Ciné Mont-Blanc
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/!\ Le prochain Coup de Coeur Surprise aura lieu le Lundi 7 Avril 2025 à 20h 00. A l’issue de la projection, nous vous proposons de nous rejoindre afin d’échanger vos impressions.
Archives : Films
LE GARÇON
LE GARCON
De Zabou Breitman et Florent Vassault. Avec Isabelle Nanty, François Berléand, Damien Sobieraff… Durée 1h37. Sortie le 26 mars 2025
Synopsis :
C’est un film qui naît par hasard de la découverte dans une brocante d’une série de photos d’une même famille. Et de la curiosité de Zabou Breitman et de Florent Vassault d’en savoir plus sur eux et plus précisément sur ce garçon. Qui est-il ? Est-il encore de ce monde ? Quelle fut sa vie entre le moment où ont été pris ces clichés et aujourd’hui ? Voilà l’enquête, que va proposer Le Garçon selon un principe original mêlant documentaire et fiction.
Le documentaire pour l’enquête est mené par Florent Vassault sur la piste du garçon. La fiction est menée par Zabou Breitman imaginant et retraçant son parcours en faisant appel à des comédiens (dont François Berléand et Isabelle Nanty).
Critique Première
Le mélange des genres peut paraître artificiel au départ, il trouve vite sa vitesse de croisière, sa manière de faire dialoguer docu et fiction, sans chercher à un équilibre parfait (l’enquête, de fait plus passionnante, prend peu à peu le pas sur le reste) mais en les faisant se nourrir l’un l’autre,
Plus Vassault avance (sans tenir au courant sa coréalisatrice, pour qu’elle puisse aller au bout de son inspiration, sans être parasitée par la réalité), plus Le Garçon se fait trépidant et plus cette histoire personnelle tend à l’universel.
Extraits de la Critique le monde (26 mars 2025)
« Fiction et documentaire s’interpénètrent : la fiction presque timide, face au réel, retrouvé au fil de l’enquête dans toute sa cruauté, révèle un peu la faiblesse du film mais elle n’empêche pas de découvrir cette douce épopée de l’intime qui parvient à nous faire compatir au destin d’ un inconnu, en lequel chacun peut se reconnaitre .
Publié dans 6ème film du programme, Archives films
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MAMAN DECHIRE
L’aventure des enfants avec leur mère qui nous parait plutôt folle, ne l’est pas d’abord pour l’enfant qui n’a pas encore découvert d’autres mères. Et la réalisatrice qui raconte sa propre histoire la montre comme un voyage intergalactique où elle la conçoit comme une mini odyssée dans la psychée.
En se mettant elle-même en scène, la cinéaste prenait le risque de tomber dans un ego trip. Si elle ne l’évite pas totalement, au moins chasse-t-elle la complaisance à grands coups d’autodérision, en témoigne la litanie des « praticiens » auxquels elle confie, en désespoir de cause, son profond malaise Séquences assez pathétiques mais parfois, aussi, hilarantes, comme ce clip d’un charlatan adepte du pardon.
Mais alors, qui est Meaud, cette mère indigne, cause de tant de souffrances ? C’est à la fois un monstre et une bête blessée. Un monstre d’égoïsme, de dureté, de lâcheté aussi. Des reproches que le film charrie à deux voix, d’une part à la faveur d’une relecture du journal intime d’Emilie et d’autre part en donnant la parole à son frère dont les souvenirs de brimades et de manque d’amour accablent une mère, au mieux absente.
La bête blessée, c’est d’abord ce bébé mort à la naissance et aussitôt réanimé, puis cette enfant battue par son beau-père, cette jeune femme qui enchaîne les tentatives de suicide et se croit sauvée par une apparition. C’est encore cette femme qui trouve I’amour auprès de Frédéric avec qui elle forme un couple atypique et volcanique. C’est enfin cette mère tyrannique et cette grand-mère « gaga » de son petit-fils. L’enfant en question, c’est la raison d’être du film, celui pour qui il était devenu capital pour la
cinéaste de briser une malédiction familiale, d’essayer d’aligner les planètes. Cet enfant s’appelle Cosmo, le film lui est dédié.
