Ciné Mont-Blanc
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/!\ Le prochain Coup de Coeur Surprise aura lieu le Lundi 3 Mars 2025 à 20h 00. A l’issue de la projection, nous vous proposons de nous rejoindre afin d’échanger vos impressions.
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Archives : Réalisateurs
Emanuel Pârvu (Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde)
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Sélectionné en compétition à Cannes et lauréat de la Queer Palm, Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde est un drame brillant, à la fois tendu et lumineux, où les réactions de villageois suite à une agression homophobe donnent lieu à une métaphore de la contamination de la pensée fascisante.
Avant d’aborder les thèmes traités par le film, je souhaitais débuter par vous interroger sur le remarquable travail sur la lumière. Comment avez-vous travaillé avec votre chef opérateur Silviu Stavilã sur cet aspect?
Tout d’abord, il faut dire que la lumière est déjà naturellement exceptionnelle dans cette région du delta du Danube où nous avons tourné. Jacques-Yves Cousteau a déclaré que cette région était le plus bel endroit du monde, et ce précisément à cause de la lumière spéciale qui existe là-bas. Je ne sais pas comment expliquer que cette lumière soit si particulière, si ce n’est qu’elle vient de Dieu.
Silviu Stavilã est un très grand chef opérateur qui a déjà travaillé avec Cristi Puiu ou Lucian Pintilie. L’idée que je lui ai soumise dès le début du projet était que pour le début du film, je souhaitais utiliser des plans fragmentés et décomposés, où les personnages et leurs visages n’apparaitraient pas forcément en entier, pour progresser peu à peu vers des plans conventionnels à mesure que les personnages révèlent clairement qui ils sont. Le tout pour aboutir aux plus beaux plans possibles. Je me suis beaucoup inspiré d’Ozu et de sa technique des tatami shots (méthode consistant à placer la caméra relativement bas, épousant le regard d’une personne à genoux sur un tatami, ndlr). Quant à la lumière, je souhaitais qu’on ne rajoute aucune source artificielle. A l’inverse, notre travail a plutôt consisté à filtrer autant que possible toute la superbe lumière que l’on recevait naturellement.
Dans son discours de remise de prix, le jury de la Queer Palm a justement souligné la dynamique des personnages qui sont soit aveugles à la lumière qui les entoure ou qui au contraire se dirigent pleinement vers elle. C’est une formulation dans laquelle vous reconnaissez votre film?
Tout à fait. Ce n’est pas pour rien que le film se clôt sur une séquence qui est d’abord filmée dans un canal particulièrement étroit avant d’aboutir vers un horizon de plus en plus vaste où l’on a enfin l’impression de pouvoir respirer. Ce n’est pas non plus pour rien que le film porte ce titre : le village où nous avons tourné se trouve littéralement à trois kilomètres de la mer, c’est donc littéralement la fin des terres, mais il s’agit aussi bien entendu d’une métaphore. Je voulais dire par là que si l’on continue à agir comme les personnages qui entourent le protagoniste, on court droit à la fin du monde. J’ai parfois l’impression qu’à force de racisme, d’homophobie et de xénophobie, on n’est plus qu’à quelques minutes près de la troisième guerre mondiale. Le monde a besoin de paix. La Terre est un endroit si merveilleux. La région où se déroule l’action est un coin de paradis mais par leur méfiance de toute différence, les gens en font un vrai enfer, et c’est pareil partout dans le monde. Je ne sais pas pourquoi on ne peut pas vivre ensemble malgré nos différences.
Le récit de 3 kilomètres a beau être claustrophobe et angoissant, vous filmez énormément la nature. La majeure partie du film est paradoxalement filmée en extérieur, dans de espaces très ouverts.
C’est la même idée. On souhaitait délibérément aborder cette surprise-là. Je voulais montrer un lieu qui ressemble au paradis, un lieu qui inspire immédiatement la paix, dans lequel tous les spectateurs auraient envie de vivre sereinement. Je voulais qu’on soit encore plus choqué par l’attitude des personnages, qui en font un enfer sur terre. Je voulais des plans très larges qui viennent contraster avec l’étroitesse d’esprit des personnages. Je ne parle pas forcément que des habitants de cette région, car c’est hélas partout pareil sur la planète. Ce village n’est qu’un exemple parmi d’autres de notre humanité. Si j’avais filmé cette histoire sur la côte française, thaïlandaise, américaine ou vietnamienne, j’aurais pu y trouver des coins de paradis que la bêtise humaine transforme en enfer. Dieu nous offre le paradis et nous on gâche tout.
