Michel Leclerc

Né à Bures-sur – Yvette, Franceleclerc                                                                                     Scénariste, réalisateur                                                                                                    Le Nom des gens, La Vie très Privée de Mr Sim

 

Entretien avec Michel Leclerc

Comment avez-vous découvert le livre de Jonathan Coe dont s’inspire le film ?

Baya Kasmi, ma compagne et co-scénariste, l’a lu en premier et m’a dit que cela me correspondait et qu’elle y retrouvait beaucoup d’éléments de mon univers et de mes obsessions. Elle m’a encouragé à le lire à mon tour, mais j’ai mis du temps à accéder à sa demande : je traversais moi-même une période très difficile, de deuil, d’intense remise en question et de départ vers d’autres horizons. J’ai fini par lire le livre dans l’avion qui nous emmenait à Florence où nous avions décidé d’aller vivre (où le scénario a d’ailleurs été écrit). Ce livre avait donc un écho très particulier avec ma propre vie, et découvrir cet homme qui avait tout perdu et qui était en plein questionnement, m’a bouleversé : je me suis totalement identifié à lui à ce moment. Puis, j’ai eu la chance de pouvoir rencontrer directement Jonathan Coe et de le convaincre d’accepter cette adaptation…

Qu’est-ce qui vous a convaincu d’adapter le roman pour le cinéma ?

Ce qui m’a convaincu, c’est que le protagoniste est certes un dépressif mais il désire ardemment remonter la pente : il ne cherche pas à s’enfermer en lui-même mais à se tourner vers les autres, il a un vrai désir de vie. C’est un genre de dépressif joyeux, ce qui est assez rare. Il y avait là matière à susciter des scènes de comédie dans son rapport aux autres. Sim annonce à qui veut l’entendre qu’il est en pleine dépression avec un grand sourire comme s’il disait « j’ai adoré ce que j’ai mangé ce midi ». Il a une candeur, une franchise qui me bouleversent. Par ailleurs, il y a une vraie évolution dans le roman qui commence dans un registre de comédie sociale pour parvenir à une dimension plus métaphysique. C’est un roman sur le désir de fuite, la tentation de Venise. On a tous envie de s’échapper, de quitter la civilisation pour aller vers des contrées désertes, d’être confronté au vide, à la nature, à son destin. On a besoin de métaphysique. Et j’y ai vu bien sûr une possibilité de cinéma.

Vous avez de nouveau coécrit avec Baya Kasmi. L’écriture à quatre mains s’est-elle passée de la même façon que d’habitude ?

Pas tout à fait. En général, notre écriture est le fruit de nos ruminations : l’un a une envie qu’il couche sur le papier (comme Baya avec Je Suis À Vous Tout De Suite), et puis on développe l’idée en ferraillant ensemble. Pour ce projet, j’ai commencé par effectuer un premier travail d’adaptation consistant simplement à mettre en exergue ce que je voulais garder du roman. Par la suite, on a beaucoup discuté ensemble des éléments qui rendaient le récit plus ou moins cinématographique : Baya a par exemple proposé certaines idées qui ne sont pas dans le livre et que j’ai intégrées au film (comme celle de l’épave du bateau à la fin).

Dès le départ, dans quelle direction souhaitiez-vous emmener l’adaptation ?

J’ai naturellement tendance à orienter la dramaturgie vers la comédie et, donc, je me suis autorisé à orienter certaines séquences du roman vers l’humour, néanmoins déjà très présent dans le texte initial. Dans le livre, le protagoniste est beaucoup plus seul qu’il ne l’est à l’écran : la partie du dialogue avec son GPS y est plus développée et je me suis dit que cela risquait d’être difficile de la transposer telle quelle, car il pouvait y avoir là quelque chose de mécanique. J’avais davantage envie de développer les relations de Sim avec son ex-femme et sa fille : nous avons ajouté des scènes, comme l’escapade avec sa fille, ou la séquence avec le dentiste, qui n’existent pas dans le livre. De même, s’agissant du flash-back sur le père dans les années 50, le film garde le squelette de l’intrigue, le thème de la grande histoire d’amour ratée, mais la narration et le contexte s’en éloignent. Dans le livre l’histoire se passe dans le milieu de la banque à Londres. Pour autant, j’ai voulu préserver la sensibilité du livre, le ton tragi-comique et la construction en puzzle : il s’agit de l’histoire d’un homme qui prend des chemins de traverse et qui finit par retrouver sa route en se perdant. D’où ma volonté, dans la seconde moitié du film de désorienter le spectateur comme le personnage l’est.

