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Jan P. Matuszynski ( Varsovie 83, une Affaire d’Etat )

Né le 23 avril 1984

Pologne

Réalisateur, scénariste

Varsovie 83, une Affaire d’Etat

Découvert avec The Last Family (2016), Jan P. Matuszynski a réalisé pour Canal+ la série The King, tout en enseignant la mise en scène et la direction d’acteur à l’école Krzysztof Kieslowski de Katowice. Dans Varsovie 83, le cinéaste de 38 ans retrace les manœuvres politiques qui tentèrent d’étouffer la vérité après le décès du lycéen Grzegorz Przemyk, battu à mort dans un commissariat de la capitale polonaise, en 1983. Un film très impressionnant qui fait de la reconstitution historique un véritable travail sur la mémoire.

(suite…)

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Juan Pablo Felix ( Karnawal )

Rencontre avec le réalisateur et scénariste Juan Pablo Félix et son producteur Edson Sidonie lors du festival Cinélatino, Rencontres de Toulouse en mars 2022.

Cédric Lépine : Pouvez-vous présenter le malambo, cette danse au cœur de l’intrigue du film ?

Juan Pablo Félix : En ce qui concerne le malambo, en Argentine, il s’agit d’une danse traditionnelle pratiquée par les gauchos. C’est une danse qui s’est maintenue et s’est développée dans le temps au sein de la culture populaire criocha et s’est répandue dans tout le pays. Le tango est plus connu comme une danse plus bourgeoise, plus sophistiquée et qui s’exporte davantage dans le monde. (suite…)

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Varsovie 83

Du 30 juin au 5 juillet

VARSOVIE 83, UNE AFFAIRE d’ETAT

De Jan P. MATUSZYNSKI, Pologne, 2h39, VOST

avec Tomasz Zietek, Sandra Korzeniak, Jacek Braciak

Après le meurtre d’un lycéen par la police, le régime se démène pour cacher la vérité. Une immersion effrayante et intense dans la Pologne communiste.

A partir d’une histoire vraie à Varsovie le le 14 mai 1983, un lycéen, Grzegorz Przemyk, meurt après avoir été roué de coups dans un commissariat par la milice citoyenne. Sa mère est une opposante au régime, une poétesse connue pour sa proximité avec le syndicat Solidarnosc, encore actif malgré son interdiction dans la Pologne du général Jaruzelski, où été décrété la loi martiale.

Une tension constante traverse ce film qui montre avec une extraordinaire vérité les grandes manœuvres entreprises afin de cacher la vérité.

Un tableau de société passionnant et glacé se déploie. Chaque vie n’est qu’un pion qu’il s’agit de faire tomber ou de déplacer. Les stratégies pour y parvenir sont connues, menaces, chantage, mise sur écoute, faux témoignages arrachés de force. Mais l’attention méticuleuse portée à chaque rouage du mécanisme de l’injustice a une force inédite qui ouvre les yeux.

Chaque détail, les éléments de décoration, les comédiens savamment choisis, les portraits, font réapparaître une époque, le début des années 80, même dans la manière de filmer .

Extraits de la critique de Frédéric Strauss, Télérama

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Limbo

Du 9 au 14 juin

LIMBO

De Ben SHARROCK– Royaume-Uni, 1h44, VOST,

avec Amir El-Mastry, Vikash Bhai, Ola Oreibiyi, Kwabena Ansah.

 

 

Un syrien taiseux s’exile, avec d’autres réfugiés, sur une île écossaise et affronte une réalité absurde… Une fable réjouissante et poétique.

 

Comment le groupe de réfugiés a-t-il échoué là ? Le film ne le dit pas. Ils sont une bonne dizaine à avoir fui leur pays. Certains viennent du Ghana, du Nigéria, du Moyen-Orient, d’Asie. Parmi eux se détache Omar, un musicien syrien, mine taciturne et bras dans le plâtre, qui transporte avec lui son oud.

 

Il a fait sa demande pour bénéficier de l’asile et attend le courrier providentiel.

 

Dans un esprit burlesque et graphique, Limbo décrit le quotidien d’Omar et de ses camarades d’infortune : une suite de saynètes cocasses, parfois cruelles, où le laconique Omar se heurte à une réalité absurde.

 

Il est aussi un exilé de l’intérieur de lui-même. Omar est un personnage qui ne se réduit pas au statut de réfugié. Il est en quête de sa propre identité, et rongé par la culpabilité d’avoir laissé ses proches en pleine guerre.