Je sais bien qu’on ne peut pas changer l’humanité avec juste un film, un livre ou une chanson, mais cela peut néanmoins pousser les gens à réfléchir, et même beaucoup. Qui sait, peut être qu’avec vingt ou trente ans de recul, un film peut permettre de faire évoluer les choses. Je suis déjà heureux de pouvoir faire un cinéma qui soulève de telles questions.
Le récit débute par une agression homophobe, et le reste du récit s’attache davantage au réactions de l’entourage de la victime plutôt qu’à cette dernière, et ce décalage a étonné plusieurs spectateurs lors de la première du film à Cannes. Comment avez-vous trouvé votre équilibre idéal sur la place donnée au seul personnage queer de cette histoire ?
De deux choses l’une. Je ne fais pas partie de la communauté LGBT et j’ai su dès le départ que je n’avais pas la légitimité de m’exprimer à la place d’un personnage queer. C’est un point de vue que je ne peux pas prétendre exprimer, je n’aurais jamais osé aller sur ce terrain-là et parler à la place des personnes directement concernées. Ce que je connais en revanche, c’est la partie de la société à laquelle j’appartiens, et croyez-moi je la connais très bien. Je ne voulais pas parler à la place de la communauté queer mais la moindre des choses que je pouvais faire était de l’écouter. J’ai beaucoup échangé avec mes amis queer et j’ai beaucoup discuté avec Ciprian Chiujdea (l’acteur principal du film) qui est ouvertement gay. Leur ressenti sur le scénario était plus que précieux, il était indispensable. Il m’aurait été impensable de faire jouer à Ciprian quelque chose qu’il n’aurait pas trouvé juste ou qui l’aurait dérangé. Je connais les homophobes, je sais jusqu’où ils peuvent aller, je tenais donc à ce que Ciprian me dise jusqu’où le film pouvait aller sans nuire à la communauté queer.
Je suis un homme très croyant (il montre des tatouages de croix sur ses avant-bras, ndlr), mais j’ai tout à fait conscience que les institutions religieuses peuvent gâcher la vie des gens. Dans notre pays, ces instituons sont gangrenées par plein d’anciens membres de la Securitate et des politiciens très conservateurs, c’est la merde. Il faut en parler pour que les choses changent.Il y a deux ans, la télévision roumaine a passé un reportage sur la corruption financière de l’Eglise, et quatre millions de personnes l’ont regardé, sachant qu’on est quinze millions d’habitants.
Vous et moi portons tous les deux des lunettes, je rêve d’une société où être homosexuel ait aussi peu de conséquences que de porter des lunettes. Ce serait une société idéale. Mais en attendant, il faut pouvoir aborder les problèmes, même si c’est quelque chose qu’on me reproche. Je ne souhaite pas non plus m’approprier le combat et le vécu des autres. Mon film ne prétend pas être un exposé sur la particularité du vécu queer en Roumanie et comment notre société devrait évoluer sur ce sujet précis. Je ne serais pas légitime pour cela. Le sujet du film est davantage la normalité : qui décide ce qui est normal ou non ?
Est ce que cela vous convient si l’on dit donc que, contrairement aux apparences, l’homosexualité ou l’homophobie ne sont pas exactement le vrai sujet du film?
Ce n’est pas le sujet, en effet. Vous savez, je considère que la forme d’amour la plus pure et la plus puissante est l’amour qu’un parent ressent pour son enfant, que ce soit chez les animaux ou les humains L’amour devrait être inconditionnel par définition. Comment cette dimension inconditionnelle pourrait être remise en question dès que l’on se retrouve face à quelque chose qui dépasse notre confort? Comment peut on en arriver à des situations où notre place dans la société, ce que pensent nos voisins de nous, peut devenir plus important que l’amour pour nos enfants ? Il y a des gens qui peuvent visiblement comprendre que leur enfant vole, viole, violente d’autres personnes, et ils peuvent même continuer à l’aimer. Mais dès que leur enfant leur révèle quelque chose qui dépasse leur entendement, cet amour peut à peine survire.
Pas besoin que ce soit quelque chose d’extrême, d’ailleurs. Quand j’ai annoncé à mon grand père que je voulais devenir acteur, ça l’a tellement sidéré que j’aurais tout aussi pu lui annoncer que je partais vivre sur la lune. Il y a beaucoup de choses à améliorer dans la manière dont nous vivons ensemble. Comme je le disais hier soir lors de la première roumaine du film, je pense que nous allons dans la bonne direction. Là où j’ai des doutes en revanche, c’est sur la vitesse à laquelle nous y allons.
