Ciné Mont-Blanc
A ne pas rater !!
/!\ Le prochain Coup de Coeur Surprise aura lieu le Lundi 3 Février 2025 à 20h 00. A l’issue de la projection, nous vous proposons de nous rejoindre afin d’échanger vos impressions.
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Toute l'équipe Cinécimes vous souhaite une excellente année cinéphile !!
Archives auteur : admincc
BELINDA
BELINDA
De Marie Dumora
Documentaire Français
Acteurs inconnus
Durée 1h47
Sacré morceau que ce brin de fille, d’une famille yéniche sédentarisée, qui se jette tête la première dans le mur de la vie pour y trouver quelque chose qui s’apparenterait, denrée plutôt rare pour elle, au bonheur.
Belinda apparaît ici à trois âges. 9, 15 et 23 ans.
A 9 ans, dans le foyer où elles sont placées, on la sépare de sa sœur. Image cristallisée des deux fillettes main dans la main, yeux dans les yeux, collées serrées, qui ne peuvent compter que sur elles-mêmes face à un abandon qui n’est qu’à peine décrit mais qu’on ressent violemment.
A 15 ans, c’est une autre paire de manches. Fumette dans la cage d’escalier, corps massif et grande gueule, abordant à pas comptés le monde du travail. Une gueule, un accent, une prestance formidable. La situation familiale, qu’on pressentait compliquée, se détache avec plus de clarté. Mère et père séparés, la première au chômage, le second ex-taulard, environnés d’une famille nombreuse cultivant la débrouille et l’expression hautes en couleur.
A 23 berges, Belinda, sourire lumineux et front renfrogné, entre soleil et tempête, intense comme la braise, prend son destin en main. Elle vise le mariage avec son gars Thierry, qui voit venir sans un mot de trop, tandis qu’elle s’occupe de sa robe, navigue entre sa mère et son père, compte les sous pour la noce. Avec Thierry, elle lit le contrat de mariage, insiste sur le chapitre « respect, fidélité, amour », sans quoi ce n’est même pas la peine d’y aller, tandis que lui, grand pudique, se marre doucement.
Et puis, patatrac, l’ellipse cruelle avec un drame dedans, Frantz, le père de Belinda, qui nous apprend qu’elle « a fait une bêtise », qu’elle en a pris pour quatre mois, et son Thierry trois ans, Il en faudrait plus pour contenir la formidable marée d’amour que Belinda porte en elle. Il en faudrait plus pour l’empêcher d’écrire des folies lumineuses, dantesques, à son Thierry. Il en faudrait plus pour ôter le goût de la vie à la petite-fille d’un couple qui s’est connu, adolescent, au camp nazi alsacien du Struthof, « comme des juifs », et qui en est sorti pour donner naissance, parmi une tripotée, à son père. D’après Le Monde.
Truffaut avait filmé Léaud-Doinel dans un arc allant de l’enfance à l’âge adulte. Marie Dumora a entrepris une démarche similaire, mais en partant de la réalité brute et brutale d’une famille yéniche (une branche du grand arbre tzigane) de l’Est de la France.
Belinda conserve tout au long des années et des épreuves un inextinguible appétit de vivre, une faconde dépenaillée, des rêves d’avenir. Elle change aussi, de coiffure, de style vestimentaire, de distance de regard sur l’existence. Belinda est un très émouvant et puissant portrait de femme évolutif, sculpté dans le minerai ingrat de la condition prolétaire pour en ramener des pépites d’humanité, de courage et de désir de vivre. D’après les Inrocks.
Film Acid Cannes 2017
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Enquête au Paradis
Extraits d’un ENTRETIEN AVEC MERZAK ALLOUACHE (UniFrance Films)
Même si je m’inspire de la réalité, mes films sont, pour la majorité, le fruit de mon imagination. Enquête au paradis ne pouvait pas, par conséquent, être un pur documentaire car je suis attaché à la fiction. Je voulais que Nedjma – la journaliste interprétée par Salima Abada – notre guide dans ce film, ait toute sa place. Qu’elle soit beaucoup plus qu’une « machine à poser des questions ». Je voulais qu’elle partage ses émotions, ses doutes et ses réflexions avec le spectateur. Mais le film ne pouvait pas non plus être une pure fiction, car je tenais à ce que les Algériens, anonymes et personnalités intellectuelles, s’expriment sur ce sujet avec leur mots, leurs références, leur sensibilité. Et il me semble que je suis parvenu ainsi à recueillir une voix multiple, réelle et vraie.
