…Alors que la troisième partie de La Flor sort en salle, voici la dernière partie de notre entretien avec Mariano Llinás, réalisateur de La Flor.
En dehors des ponts qu’il est possible de faire entre La Flor et Hergé votre film tente d’englober l’histoire du cinéma de Renoir à Godard mais aussi le cinéma des premiers temps avec l’utilisation de la camera obscura.
Je préfère, en voyant mon film, que vous pensiez à Godard plutôt qu’à Spielberg. Indiana Jones, j’aime beaucoup les costumes. Vous savez, je trouve cela très audacieux, Indiana Jones, d’avoir réussi à le faire. Mais je trouve que le reste de l’œuvre de Spielberg n’est pas à la hauteur de ce qu’elle aurait pu être.
Je vois un peu La Flor, comme une histoire populaire des Histoire(s) du Cinéma de Jean-Luc Godard
Je vous remercie. Il faut finir comme ça (il rigole et marque une pause). Mais je crois que non, Histoire(s) du cinéma, j’ai beaucoup d’admiration pour ce film, mais je crois que c’est quelque chose d’autre. La Flor, est plutôt un film qui veut penser le cinéma après Histoire(s) du Cinéma. Le film de Godard est un requiem, c’est un adieu au cinéma et après il a continué son requiem, ses derniers films sont un long adieu au cinéma. Son cinéma depuis les années 90 est un « Long Goodbye ». La Flor n’est pas un film mélancolique, qui veut dire adieu au cinéma. C’est un film qui tente d’être une réflexion sur une possible renaissance de toutes ces choses qui sont interrogées dans le film de Godard. On a tenté de faire quelque chose qui montre que ce genre de film est encore possible. Qu’il y a quelque chose entre Spielberg et les films qu’on voit en festival ! Au temps jadis, on appelait cinéma ce quelque chose qui n’existe plus : Hollywood et le cinéma d’art et d’essai. On a tenté de faire un film qui soit entre les deux, qui tente de retrouver les objets qui composaient le cinéma. L’artifice, la recherche de la beauté.
Bien après la vision de La Flor, les compositions musicales, les chansons romantiques continuent d’accompagner le spectateur. L’une d’elles illustre votre film par deux fois, une première fois en espagnol, une autre fois discrètement en Français. Pourquoi ? Sont-ce des compositions originales ?
Alors vous savez cette reprise en français de cette chanson est une spécificité de la version française du film. Les actrices ne l’ont jamais entendue. J’ai voulu faire un clin d’œil, pour la France, mais dans le reste du monde la chanson reste en Espagnol. Mais oui, ce sont des compositions originales, oui. La bande originale n’existe pas, mais peut-être qu’il faudra penser à la commercialiser vu ce que vous me dites là (il rigole).
L’attaché de presse entre dans la pièce pour nous signifier la fin de l’interview…
Gaël Martin pour « Cinematraque », le 27 Mars 2019.