autres apporter leur propre contribution », s’enthousiasme Matt Smith.
Ryan Gosling n’a toutefois jamais été tenté de jouer lui-même dans le film : « Cela n’aurait pas été très responsable de ma part, car le film est assez ambitieux. Il y a des tas d’acteurs qui deviennent réalisateurs, cela donne l’impression que c’est facile, mais il n’en est rien. J’avais déjà fort à faire en réalisant le film, je me suis dit qu’il valait mieux se concentrer là-dessus.»
Détroit pour incarner Lost River
La ville de Détroit est utilisée comme toile de fond pour la ville imaginaire de Lost River, et elle joue un rôle majeur dans le film. Ryan Gosling savait qu’aucune autre cité n’aurait pu exprimer aussi bien la désolation et la beauté irréelle de Lost River. « Certains films qui ont restitué l’atmosphère des années 50, comme The Outsiders ou American Graffiti, même s’ils ne se déroulent pas à Détroit, étaient très certainement influencés par ce qui s’y passait. Le film montre donc comment le rêve américain s’est transformé en cauchemar, tout au moins pour les gens qui vivent là-bas » explique le réalisateur.
Ryan Gosling a aussi pensé que filmer à Détroit permettrait aux acteurs d’ancrer leur interprétation dans la réalité. « Tourner à Détroit, laisser les acteurs se balader dans cette cité en ruines confère au film une authenticité qu’il n’aurait peut- être pas eu autrement », explique le réalisateur. « L’environnement fait tout. Lorsque nous étions en repérage et pendant le tournage, nous avons rencontré des habitants de ces quartiers, et ils font maintenant partie intégrante des scènes que nous avons tournées et de la trame de l’univers que nous avons créé. En réalité, il y a encore beaucoup d’espoir à Détroit. C’est pourquoi c’est le seul endroit où nous aurions pu tourner ce film. C’est une ville qui suscite créativité et inspiration, et j’espère que d’autres productions viendront tirer profit des talents et des opportunités dont elle regorge. »
Christina Hendricks confirme : « Détroit a été fantastique pour le tournage des scènes en extérieur. C’est une ville pleine de textures différentes, où une surprise surgit à chaque coin de rue, comme par magie ».
Saoirse Ronan ajoute : « C’est une ville pleine de personnages hauts en couleur, et leur implication a eu un véritable impact sur le film, en lui insufflant une grande part de réalisme. C’est une ville également très pittoresque. »
Entretien avec Christina Hendricks
Quelles ont-été vos premières impressions à la lecture du scénario ?
Je crois que la première chose qui m’a frappée, c’est à quel point le scénario était unique, à mille lieues de tout ce que j’avais pu lire auparavant, et à quel point il était capable de susciter immédiatement des images incroyables, ce qui n’est pas toujours le cas à la première lecture d’un scénario. Il dégageait déjà une atmosphère particulière, à la fois mélancolique et spectaculaire.
Qu’est-ce qui vous a attirée dans le personnage de Billy ?
J’ai eu envie de me glisser dans la peau de Billy, car c’est une femme formidable, une vraie battante, ce qui est toujours intéressant à jouer pour une actrice. Qui plus est, elle évoluait dans un environnement que je n’avais encore jamais exploré au cinéma, et elle avait deux fils… Il y a beaucoup de choses qui me plaisaient dans ce personnage, et qui étaient nouvelles pour moi, c’était très alléchant !
Pourquoi avez-vous souhaité raconter cette histoire ?
C’est avant tout l’histoire de Ryan. J’ai l’impression d’avoir contribué à la raconter, mais c’était surtout fantastique de pouvoir travailler avec lui. Il est tellement créatif, et il a une vision très claire de ce qu’il veut raconter. Je n’ai eu qu’à l’aider à concrétiser sa vision, à venir chaque jour sur le plateau et constater qu’il savait exactement ce qu’il voulait visuellement. C’était exaltant de faire partie de cette aventure, et de pouvoir raconter son histoire.
Parlez-nous du tournage à Détroit. Comment avez-vous trouvé la ville, et pourquoi pensez- vous qu’elle a été choisie comme cadre pour cette histoire ?
Détroit est un décor de cinéma formidable, c’est une ville qui a une âme, un grain incomparable, et qui regorge de surprises. La magie surgit à chaque coin de rue. Ceux qui ont visité Détroit vous diront que c’est une ville sans équivalent aux États- Unis. J’aurais aimé avoir assez de temps pour la découvrir davantage, mais j’avoue que nous avons surtout passé nos journées à travailler. Nous avons tout de même déniché des restaurants fantastiques, des petits endroits magiques, des salles de concert géniales… Dans l’ensemble, Détroit constitue une toile de fond merveilleuse pour le film.
Qu’espérez-vous que les spectateurs retireront du film ?
J’espère qu’ils auront l’impression d’avoir fait un rêve merveilleux. Pour moi, c’est ainsi qu’il faut le vivre : comme un rêve éveillé.
Notes de production