Enquête au paradis, comme tous vos derniers films, retrace l’histoire douloureuse de l’Algérie de ces trente dernières années. Comme s’ils devaient servir de passage de témoin… Ou de remèdes à une Algérie frappée d’amnésie.
C’est principalement à travers les séquences interprétées par les personnages de Nedjma et de sa mère que nous abordons l’amnésie, un thème qui me tient particulièrement à cœur. Je pense, par exemple, au moment du film où Nedjma et sa mère se rendent sur les lieux où l’écrivain Tahar Djaout a été assassiné par les islamistes en mai 1993. Cette séquence résonne comme un appel à ne pas oublier la période sombre du terrorisme. Ce qui fait mal au cœur, c’est de constater que la stèle, qui se trouve sur un parking, au milieu des voitures, n’a pas été mise en valeur. La tragédie de la Décennie Noire vécue par les Algériens est aussi mentionnée par certains des intervenants du film qui relient l’incroyable violence qui a frappé ce pays aux dérives de l’islamisme politique. Ces derniers temps, il y a eu des tentatives de sortir de cette amnésie qui empoisonne la vie des Algériens. Mais la société algérienne est loin d’être apaisée… Dans les milieux populaires, on a tendance à considérer que désormais les islamistes sont tranquilles, qu’ils ont des commerces. On n’a pas envie de revenir aux heures funestes, au chaos. On fait comme si notre pays était à part de ce qui se joue partout au Moyen-Orient et dans le monde. Sauf que cette menace, toujours prête à sourdre, existe. Et qu’en face, il n’y a pas de projet pour transformer et moderniser la société. La bigoterie est aujourd’hui omniprésente. Le discours des jeunes est en permanence teinté d’islam, de religiosité. Pas une de leurs phrases qui n’emprunte aux incantations. Cette emprise du religieux dans les discours fait aussi des émules en France où la population d’origine immigrée et leurs enfants sont frappés par une profonde fracture identitaire. Je crois qu’il y a une relation directe entre ce qui se passe en Algérie et les immigrés qui se trouvent en France. Il y a un va-et-vient continuel entre les deux rives de la Méditerranée. Je suis étonné de voir qu’entre Alger et Paris, quelle que soit la période de l’année, les avions sont toujours pleins. Et il faut bien l’admettre, entre les Algériens vivant en Algérie et ceux vivant, voire nés en France, il y a comme une tension qui s’est installée et aujourd’hui, je pense que c’est la mentalité du « pays d’origine » qui s’est imposée. Les jeunes Français d’origine algérienne idéalisent et subliment le pays de leurs ancêtres sans jamais y avoir vraiment vécu ou décidé d’aller y vivre. Ce qui se passe dans les quartiers populaires est le fruit du lien fort que leurs habitants entretiennent avec le « bled » par Internet, par les allers-retours incessants.
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Fortunata de Sergio Castellito
Fortunata a une vie tourmentée, une fille de huit ans et un mariage raté derrière elle. Elle est coiffeuse à domicile, vit en banlieue, traverse la ville, entre dans les appartements bourgeois et colore les cheveux des femmes.Fortunata se bat tous les jours avec une détermination farouche pour réaliser son rêve : ouvrir un salon de coiffure et prendre en main son destin, conquérir son indépendance et son droit au bonheur. Fortunata sait que pour aller au bout de ses rêves, il faut de la persévérance : elle a pensé à tout, elle est prête à tout, mais elle n’a pas pris en compte la variable de l’amour, la seule force perturbatrice capable de faire vaciller toutes ses certitudes. Aussi parce que, pour la première fois peut-être, quelqu’un la regarde telle qu’elle est et l’aime vraiment…
Son prénom signifie « chanceuse ». Pourtant, Fortunata n’a pas une vie facile : coiffeuse à domicile dans la banlieue romaine, cette beauté populaire court partout, avec sa minijupe et ses talons hauts, pour accumuler l’argent nécessaire à l’achat du salon de ses rêves, laissant sa fille de huit ans grandir comme une herbe folle. Elle résiste tant bien que mal au père de la gamine, qui refuse le divorce avec violence. Elle tient aussi à bout de bras un ami, un frère, tatoueur et égratigné par la vie. Un jour, Fortunata rencontre un homme bien (Stefano Accorsi). Aura-t-elle droit à son miracle à Rome ?