 

Entre lâcheté et courage, espoir et désillusion, il oscille, incapable de jouer de son instrument. On imagine un formidable talent de soliste mais celui-ci reste inexprimé. Il faut attendre la toute fin pour être récompensé. Mais brièvement, sans étalage aucun, à l’image de ce film toujours guidé par la dignité.

Extraits de la critique de Jacques Morice, Télérama

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Monia Chokri ( Babysitter )

Née le 27 juin 1982 à Québec

Canada

Actrice, réalisatrice, scénariste

La Femme de mon Frère, Babysitter

Monia Chokri avait réalisé en 2019 un premier long-métrage remarqué, « La Femme de mon frère ». Elle est de retour avec « Babysitter », un exercice de style acidulé aux couleurs seventies. Évoquant autant De Palma que le giallo, Babysitter utilise à fond les codes du cinéma d’horreur et du fantastique.

Monia Chokri : Ce n’est pas juste parce que ça m’amusait de faire « genre ». Il y a deux raisons pour lesquelles je les utilise. La première, c’est que Babysitter vient du théâtre. Et quand on est au théâtre, il y a des conventions que l’on accepte plus facilement qu’au cinéma. Par exemple, je tenais énormément à ce que la babysitter arrive à un moment – comme dans la pièce – avec un costume de bonne. Mais si j’avais construit le film de manière réaliste, ses employeurs lui auraient dit : « rentre chez toi ! ».

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Justin Kurzel ( Nitram )

Né le 3 août 1974 à Gawler

Australie

Réalisateur

Les Crimes de Snowtown, Macbeth, Nitram

Le massacre de Port-Arthur

Nitram s’inspire du massacre de Port-Arthur perpétré par Martin Bryant du 28 au 29 avril 1996 en Tasmanie. Au cours de cette fusillade, 35 personnes ont été tuées et 23 ont été blessées.

Adopter le point de vue du tueur

À l’instar de ses compatriotes, le scénariste Shaun Grant a été fortement marqué par la tuerie de Port-Arthur : « vingt-cinq ans plus tard, cette même question me reste en tête : Qui peut bien commettre une chose pareille ? » (suite…)

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Karnawal

KARNAWAL, le carnaval en langue quechua.                                                             

De Juan Pablo Felix – Argentine – 1h30 – VOST.

Avec Alfredo Castro, Martin Lopez Lacci,  Diego Cremonesi, Monica Lairana…

Ce premier long appartient à cette catégorie de films où tout semble écrit d’avance avant de bifurquer ailleurs. Un jeune Argentin trouve dans la danse – en l’occurrence le malambo, danse folklorique des gauchos de la Pampa – un moyen de fuir un quotidien difficile entre un père sous les barreaux, une mère dépassée et l’amant de cette dernière incapable de bienveillance envers lui. Jusqu’au jour où son paternel, bandit de grand chemin, sort de prison et vient pour quelques jours retrouver les siens. Karnawal devient alors un film sur cette famille plus décomposée que recomposée, où les instants de bonheur retrouvé ne font que renforcer une tension sourde et où les scènes de danse – mises en images avec soin – ne constituent qu’une des pièces d’un puzzle subtilement orchestré dont le dénouement reste longtemps en suspens. 

Ce joli film argentin présente un premier intérêt, c’est la découverte de la deuxième danse importante d’Argentine avec le tango, le malambo. Les scènes de danse sont très impressionnantes, le malambo étant intrinsèquement spectaculaire, avec son jeu de claquette et une grande expressivité dans les torsions de cheville. Ce film mêle assez habilement différents genres (thriller, drame familial, road-movie) autour de l’histoire d’un jeune homme préparant un concours de malambo, alors que son père sortant de prison rentre à la maison. Autres intérêts : la prestation de l’immense acteur chilien Alfredo Castro, et les paysages magnifiques d’une région méconnue d’Argentine  Une belle découverte.                                                                                                      