Publié dans 5ème film du programme, Archives films
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A REAL PAIN
A Real Pain : critique d’un road-trip doux-amer
Un film de Jesse Eisenberg
En quelques minutes, la caméra de Jesse Eisenberg croque avec finesse ses deux protagonistes. Il incarne lui-même David, jeune père de famille angoissé qui enchaîne au cours d’un montage savoureux les messages téléphoniques en direction de l’aéroport. Leur destinataire n’est autre que son cousin Benji (Kieran Culkin), que l’on a vu quelques secondes plus tôt en tant que silhouette au milieu de la foule, après le trajet sinueux d’un travelling. Ensemble, ces deux êtres si opposés se rendent en Pologne pour un voyage mémoriel sur les traces de leur judéité, et sur celles de leur grand-mère récemment disparue, rescapée de la Shoah.
En apparence, A Real Pain prend la forme d’un buddy movie attendu sur deux âmes en quête de reconnexion (entre eux et avec leurs racines), malgré leurs caractères antinomiques. Eisenberg teste très vite cette limite, en faisant de Benji ce mec à la fois insupportable mais touchant, égoïste mais honnête, indélicat mais à l’écoute de ses propres émotions. Dans le contexte de ce voyage organisé, où le silence poli et le respect maniéré de la mémoire sonnent comme une évidence, le personnage fait voler en éclats ces prérequis sociaux. L’air de rien, c’est par cette bascule que Benji trouve sa place au sein du groupe, et permet à chaque membre de cette visite guidée polonaise de se confier, d’exister. On grince des dents plus d’une fois face à ses maladresses, mais on aperçoit aussi en contrechamp un David effacé derrière sa politesse, et incapable de créer ce lien si salvateur que suppose leur périple.
Plus qu’un simple terrain de jeu pour un double-portrait joliment écrit, A Real Pain traverse ces villes chargées d’histoire en faisant ressentir ce pesant sentiment d’absence. La comédie rebondit toujours sur sa dimension douce-amère, jusqu’à cette visite bouleversante de sobriété dans le camp de concentration de Majdanek ; Jesse Eisenberg se contente de la simplicité de plans fixes lourds de sens, où la déambulation des visiteurs suffit à réveiller cette souffrance du titre. Cette souffrance, c‘est d’ailleurs l’autre élément pesant du long-métrage, invisible mais bien présent. Peut-on parler de traumatisme transgénérationnel quand on n’a pas connu soi-même l’horreur du génocide ? Que représentent l’anxiété ou la dépression de ses protagonistes face à la douleur de l’Holocauste ?
Publié dans 3ème film du programme, Archives films
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Black Dog
BLACK DOG
De Guan Hu – Chine – 1h56 – VOST
Black Dog commence très très fort avec une première séquence ultrapuissante : aux portes du désert de Gobi, dans un paysage splendidement photographié par Weizhe Gao, une impressionnante meute de chiens dévale la petite colline à toute vitesse. Un bus qui passait par là est pris de court et verse sur le côté de la rue, bousculé par la horde. Nous aussi, nous sommes ébahis par ce spectacle qui nous installe d’emblée dans le film sans plus jamais qu’on en sorte.
Plus de peur que de mal ; le film déploie même une certaine dose d’humour lors de cette scène d’accident. On y découvre le protagoniste Lang (Eddie Peng, méconnaissable), une ex-rockstar et figure locale du motocross, de retour chez lui après avoir purgé une peine de prison de dix ans. Taiseux, il n’aura presque pas de dialogue tout au long du métrage, et tout son travail passera uniquement par ses gestes et ses regards. Un film minimaliste donc, symbolisé par son arrivée en ville tel un lonesome cowboy, sous un soleil éclatant et dans des ruelles vidées de sa population. Les mines ferment et les habitants sont obligés de partir, laissant derrière eux des bâtiments qui seront détruits pour laisser place au monde moderne et au paraître. La ville fait la chasse aux centaines de chiens errants laissés derrière eux par les émigrants. Black Dog raconte en filigrane la modernisation à marche forcée de la Chine. Le cinéaste nous donne ici et là des indices qui montrent l’évolution de cette société chinoise devenue fort mercantile, ou plutôt mercantile autrement, et rendue ainsi plus violente.