Entretien réalisé par Gregory Coutaut le 21 juin 2024 pour Le Polyester
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Réalisateur Tout le monde aime Touda
Nabil Ayouch
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Né le 1er Avril 1969 à Paris
Franco-marocain
Réalisateur, producteur
Mektoub, Ali Zaoua Prince de la Rue, Whatever Lola Wants, Les Chevaux de Dieu, Much Loved, Razzia , Haut et Fort, Evrybody loves Touda.
Nabil Ayouch, cinéaste marocain connu ses films tels que Much Loved, Razzia ou Haut et Fort, revient avec Everybody Loves Touda, dans les salles le 18 décembre. Ce nouveau long-métrage suit le parcours de Touda, une femme rêvant de devenir une Cheikha, une artiste marocaine traditionnelle. Déterminée à briser les normes, Touda chante des textes de résistance, d’amour, et d’émancipation. Rencontre avec Nabil Ayouch et l’actrice principale Nisrin Erradi.
Bulles de Culture : Nabil Ayouch, vos films mettent souvent en scène des personnages en quête de liberté dans une société marocaine encore marquée par le conservatisme. Est-ce une quête personnelle qui se reflète dans vos œuvres ?
Nabil Ayouch : Absolument, cette quête de liberté est à la fois une force motrice de ma vie et de mon cinéma.
J’aime explorer des personnages qui cherchent à se libérer des carcans sociétaux et à briser leurs chaînes. Avec Everybody Loves Touda, j’ai voulu mettre en lumière une héroïne contemporaine qui incarne cette résistance à travers son art.
Bulles de Culture : Le personnage de Touda s’inspire des Cheikhas, ces chanteuses marocaines qui bravent les interdits. Pouvez-vous nous parler de l’origine et de l’importance de ces femmes dans la culture marocaine ?
Nabil Ayouch : Les Cheikhas sont des femmes courageuses qui ont commencé à chanter publiquement au XIXe siècle, à une époque où seules les voix masculines étaient autorisées dans l’espace public. Elles ont conquis ce droit, et à travers leurs chants, appelé Aïta, elles ont abordé des thèmes subversifs au Maroc tels que le désir, le corps, et l’amour, défiant ainsi les normes sociétales. Le personnage de Touda est l’une de ces héritières modernes, combattant pour la reconnaissance et la liberté d’expression dans une société encore partagée entre tradition et modernité.
Bulles de Culture : Nisrin, comment avez-vous préparé votre rôle de Touda, une femme si complexe et ancrée dans une tradition musicale exigeante ?
Nisrin Erradi : La préparation a été très intense. J’ai passé un an et demi à apprendre à chanter, danser, et jouer des percussions aux côtés de Cheikhas professionnelles. J’ai dû m’immerger complètement dans leur monde pour comprendre la profondeur de leur art et de leur combat. C’était un travail de longue haleine, mais essentiel pour donner vie à Touda.
Bulles de Culture : Le film met également en scène le lien fort entre Touda et son fils, Yassine, qui est sourd-muet. Comment avez-vous abordé cette relation mère-fils qui transcende les mots ?
Nisrin Erradi : Pour moi, il était crucial de comprendre ce lien au-delà des dialogues. J’ai travaillé de manière approfondie avec le jeune acteur qui joue Yassine, créant des ateliers et des exercices pour bâtir une connexion authentique. Bien que je n’aie pas d’enfant, j’ai puisé dans mes expériences personnelles avec mes nièces et dans les ateliers que j’ai animés avec des enfants pour trouver cette dynamique unique qui nous unit dans le film.
Nabil Ayouch : Ce lien est central dans le film. Yassine ne peut pas entendre ce que chante sa mère, mais il ressent tout profondément. Leur relation va au-delà des sens habituels et s’ancre dans quelque chose de plus spirituel, presque métaphysique.
Bulles de Culture : Everybody Loves Touda aborde aussi des thèmes de résistance féministe. Touda peut-elle être considérée comme un modèle de revendication féministe pour le Maroc d’aujourd’hui ?
Nabil Ayouch : Certainement. Touda incarne le combat de nombreuses femmes pour l’émancipation. Elle représente une figure de résistance contre les normes patriarcales et aspire à une reconnaissance non seulement en tant qu’artiste, mais aussi en tant que femme libre. Bien que le chemin soit encore semé d’embûches au Maroc, des progrès ont été réalisés ces dernières années, notamment avec la révision du Code de la famille, la Moudawana. Le personnage de Touda montre vers quoi le Maroc pourrait tendre dans sa quête d’égalité.
Par A. Corte pour Bulles de Culture le 20/12/2024.