Dans la province de Jujuy, au nord-ouest de l’Argentine, la Quebrada de Humahuaca est à la fois, par l’authenticité qu’elle a conservée, par la beauté riche en couleurs de ses paysages et de ses villages, une région touristique et, du fait de sa proximité avec la Bolivie, une région de contrebande et de trafics en tous genre entre un pays vraiment pauvre et un pays plus riche. Cabra, originaire de Abra Pampa, une petite ville de l’Altiplano argentin, est un adolescent qui pratique le Malambo à très haut niveau et il s’entraine avec des coéquipiers et en solo pour participer à une compétition de ce type de danse qui va avoir lieu à Jujuy dans la continuité du carnaval, une compétition ouvrant la porte à une qualification pour le championnat national. Afin de pouvoir acquérir la paire de bottes dont il rêvait pour améliorer son look en vue de cette compétition, il a accepté de faire un transport (et un seul) entre la Bolivie et l’Argentine, sans vraiment être conscient des risques et des conséquences. Pourtant, ces risques, ces conséquences, il était bien placé pour les connaître, son père, surnommé El Corto (Alfredo Castro) étant lui-même en prison depuis 7 ans. Ce père, Cabra le connait peu. On apprendra petit à petit que c’est un étranger, un chilien qui n’a guère de liens avec le folklore local et qui se moque complètement des dons de son fils pour le Malambo. En fait, Rosario, la mère de Cabra, a dorénavant pour compagnon un gendarme, Eusebio, qui est sur le point d’être muté dans le sud du pays. Pour Cabra, pour Rosario, pour Eusebio, les problèmes sont sur le point d’arriver, El Corto bénéficiant d’une permission de 3 jours et les entrainant dans un de ces coups louches dont il s’est fait une spécialité. 

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Koji Fukada (Suis-moi, je te fuis – Fuis-moi, je te suis)

Né le 5 Janvier 1980 à Koganei

Japon

Réalisateur, scénariste, monteur, producteur

Au revoir l’été, Harmonium, L’Infirmière, Suis-moi, je te fuis / Fuis-moi, je te suis

Koji Fukada : « Je trouvais assez subversive cette remise en question du concept de femme fatale »

Découvert en France en 2014 avec Au revoir l’été, le cinéma du Japonais Koji Fukada sait se rendre imprévisible en décrivant toutes sortes d’embardées. La dernière en date nous plonge dans un diptyque Suis-moi je te fuis/Fuis-moi je te suis de deux fois deux heures : une histoire d’amour étrange et rebondissante qui souligne en filigrane les maux du Japon contemporain. (suite…)

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programmation du 9 juin au 7 juillet

DU 9 AU 14 JUIN

LIMBO
De Ben SHARROCK – Royaume-Uni-1h44. VOST.
Avec Amir El Masry, Vikash Bhai, Ola Orebiyi, Kwabena Ansah
Un groupe de réfugiés a échoué sur une petite île perdue d’Écosse.Faire un film savoureux, poétique et touchant  sur le sort des réfugiés, tel est le pari remporté par le réalisateur. Dans un esprit burlesque et graphique, « Limbo » dépeint le quotidien d’Omar, le syrien, et de ses camarades d’infortune sous l’angle de la fable. Omar se heurte à une réalité absurde dans une suite de saynètes cocasses, parfois cruelles et apparaît comme une personne incongrue. Mais ce personnage ne se réduit pas au statut de réfugié. Il est aussi exilé à l’intérieur de lui-même, en quête de sa propre identité, rongé par la culpabilité d’avoir laissé ses proches en pleine guerre. Il oscille entre lâcheté et courage, espoir et désillusion.

https://cinecimes.fr/ben-sharrock-limbo/

DU 9 AU 14 JUIN

EVOLUTION
De Kornel MUNDRUCZO – Hongrie / Allemagne – 2021 1h37 – VOSTF
Avec Lili Monori, Annamaria Lang, Goya Rego, Padme Hamdemir,
Première partie : en 1945, au moment de la découverte par l’Armée Rouge des camps d’extermination, les soldats soviétiques trouvent dans les entrailles de la chambre à gaz, un enfant…
Deuxième partie, à Budapest, plusieurs décennies après la fin de la guerre : Eva, ancienne rescapée des camps, la visite de sa fille : Lena est venue pour convaincre sa mère de percevoir les dédommagements
financiers auxquels elle aurait pu prétendre depuis longtemps.
La dernière partie, quelques années plus tard, à Berlin, où vit Lena avec son fils Jonas, un adolescent gentiment rebelle voudrait cesser
de porter le poids de l’héritage familial.