C’est aussi un parcours initiatique inhabituel pour un personnage de cet âge, qui prend la forme d’un road-movie, dans l’espace et dans le temps…

C’est un roman de la deuxième ou de la troisième chance et j’y suis très sensible. Au bout du compte, comme je le disais, Sim, à force de se perdre, finit par se trouver : on a le sentiment que le film se clôt sur un personnage qui va mieux qu’au début, après être passé par de très sales moments. Il n’est jamais trop tard, semble suggérer le film, et il parvient à se libérer des névroses familiales : Sim a de grandes difficultés de communication avec son père, dont on comprend peu à peu l’origine, et qu’il parvient à dénouer. C’est évidemment la clé de cette histoire qui parle des échos d’une génération à l’autre, des secrets et des non-dits, mais également des erreurs familiales que Sim parvient à ne pas reproduire. Il n’y a donc pas d’âge pour se libérer d’un poids inexplicable qui pèse sur nos épaules. C’est pour cela que l’image de la carte routière est importante dans le film puisqu’il est question de chemins de traverse, d’itinéraire bis : toute l’éducation de Sim lui a dicté de suivre une voie qu’il a scrupuleusement empruntée jusque-là et à un moment donné, parce qu’il est en rupture avec son travail et avec sa femme, il décide de ne pas suivre le GPS de sa vie. En prenant cette décision, il trouve son chemin.

L’itinéraire de Donald Crowhurst, qui se laisse dériver, fait bien entendu écho à celui de François.

Je ne connaissais pas cette histoire avant de lire le roman. En finissant le livre, je n’étais pas sûr que ce soit une histoire vraie : j’ai vérifié et je me suis rendu compte qu’elle était assez connue. Une de mes surprises a été de m’apercevoir qu’il existait beaucoup d’images d’archives de ce navigateur et que la BBC lui avait confié une caméra 16 mm pour qu’il se filme à bord. On disposait donc d’un matériau brut extraordinaire qui constituait un parallèle cinématographique inouï avec le parcours de Sim.

Vous tournez en dérision beaucoup des outils de communication de la société contemporaine.

Le film parle aussi de l’ultra-moderne solitude, en ce sens là, il a une dimension politique. Sim est au fait des moyens de communication actuels : il parle de ses amis sur Facebook, il dialogue sur Skype, il est constamment connecté. C’est une époque où on a multiplié les moyens de communication et, très paradoxalement cela semble favoriser l’isolement de chacun. Au fond, ce personnage est d’une extrême solitude, ce qui rend le parallèle avec ce navigateur au milieu de l’océan, qui lui était vraiment dépourvu de tous moyens de communication, très fort. On vit tous dans une sorte d’océan de communication et on se retrouve seul face à nos écrans. Et puis l’obsession des marques, on est tous cerné, suivi, envahi par les marques, et nous avons tous un rapport ambivalent à elles. Sim (comme moi d’ailleurs) est d’un côté rassuré de retrouver les mêmes marques où qu’il aille, les mêmes menus dans les mêmes chaînes de restaurants, les mêmes chambres dans les mêmes hôtels… mais d’un autre côté cette uniformité est aussi une source diffuse d’angoisse, l’impression d’être dans une prison à ciel ouvert, quel que soit le nombre de kilomètres parcourus, on a le sentiment d’être au même endroit, entre un Léon de Bruxelles et un Hôtel Ibis. Et le monde finit par ressembler à une gigantesque zone commerciale.

Il croise aussi sur sa route plusieurs personnages qui sont comme autant de « bonnes fées ».