Nabil Ayouch
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Nabil Ayouch
Franco-marocain
Réalisateur, producteur
Mektoub, Ali Zaoua Prince de la Rue, Whatever Lola Wants, Les Chevaux de Dieu, Much Loved, Razzia , Haut et Fort, Evrybody loves Touda.
Nabil Ayouch, cinéaste marocain connu ses films tels que Much Loved, Razzia ou Haut et Fort, revient avec Everybody Loves Touda, dans les salles le 18 décembre. Ce nouveau long-métrage suit le parcours de Touda, une femme rêvant de devenir une Cheikha, une artiste marocaine traditionnelle. Déterminée à briser les normes, Touda chante des textes de résistance, d’amour, et d’émancipation. Rencontre avec Nabil Ayouch et l’actrice principale Nisrin Erradi.
« J’aime explorer des personnages qui cherchent à se libérer des carcans sociétaux et à briser leurs chaînes »
Bulles de Culture : Nabil Ayouch, vos films mettent souvent en scène des personnages en quête de liberté dans une société marocaine encore marquée par le conservatisme. Est-ce une quête personnelle qui se reflète dans vos œuvres ?
Nabil Ayouch : Absolument, cette quête de liberté est à la fois une force motrice de ma vie et de mon cinéma. (suite…)
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Emanuel Pârvu (Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde)
Sélectionné en compétition
à Cannes et lauréat de la Queer Palm, Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde est un drame brillant, à la fois tendu et lumineux, où les réactions de villageois suite à une agression homophobe donnent lieu à une métaphore de la contamination de la pensée fascisante.
Avant d’aborder les thèmes traités par le film, je souhaitais débuter par vous interroger sur le remarquable travail sur la lumière. Comment avez-vous travaillé avec votre chef opérateur Silviu Stavilã sur cet aspect?
Tout d’abord, il faut dire que la lumière est déjà naturellement exceptionnelle dans cette région du delta du Danube où nous avons tourné. Jacques-Yves Cousteau a déclaré que cette région était le plus bel endroit du monde, et ce précisément à cause de la lumière spéciale qui existe là-bas. Je ne sais pas comment expliquer que cette lumière soit si particulière, si ce n’est qu’elle vient de Dieu.
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Truong Minh Quy (Viet et Nam)
Hypnotique et délicat, Viet and Nam marque aussi une forme de renouveau pour le cinéma vietnamien, même si ce n’est pas sans provoquer quelques heurts avec les autorités culturelles du Parti communiste au pouvoir. Si le film a pu recevoir l’autorisation d’être présenté à Cannes, le film est officiellement banni des écrans vietnamiens, mais pas pour la raison à laquelle on pourrait penser. Car s’il représente un couple homosexuel dans les rôles titres (l’homosexualité est légale au Vietnam mais les couples homosexuels y souffrent encore de nombreuses discriminations), Viet and Nam est surtout accusé par le pouvoir vietnamien de véhiculer une image négative et trop déprimante du pays, et particulièrement de la communauté des mineurs. Nous avons pu rencontrer à l’occasion du festival de Cannes le réalisateur Truong Minh Quy pour évoquer avec lui son film, mais aussi les difficultés rencontrées pour le faire accepter. (suite…)
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Schuchi Talati (Girls Will Be Girls)
Un échange passionnant, avec une réalisatrice qui a beaucoup réfléchi aux enjeux du cinéma, à l’écran comme hors champ et a pris à cœur d’exprimer sa vision de la réalisation.
Votre film est-il parti d’une expérience personnelle, au moins dans un lycée ?
Shuchi Talati : Oui, je n’ai pas été dans un internat mais j’étais dans une école avec le même règlement strict, où garçons et filles devaient faire très attention à rester séparés. Et du moment que vous deveniez adolescente, beaucoup de règles très contraignantes s’appliquaient. La jupe trop courte, le haut trop près du corps, parler trop aux garçons… Il y avait beaucoup de honte autour de la sexualité.
Comment expliquez-vous le titre du film, Girls will be girls ? (suite…)
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Karim Bensalah (Six Pieds sur Terre)
Algéro-brésilien ayant vécu en Haïti, au Sénégal, à Londres avant de reposer ses valises à Paris, Karim Bensalah (48 ans) est un réalisateur aux multiples influences qui aime questionner les identités. Pour son premier long métrage, Six pieds sur terre, le cinéaste raconte l’histoire de Sofiane, un fils de diplomate algérien qui, pour éviter l’expulsion, trouve un travail dans une pompe funèbre musulmane qui l’amènera, in fine, à se réconcilier avec lui même.
Vous avez mis 8 ans avant de concrétiser Six pieds sur terre. Pourquoi cela a-t-il été si long ?