https://cinecimes.fr/kornel-mundruczo-evolution/

DU 16 AU 21 JUIN

SUIS-MOI JE TE FUIS (PART.1)
De Koji Fukada-Japon-2022-1h49
Première partie du film dyptique de koji Fukada. Employé d’une entreprise de feux d’artifice, entre ses deux collègues de bureau, le cœur de Tsuji balance mollement. Jusqu’à cette nuit où il rencontre Ukiyo, jeune femme pleine de secrets, à qui il sauve la vie sur un passage à niveau. Malgré les mises en garde de son entourage, il est irrémédiablement attiré par la jeune femme… qui n’a de cesse de disparaître. Systématiquement, l’objet de sa passion ne cesse de
disparaître mystérieusement quand il cherche à s’en approcher…

https://cinecimes.fr/koji-fukada-suis-moi-je-te-fuis-fuis-moi-je-te-suis/

 

DU 16 AU 21 JUIN

FUIS-MOI JE TE SUIS (PART.2)
De Koji Fukada-Japon-2022-2h04
Seconde partie du film diptyque de Koji Fukada.Tsuji a décidé d’oublier définitivement Ukiyo et de se fiancer avec sa collègue de bureau. Ukiyo, quant à elle, ne se défait pas du souvenir de Tsuji… Et cherche à le retrouver… Mais cette fois, c’est lui qui a disparu…
Un drame amoureux déconstruisant le mythe de la femme fatale, traité comme un thriller à rebondissements aux ambiances lynchiennes.

https://cinecimes.fr/koji-fukada-suis-moi-je-te-fuis-fuis-moi-je-te-suis/

 

DU 23 AU 28 JUIN

NITRAM
De Justin KURZEL – Australie – 1h50 – VOST
Avec Caleb Landry Jones, Essie Davis, Anthony LaPaglia, JudyDavis..
Inspiré d’un massacre qui avait traumatisé l’Australie, le portrait d’un adolescent meurtri, Martin, au surnom aussi explosif que prémonitoire : Nitram, un gamin fêlé, attardé, engoncé dans un grand corps d’adulte. Le fait divers fournit au cinéaste son sujet -comment la maladie mentale et l’extrême solitude font très bon
ménage avec le commerce des armes, – mais aussi l’occasion d’un portrait sidérant de la marginalité.

https://cinecimes.fr/justin-kurzel-nitram/

 

 

DU 23 AU 28 JUIN

BABYSITTER
De Monia Chokri-Canada/France-2022-1h28
Suite à une blague sexiste devenue virale, Cédric, jeune papa, est suspendu par son employeur. Pour se racheter, il va avec l’aide de son frère Jean-Michel, s’interroger sur les fondements de sa misogynie
à travers l’écriture d’un livre. De son côté, sa femme Nadine en proie à une dépression décide d’écourter son congé maternité. L’arrivée dans leur vie d’une baby-sitter au charme espiègle et envouteur, va
chambouler leur vie.

https://cinecimes.fr/monia-chokri-babysitter/

 

 

DU 30 JUIN AU 5 JUILLET

KARNAWAL
De Juan Pablo Felix – Argentine – 1h30 – VOST.
Avec Alfredo Castro, Diego Cremonesi, Monica Lairana…
Un jeune argentin trouve dans la danse un moyen de fuir un quotidien difficile entre un père sous les barreaux, une mère dépassée et l’amant de celle ci. Jusqu’au jour où son père, bandit de grand chemin inapte à se ranger, sort de prison : Karnawal devient alors un film sur cette famille plus décomposée que recomposée, où les instants de bonheur retrouvé ne font que renforcer une tension sourde et les scènes de
danse ne constituent qu’une des pièces d’un puzzle subtilement orchestré dont le dénouement reste longtemps en suspens.

https://cinecimes.fr/juan-pablo-felix-karnawal/

DU 30 JUIN AU 5 JUILLET

VARSOVIE 83, UNE AFFAIRE D’ÉTAT
De Jan P. Matuszynski, Pologne, 2h39, VOST.
Avec Tomasz Zietek, Sandra Korzeniak, Jaciek Braciak.
Dans la capitale de la Pologne communiste sous contrôle soviétique, le 14 mai 1983, un lycéen meurt sous les coups de la milice citoyenne dans un commissariat. L’État est alors prêt à tout pour cacher la vérité : menaces, chantage, mise sur écoute, faux témoignages arrachés de force. Avec une attention méticuleuse de la mise en scène, le réalisateur réussit une immersion totale dans cette folie d’une époque, mais encore actuelle dans les régimes despotiques.

https://cinecimes.fr/jan-p-matuszynski-varsovie-83-une-affaire-detat/

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NITRAM

NITRAM

De Justin KURZEL – Australie – 2021 -1h50 – VOSTF –

 avec Caleb Landry Jones, Judy Davis, Essie Davis, Anthony LaPaglia… Scénario de Shaun GrantPrix d’interprétation masculine pour Caleb Landry Jones, Cannes 2021.