Le protagoniste tient un peu du « raseur », et j’ai une vraie tendresse pour les raseurs. Sim est le premier à se persuader qu’il est un type ennuyeux (au point de croire qu’il est capable de tuer quelqu’un en lui parlant). Mais en fait, il est moins ennuyeux qu’il ne le pense, il est curieux, il a un esprit d’observation, il peut se passionner pour des choses dérisoires aux yeux des autres, comme d’une cloche en plastique pour garder les plats chauds. Ses interlocuteurs ont une certaine bienveillance à son égard : Caroline, son ex-femme l’engueule quand il embarque sa fille, mais on sent qu’elle garde une tendresse pour lui, Samuel (Mathieu Amalric) est ému par lui, tout comme Luigia, le personnage de Valeria Golino, qu’il n’a pas revu depuis des décennies. Il rate tout ce qu’il entreprend mais on ne lui en veut pas. On a le sentiment que chacun lui chuchotte à l’oreille : « ça va aller, cherche ta voie » en tâchant de le consoler, comme un enfant perdu qu’on a envie de prendre dans ses bras. À cet égard, le film est vraiment une tragi-comédie, l’humour comme politesse du désespoir : on a constamment peur que le personnage ne fasse les mauvais choix et ne s’en sorte pas et, du coup, on a envie de le sauver.

Le personnage de Samuel incarne une lueur d’espoir.

C’est l’un des rares qui perçoit la détresse et l’extrême sensibilité de Sim. Dès le départ, au cours du dîner où ils se rencontrent, il est non seulement bienveillant, mais il sait ce qu’il ressent : il comprend son désespoir et il se dit que l’histoire du navigateur peut l’aider à vivre. Il est lucide sur lui, peut-être plus que Sim lui-même. On peut même penser que le personnage de Poppy (joué par Vimala Pons) est un agent bienfaiteur car c’est elle qui met volontairement Samuel sur le chemin de Sim en pensant que son oncle pourra l’aider.

Comment avez-vous pensé à Jean-pierre Bacri ?

Maintenant, quand j’écris un scénario, je m’astreins à ne penser à aucun comédien, car quand on écrit avec quelqu’un en tête, cela peut s’avérer trop déceptif si le comédien refuse le rôle, et faire le chemin à l’envers pour retrouver du désir pour un autre comédien est très difficile. Cela dit, comme tout le monde ou presque, j’adore Jean-Pierre, depuis très longtemps et ce n’est d’ailleurs pas la première fois que je lui propose un rôle dans un de mes films, ce qu’il avait refusé jusque-là. Il a d’un côté cette pudeur et de l’autre cette fragilité, cette part d’enfance qui affleure, et plus il vieillit, plus on lit la moindre émotion sur son visage, son moindre battement de cil parle. Par ailleurs, j’ai le sentiment que ce rôle-là pouvait l’amener vers autre chose : le film commence sur un Bacri plus habituel et évolue vers un personnage courtois, affable avec les autres, et surtout vulnérable. Je crois que dans ce rôle il a livré une vulnérabilité qu’on n’avait pas vraiment vue jusque-là. Certes, il avait déjà joué des dépressifs, mais Sim est un homme sur le fil du rasoir, parfois aux confins de la raison et je sens que Jean-Pierre a du chercher loin pour jouer certaines scènes. Dans le film, Jean-Pierre est présent dans la quasi totalité des plans et il nous fallait un comédien qu’on ne s’ennuie jamais de regarder : pour moi, La Vie Très Privée De Monsieur Simest une sorte de documentaire sur le visage de Jean-pierre Bacri. Et j’ai pris un plaisir énorme à le filmer.

Quel genre d’acteur est-il ?

Il est évidemment très sensible au texte, et pendant la préparation, j’ai senti que le choix des mots était capital pour lui, à la virgule près. Par exemple, dans le journal de bord de Crowhurst, la dernière phrase était « It is the mercy » et j’avais indiqué dans le scénario« Soyez miséricordieux ». Jean-Pierre préférait
« Ayez pitié » car pour lui le terme « miséricordieux » était trop connoté religieusement par rapport à son désespoir. Il m’a convaincu. Une fois ce travail de préparation effectué, il est très souple sur le plateau et constamment à l’écoute, notamment de ses partenaires. Je crois qu’il s’est produit un déclic, quand, ensemble, on s’est dit que ce personnage était sans défense, candide comme un enfant qui a envie de se faire aimer : cela a résonné chez lui et à partir de là il a trouvé la ligne du personnage.