Ayant rejoint la brigade anti-chiens du fameux oncle, Lang attrape le chien et décide de le garder avec lui. Ces deux parias, l’ex-taulard et le rageux, s’apprivoisent pas à pas, sans un mot, ce qui rend le métrage encore plus fascinant.
Voilà donc deux êtres en route vers la résilience et la rédemption, où ils apprennent à se défaire des oripeaux de leur violence respective pour découvrir une relation de tendresse, de confiance et de bienveillance. Un chemin non dénué d’embûches, mais qu’on a plaisir à suivre avec eux, la proposition du cinéaste étant tout sauf sirupeuse. Black Dog est un film métaphorique, associé souvent à la violence que ces meutes de chien infligent ou subissent, la violence qui n’est pas innée mais induite par le comportement même de l’être humain, la violence encore qui n’est pas une fatalité, puisque Guan Hu ouvre une porte de sortie…
Ce film a été récompensé par le prix « Un Certain Regard » au festival de Cannes 2024
Publié dans 4ème film du programme, Archives films
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When the lights break
WHEN THE LIGHT BREAKS
Film de Runar Runarsson – Islande, Pays-Bas, Croatie, France – 1h22 – VOST
Avec Elin Hall, Mikael Kaaber, Katia Njalsdottir…
D’un coucher de soleil à l’autre, When the Light Breaks conjugue la lumière et le temps pour raconter l’amour, le deuil, l’amitié en une heure vingt deux. Son accomplissement tient à des touches précises, des ellipses fines, un équilibre tenu entre l’épure et l’émotion, cette dentelle dessinant un mélo à bas bruit. C’est qu’ Una, étudiante aux beaux arts d’une vingtaine d’années, doit taire la profondeur de son chagrin : Diddi, qui vient de périr dans un tragique accident, était officiellement le petit ami d’une autre. La veille encore, face à la mer, le jeune homme s’engageait à rompre avec cette Klara et voilà qu’il est mort, et que Klara débarque à Reykjavik, et qu’Una fait semblant de pleurer un simple copain.
Cinq ans après Echo,où il scannait la société islandaise à travers des plans fixes et une cinquantaine de micro-nouvelles plus ou moins grinçantes, le cinéaste Runar Runarsson signe un récit d’apprentissage à l’os, vingt-quatre heures de la vie d’une fille foudroyée en plein bonheur. L’auteur de Sparrows (2015) y met d’avantage de cœur mais conserve le sens des détails parlants, et même des petits riens criants – une paire de chaussures laissée chez l’amoureux, une brosse à dents qu’on partageait hier et qu’on ose plus saisir aujourd’hui…
Alors que toute l’Islande se recueille après la catastrophe, la bande de potes, elle, serre les rangs autour de Klara, la « veuve » , tandis qu’ Una hérite d’un second rôle un peu hors d’âge, celui de l’ « autre femme » . Or elle reste l’héroïne du film, qui fixe intensément sa gravité aux yeux rougis, sa discrétion forcée, et guette ce que l’épreuve va révéler de son âme- spoiler : ce sera beau. Son interprète, Elin Hall, coupe garçonne et look androgyne, lui prête une féminité sans chichis, tranchante. Dans son refus de rouler des mécaniques, When the Light Breaks laisse affleurer une poignée de scènes marquantes, comme cette danse, presque transe, finissant en empilement de corps solidaires, ou sa conclusion, inattendue et d’une tendresse folle.
Critique de Marie Sauvion– Télérama .
Publié dans 2ème film du programme, Archives films, Uncategorized
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ETERNEL DAUGHTER
De Joanna Hogg, Royaume Uni/ Etats Unis, 1h36, VOST. Avec Tilda Swinton, August Joshi, Carly Sophia Davies
Joanna Hogg s’est fait connaître récemment avec The Souvenir, film en deux parties, retraçant la relation d’emprise qu’elle a vécue jeune femme et l’œuvre de fiction qu’elle aurait voulu en tirer. Cette révélation critique va permettre la sortie en France de ses trois films précédents, Unrelated, Archipelago et Exhibition, inédits jusqu’alors en France. Depuis The Souvenir, Joanna Hogg, citée comme référence par Kelly Reichardt et produite par un parrain prestigieux, Martin Scorsese, n’est pas restée inactive. Avec Eternal Daughter, elle propose sans doute son film le plus accessible, sorte de drame gothique inspiré des nouvelles de Henry James, où elle revient sur son obsession de la mémoire, du travail de deuil et de la mise en scène atmosphérique, proche de l’art contemporain.