NITRAMApprocher l’inapprochable, raconter l’inracontable. Reconstituer pour tenter de comprendre l’histoire et le parcours de Martin « Nitram » Bryant, auteur au milieu des années 1990 de la plus importante tuerie de masse, traumatisant durablement l’Australie. En tirer in fine un plaidoyer glaçant et implacable contre la vente d’armes à feu dans un pays qui, plus encore que les États-Unis d’Amérique, s’est construit autour de ce droit inaliénable de chacun à conquérir et protéger son lopin de terre à la force du fusil.

Aux origines du « mal », un prologue suggère la fascination que les explosions et les pétards exercent sur Martin, fils unique, gamin introverti, instable, peu sociable, « différent ». Et peu enclin à discerner dans ses actes le bon du mauvais, le plaisant du répréhensible, ce qui lui vaut de passer ses années d’enfance en pension, loin du cercle familial. Celui qu’avec bien peu de bienveillance on a surnommé Nitram – improbable palindrome de Martin, qui dit assez l’in(tro)version du caractère de celui qui n’exprime jamais ses sentiments – est revenu vivre chez ses parents à l’âge presqu’adulte, ce qu’il ne sera sans doute jamais. Pas ou peu de marques d’intérêt sinon d’affection à attendre de ce côté : sa mère, accablée par la situation de son fils, s’efforce de ne pas le voir ; seul son père s’efforce maladroitement de lui témoigner un peu de compassion sinon de tendresse, en vain. Vide, atone, la silhouette d’un surfeur trop maigre, ersatz de Kurt Cobain blafard et dégingandé, Nitram promène son ennui (est-ce seulement de l’ennui ?) et sa solitude dans une bourgade pavillonnaire suburbaine, elle-même sans vie. Le salut lui vient d’une riche voisine, un peu excentrique, qui vit seule avec ses chiens et se prend d’amitié pour le garçon qui vient occasionnellement entretenir son jardin. Et dont elle pressent sous la fragilité, derrière la farouche incommunicabilité, un potentiel inattendu d’humanité. Parenthèse enchantée qui révèle le garçon à ses sentiments mais se referme tragiquement, trop vite, le laissant seul face à la nécessité de revenir, d’une façon ou d’une autre, au monde qui l’entoure, le rejette et le fait monstre.

Il n’est pas simple de se frotter au monstrueux, à l’innommable. N’excuser d’aucune façon, évidemment, le geste du tueur, mais essayer de raconter, frontalement autant que faire ce peut, un parcours individuel sans exonérer pour autant la société tout entière de sa responsabilité. Le portrait de Martin-Nitram, glaçant, est porté avec une sobriété déconcertante par Caleb Landry Jones, qui n’a pas volé son prix d’interprétation à Cannes. Le vide qui l’habite provoque alternativement la compassion, le rejet, l’inquiétude et l’effroi. On peine à reconnaître en lui les ferments d’humanité qui pourraient, même sporadiquement, susciter le minimum d’empathie nécessaire à un début d’identification. Le réalisateur Justin Kurzel retrouve là les accents passionnants et dérangeants d’Elephant de Gus van Sant ou de We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay – parmi les tentatives les plus abouties de raconter de l’intérieur la naissance de personnalités de tueurs de masse. Aucun suspense dans la résolution des conflits intérieurs et extérieurs du garçon. La mise en scène, sèche, précise, sans affects, laisse s’installer une tension sourde, implacable, qui monte en pression comme la colère mal contenue que le concentré de nitroglycérine qu’est Nitram finit, sans passion, par laisser exploser. Nous laissant dans une position inconfortable, avec plus de questions que de réponses. Mais la certitude chevillée au corps que, si Nitram n’est pas exclusivement le produit de la société dans laquelle il s’est construit, c’est elle et elle seule qui lui a donné la violence guerrière comme modèle ultime d’affirmation de soi – et en définitive a permis qu’il soit armé.

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