Il ne s’est sans doute jamais autant mis en danger que pour ce film.

Dès lors qu’il s’est senti en confiance, il était prêt à aller très loin. Par exemple, dans la scène où il chante une chanson de marin, on sent que Sim est aux confins de sa propre raison : je lui avais demandé de chantonner quelque chose et c’est lui qui a eu l’idée de cette chanson de marin. De même, jouer avec un GPS n’était pas évident : donner la réplique à une machine en nous faisant croire qu’il parle à quelqu’un est très complexe. Jean-Pierre est un être pudique et élégant, et tout le travail a consisté à lever ses réserves pour l’amener vers un peu moins de pudeur mais toujours autant d’élégance.

Parlez-moi des seconds rôles.

Quand il a fallu trouver une femme que Sim a connue jeune et qui garde tout son pouvoir de séduction trente ans après, je me suis tout de suite fixé sur Valeria Golino, ce qui a introduit une dimension italienne qui n’existait pas dans le scénario. Elle est absolument formidable de sensualité et d’humour, et, quand on la retrouve tant d’années après, toujours aussi belle. Le contraste est saisissant entre elle, dont on suppose qu’elle a eu une vie protégée et Sim qui ne s’est pas ménagé. Je connaissaisIsabelle Gélinas grâce à je la série Fais Pas Ci, Fais Pas Ça. Elle incarne la femme contemporaine, indépendante et libre, dans la vie. Ce qui laisse supposer que ce n’était pas facile pour elle de vivre avec quelqu’un d’aussi à côté de la vie que Sim. Pour Samuel, dans le peu de scènes qu’il y a, il me fallait quelqu’un qui dégage un pouvoir d’attraction immédiat : Mathieu Amalric s’est imposé. Quand il parle, il donne une telle intensité à ses propos qu’on ne peut que l’écouter. C’est lui qui porte le récit du navigateur et on devait l’écouter. Et sa voix, comme celle de Valeria Golino, porte une sensualité immédiate. Or Sim est sensible aux voix, et le casting est aussi un casting de voix. Vimala Pons venait de tourner avec Baya. Elle a quelque chose de particulier, comme une forme de beauté comique assumée qui me touche. Elle a fait du cirque et elle sait rendre son corps burlesque, dans sa démarche, dans un geste, dans une expression, ce qui est assez rare.

Et pour les scènes de flash-back dans les années 50 ?

Je voulais qu’on soit cueilli par cette histoire entre le jeune père de Sim (joué parVincent Lacoste) et Francis (joué par Félix Moati) et que les comédiens donnent tout de suite une véracité dans le peu de temps imparti. Je suis très proche de Félix Moatidepuis Télé Gaucho et je trouve qu’il est fait pour jouer des rôles flamboyants, avec de l’insolence et de la morgue. Bien entendu, le contraste est intéressant avec Vincent Lacoste qui est plus pudique et qui a un jeu plus intériorisé. Il y a quelque chose de très complémentaire entre eux et ce n’est d’ailleurs pas étonnant qu’on les ait déjà vus ensemble au cinéma. Et puis je savais qu’ils étaient très amis dans la vie et l’idée de les faire se rouler des pelles m’amusait.

Comment avez-vous travaillé l’image avec Guillaume Desfontaines ?

On a d’abord choisi le format scope, c’est un film dans lequel il était important d’inscrire le personnage dans l’espace, ce qui se passe autour de lui dit ce qui se passe en lui. On a beaucoup parlé ensemble d’une première partie qui se passe dans la « France moche », la France des ronds-points absurdes, des zones industrielles et des zones commerciales infinies, qui se ressemblent toutes, mais aussi des centres villes où l’on retrouve la même zone piétonne avec les mêmes enseignes. Il fallait d’abord inscrire le personnage dans cet espace-là : Sim fréquente constamment les mêmes chaînes d’hôtels et de restaurants et il est véritablement cerné par les enseignes publicitaires. Nous nous sommes dit que même lorsqu’on filmait de l’intérieur – d’un restaurant par exemple –, il fallait qu’on aperçoive les enseignes à l’extérieur.