Karim Bensalah : Un bon scénario nécessite deux à trois ans d’écriture.(…). Au début, je l’ai fait seul et sans le sou.Ensuite, quand j’ai eu un peu d’argent, j’ai fait appel à un co-scénariste, Jamal Belmahi. Le financement a pris trois ans car il est tombé en plein Covid. C’est pour toutes ces raisons que cela a pris huit ans.
La co-écriture du scénario avec Jamal a-t-elle aussi contribué à ce lent accouchement ?
Je suis aussi parti avec une jeune boite de production dont c’était le premier long métrage. On ne pouvait avancer qu’à chaque rentrée de fonds. En ce qui concerne la co-écriture, je ne pense pas que cela ait mis plus de temps. C’est sûr qu’il faut trouver le bon partenaire mais on se connaissait un peu avec Djamel. Cela permet de clarifier le propos, les intentions, d’échanger. Cela m’a apporté son regard sur moi même et sur l’histoire. On avait une expérience commune sur la thématique du scénario qui était la question la construction de l’identité quand on est issu d’une double voire triple culture.
Est-ce que le scénario a été fidèle à votre idée de départ ?
Il a été assez fidèle même si au début ce qui m’a attiré dans l’histoire n’a pas été la thématique finale du film. Le personnage de Sofiane, étant Algérien, se trouvait étranger culturellement et socialement au milieu de la communauté maghrébine de France. Plus je développais le scénario, et plus je me rendais compte que le sujet principal était finalement celui de la question de l’identité.
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Margherita Vicario (Gloria!)
L’auteure-compositrice-interprète italienne Margherita Vicario fait ses débuts à la réalisation avec Gloria!, une histoire mélodique située dans les années 1800, dans un orphelinat/conservatoire dont il est difficile de s’échapper, mais qui est aussi le lieu où la servante Teresa (Galatéa Bellugi), isolée des autres et apparemment muette, découvre les joies de la musique en s’associant avec un groupe de filles talentueuses. Vicario détaille pour nous ce film qu’elle a présenté en compétition à Berlin.
Cineuropa : Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous diriger vers la réalisation ?
Margherita Vicario : J’ai tout simplement toujours voulu le faire. C’était un grand rêve. J’ai commencé comme comédienne, et puis je me suis dirigée vers l’écriture de chansons, mais j’ai toujours travaillé sur de possibles idées de films. (suite…)
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Yolande Zauberman (La Belle de Gaza)
Avec la simplicité d’un mythe, elle fait le portrait de cinq femmes trans la nuit autour de cette rue Hatnufa qui est comme le chemin des Enfers. La nuit nous rapproche de ces cinq personnages en même temps qu’elle fait disparaître dans le noir la société dont la violence n’apparaît que dans les récits. Comme dans une danse, la cinéaste embrasse le visage de ces cinq femmes qui deviennent les seules habitantes de Tel Aviv.
On sent que les femmes que vous filmez n’avaient jamais été regardées de cette façon. C’est comme si l’intensité du regard que vous portez sur elle nous permettait de les voir vraiment.
Petite, alors que j’étais une enfant isolée et timide, les gens venaient me raconter leurs histoires. Le nombre de fois où j’ai entendu des vieux grecs me raconter leurs tortures par les colonels à l’époque en me disant : « Je n’ai jamais raconté ça à personne » ! J’ai cet accès à une parole que je cherche peut-être, mais sans le savoir, ou de manière muette. (suite…)
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Rodrigo Moreno (Los Delicuentes)
Claudia Oudet – Merci beaucoup Rodrigo de la part d’EL CAFE LATINO pour nous accorder votre temps. J’ai lu que vous aviez une famille d’acteurs et d’artistes, ont-ils eu une influence sur votre choix de devenir réalisateur ?
Rodrigo Moreno – Évidemment, mes parents sont des acteurs, mon père était metteur en scène et professeur de théâtre ; mes parents n’avaient pas de baby-sitter et ils me laissaient dans le théâtre en attendant qu’ils terminent leurs répétitions, pendant leurs cours, et c’était toujours très familier. Mais le théâtre n’a pas l’idée artisanale que la création théâtrale peut avoir, c’est quelque chose de plus interpersonnel, un jeu entre les gens; la technique est la lumière et rien d’autre, c’est une partie substantielle. J’ai compris le cinéma en réaction à mes parents, qui me disaient que je devais être acteur. L’humour était aussi ma propre voie, mais c’est plus complexe pour moi que le jeu d’acteur, c’est un film. Comprendre le langage abstrait implique beaucoup d’études, beaucoup de concentration, des heures et des heures à regarder des films. (suite…)
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