Julie, accompagnée de sa mère âgée, vient prendre quelques jours de repos dans un hôtel perdu dans la campagne anglaise. La jeune femme, réalisatrice en plein doute, espère y retrouver l’inspiration ; sa mère y voit l’occasion de faire remonter de lointains souvenirs, entre les murs de cette bâtisse qu’elle a fréquentée dans sa jeunesse. Très vite, Julie est saisie par l’étrange atmosphère des lieux : les couloirs sont déserts, la standardiste a un comportement hostile, et son chien n’a de cesse de s’échapper. La nuit tombée, les circonstances poussent Julie à explorer le domaine. Elle est alors gagnée par l’impression tenace qu’un indicible secret hante ces murs.
Une des actrices les plus précieuses et exigeantes de notre époque, Tilda Swinton, plus David Bowie au féminin que jamais, tient un double rôle dans Eternal Daughter, celui de Julie et également celui de Rosalind, sa mère. Là aussi, Joanna Hogg innove en faisant exprès de ne jamais filmer avant la dernière demi-heure les deux personnages dans le même plan. Ce refus de jouer la convention du plan d’ensemble réunissant les deux personnages interprétés par la même actrice possède une réelle signification qui révèle sa potentialité à la fin du film
Publié dans 7ème film du programme, Archives films
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Un Petit Frere
UN PETIT FRERE
de Léonor SERRAILLE,
FRANCE (1h56)
Chronique de plus de 20 ans de la vie d’une jeune mère ivoirienne et de ses deux fils installés en France en 1989. Avec autant d’ambition que de sens de détail, la cinéaste Léonor Serraille rend profondément romanesque cette odyssée du quotidien en trois volets, qui portent les prénoms de chacun: Rose, puis Jean (Stéphane Bak), et enfin Ernest (Ahmed Sylla), le petit frère du titre.
Rose, superbement interprétée par Annabelle Langronne, révélation à la présence magnétique, à la noblesse vacillante. Arrivée d’Afrique avec un passé qu’en deux répliques on devine douloureux, cette jeune mère célibataire est logée, en attendant mieux, par des membres de sa famille installés de longue date dans la banlieue parisienne, et travaille comme femme de ménage d’un hôtel où elle brique, mais fait souvent des pauses pour fumer, pour rêver.
Rose n’a peur de rien. Ni de travailler dur, ni de sortir danser, ni d’élever ses fils qu’elle adore mais auxquels elle ne passe rien: il faut qu’ils réussissent, qu’ils soient des élèves exemplaires, même si l’aîné râle quand elle l’habille trop élégamment pour aller à un concours de maths. Rose est une femme libre, ou qui tente de l’être dans une vie précaire et un contexte social où il serait plus simple d’avoir un homme à ses côtés. Sa communauté lui conseille de se caser avec Jules César. C’est, au contraire, avec un ouvrier tunisien rencontré sur les toits de Paris qu’elle croit l’amour possible, un temps. Avant d’accepter de s’installer à Rouen, délaissant ses fils adorés pour un Français qui lui promet la lune…
Les fils, eux, grandissent au fil du film, pendant que les rides tracent sur le visage de Rose les sillons d’une certaine désillusion. Mais pas une once de misérabilisme dans le regard précis et poétique de Léonor Serraille. Pas de tragédie ou de sociologie faciles: la vie est un doux drame en soi, quand on est une femme qui n’accepte aucun diktat, mais qui se trompe aussi. (…) Un grand film sur la beauté de la fierté comme ce principe transmis par Rose à ses fils: «il faut se cacher pour pleurer» -«on pleure dans sa tête?» mime, avec un geste délicieux, le petit Ernest -«C’est ça, on pleure à l’intérieur»
Publié dans 8ème film du programme, Archives films
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8ème film du programme
Publié dans 8ème film du programme, Films
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