Dans la seconde partie, le film s’épure et sort de cet espace saturé par les marques pour évoluer vers un espace plus vierge, les mouvements de caméra deviennent plus amples, le cadre s’élargit.
La lumière entre dans le film, jusqu’à l’arrivée du personnage dans un blanc immaculé où il se perd littéralement. Enfin, je voulais que le film s’achève sur un épilogue « hollywoodien », saturé de soleil, au bord de mer, tellement chromo qu’on peut légitimement se demander si on est encore dans le réel ou dans le fantasme.

Plusieurs scènes se déroulent en voiture. Comment les avez-vous abordées ?

Tout réalisateur qui tourne un road-movie (le film l’est en partie) se pose cette question et on y a énormément réfléchi avec Guillaume. On s’est notamment demandé comment mettre en scène les séquences avec le GPS et comment faire de ce dernier un personnage. Au début, la caméra filme souvent Sim depuis le capot, ce qui est plutôt banal, puis elle traverse le pare-brises et adopte le point de vue du GPS qui devient pour Sim quelqu’un à qui il parle et qui finit par lui répondre. Par ailleurs, on a aussi essayé de traiter l’habitacle comme un cocon, où Sim se sent protégé du reste du monde. Sa voiture est hybride et nous avons été attentif aux sons ouatés d’une voiture électrique. Un silence enveloppant qui progressivement devient oppressant.

Vous mêlez plusieurs supports d’images.

Absolument. Les magnifiques images d’archives de Crowhurst donnent une dimension atemporelle au film et nous permettent de glisser dans une autre époque. Les flash-backs de la jeunesse de Sim et ceux sur son père possèdent une tonalité plus douce qui nous plonge dans les années 50 et 70. Le film est construit comme un puzzle visuel où on passe de la grisaille des zones industrielles d’aujourd’hui à l’absolue nostalgie d’un bord de rivière passé avec une jolie fille en maillot de bain… J’aime ces allers et retours. On se perd dans l’espace comme on se perd dans le temps.

Est-ce un tournage inhabituel pour vous ?

Oui, car c’est la première fois que je tourne aussi longtemps en dehors de Paris. On a entamé le tournage début septembre en Italie et il s’est achevé en février de l’année suivante dans le Vercors, sachant que le gros du tournage s’est effectué vers Bourg en Bresse et sa région. Ce temps long de tournage, sur plusieurs saisons, était très agréable car on avait un ou deux mois entre les différentes périodes où on a pu amorcer le montage et ajuster certains détails. J’ai bien aimé ne pas être à flux tendus en permanence.

C’est la première fois que Vincent Delerm compose pour le cinéma.

J’ai toujours eu le sentiment que ses musiques étaient sous-estimées car son image de chanteur masque la musicalité de son œuvre. C’est l’un des rares compositeurs dont on se dit immédiatement en écoutant quelques notes qu’elles sont de lui. Ses chansons sont d’emblée cinématographiques, il sait crée des climats, des atmosphères, notamment dans ses deux derniers albums : pour le film, ses arrangements et ses mélodies me semblaient convenir parfaitement à Sim, car il y avait là quelque chose de poignant, d’épuré, et d’émotionnellement très fort, assez influencé par certaines BO des années 70 : on ne voulait pas multiplier les thèmes mais plutôt en définir trois ou quatre développés sous divers arrangements dans le film. Au départ, ce sont des thèmes joués au piano ou à l’orgue puis ils sont déclinés de manière plus ample au fur et à mesure de l’histoire. Je trouve la BO magnifique. C’est Vincent qui a proposé d’inclure une chanson en italien à la fin : il voulait que ce soit une chanteuse italienne qui l’interprète et on s’est dit que ce serait intéressant qu’il forme un duo avec Valeria Golino. Il ne voulait pas de paroles en français pour éviter que le spectateur y cherche du sens : il s’agit avant tout d’une chanson atmosphérique, Monsieur Sim va mieux, et quoi de mieux que la voix deValeria Golino pour se sentir apaisé.

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