Né le 3 août 1974 à Gawler
Australie
Réalisateur
Les Crimes de Snowtown, Macbeth, Nitram
Le massacre de Port-Arthur
Adopter le point de vue du tueur
À l’instar de ses compatriotes, le scénariste Shaun Grant a été fortement marqué par la tuerie de Port-Arthur : « vingt-cinq ans plus tard, cette même question me reste en tête : Qui peut bien commettre une chose pareille ? »
Au fil des années, il a cherché la meilleure manière de revenir sur cette tragédie et s’est rendu compte que le point de vue à adopter était celui du tueur : « Je voulais que le public, et en particulier ceux qui sont favorables au port d’armes, passe un moment avec un personnage qui ne devrait de toute évidence pas avoir accès a des armes à feu, et qu’ils regardent tandis que celui-ci s’en procure avec une facilité déconcertante. »
Le scénariste se défend de faire preuve d’empathie envers un tueur de masse. Nitram est une manière pour lui de comprendre ce qui pousse un individu à perpétrer un tel crime : « Chaque fois qu’un acte aussi abominable se produit, on a tôt fait d’en cataloguer les auteurs comme étant diaboliques, ou malades, car cela nous aide a encaisser. Mais je pense que ceci est dangereux, et nous courrons ainsi le risque – en tant que société – de ne jamais tirer les leçons de telles tragédies. » Il revendique le long-métrage comme un film « anti-armes à feu ».
Fait divers
Dans son premier long-métrage, Les Crimes de Snowtown, sorti en 2011, Justin Kurzel suivait un tueur en série qui s’immisçait dans une famille dont les enfants étaient victimes d’inceste et de pédophilie. Le film s’inspirait d’une véritable série de meurtres commis par trois hommes entre 1992 et 1999, à Adélaïde et dans ses environs. Nitram est une nouvelle manière pour lui de s’intéresser « aux raisons pour lesquelles ces jeunes hommes cherchent des réponses dans une violence si extrême. Est-ce du fait d’un vide culturel, qui prive ces êtres d’une véritable tribu, est-ce un manque d’appartenance ? »
Ne pas oublier
Malgré la douleur provoquée par la tuerie de Port-Arthur, Justin Kurzel estime que l’oubli n’est pas une solution : « Oublier nous aide à survivre mais la liberté vient de la mémoire. J’ai cherché à sonder la noirceur pour y trouver une vérité et pour comprendre l’inouï. Il n’y a pas de réponses absolues mais la tuerie de Port Arthur fait partie de notre héritage, c’est un fardeau qui s’inscrit dans notre histoire et nous met en garde quant aux dangers que comporte notre avenir. »
D’après AlloCiné