Le comédien Sergio Castellitto, passé depuis des années à la réalisation, réussit son plus beau film : un mélo solaire qui oscille entre comédie et drame à l’italienne avec des motifs de tragédie antique (Hanna Schygulla en vieille actrice divaguant). Dans une Rome périphérique devenue étonnamment chinoise, il ose des moments baroques, inspirés par le petit peuple italien. Surtout, sa mise en scène épouse l’énergie farouche de son héroïne, sensuelle « mamma Roma » aux cheveux blonds décolorés. Et si le rimmel de Fortunata coule toujours un peu, ce n’est (presque) jamais à cause des larmes, mais à cause de la sueur du labeur, de la ténacité à s’émanciper. Dans le rôle, Jasmine Trinca est renversante, évoquant à la fois la Sophia Loren des films de Mauro Bolognini et Ettore Scola et la Gena Rowlands d’Une femme sous influence, de Cassavetes. A travers elle, Castellitto rend au mot « fortune » un sens fort : cette chance qu’il faut arracher avec les dents si au grand loto de la vie le destin vous a oublié.
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programmation fevrier mars 2018
15 au 20 fevrier
ENQUÊTE AU PARADIS
De Merzak Allouache- documentaire franco-algérien-2h15
Avec Salima Abada, Younès Sabeur Chérif, Aïda Kechoud…
En Algérie, une jeune journaliste enquête sur le « paradis », celui des prédicateurs salafistes du Maghreb et du Moyen-Orient véhiculés par des vidéos circulant sur Internet. Elle interroge la prégnance de cette croyance dans la population et ses conséquences. Sobre, d’une redoutable efficacité et non dénué d’humour, le dispositif permet tout à la fois de déconstruire le discours salafiste et de dresser un état des lieux de la société algérienne. Stylisé par un superbe noir et blanc, cet état des lieux flippant allie l’acuité de la reporter, affable et attentive à la distanciation du cinéaste. Il concerne aussi la France, à un degré moindre.
22 au 27 fevrier
FORTUNATA
De Sergio Castellito – Italie – 2017 – 1h43 – VOST
Avec Jasmine Trinca, Stefano, Hanna Schygulla…
Fortunata a une vie tourmentée, une fille de huit ans et un mariage raté derrière elle. Elle est coiffeuse à domicile, vit en banlieue, traverse la ville, entre dans les appartements bourgeois et colore les cheveux des femmes. Fortunata se bat tous les jours avec une détermination farouche pour réaliser son rêve : ouvrir un salon de coiffure et prendre en main son destin, conquérir son indépendance et son droit au bonheur. Fortunata sait que pour aller au bout de ses rêves, il faut de la persévérance : elle a pensé à tout, elle est prête à tout, mais elle n’a pas pris en compte la variable de l’amour, la seule force perturbatrice capable de faire vaciller toutes ses certitudes. Aussi parce que, pour la première fois peut-être, quelqu’un la regarde telle qu’elle est et l’aime vraiment.
1 prix et 5 nominations au Festival de Cannes 2017
1 au 6 mars
OH LUCY !
De Atsuko Hirayanagi – Japon – 1h35 – VOST
Avec Shinobu Terajima, Josh Hartnett, Kaho Minami…
Cette étonnante comédie dramatique japonaise met en scène une employée de bureau dépressive, qui se découvre une énergie insoupçonnée grâce à des cours d’anglais dans lesquels elle porte une perruque blonde et peut se libérer de ses inhibitions. Setsuko, devenue Lucy, tombe rapidement amoureuse de son professeur, et quand celui-ci disparaît soudainement, elle embarque sa sœur dans une quête qui les mène jusqu’au sud californien.
L’apprentissage d’une langue étrangère implique un changement de personnalité : c’est la belle idée de ce premier long métrage doux-amer.
8 au 13 mars
BELINDA
De Maria Dumora – France – 2017 – 1H47
Documentaire
Documentariste qui aime travailler ses sujets sur le long terme, Maria Dumora suit depuis une décennie et demie une jeune fille du nom de Belinda, devenue aujourd’hui jeune femme. L’accompagnent sa sœur, ses parents, malgré les placements en famille d’accueil, son amoureux qui ne sait pas lire… Un microcosme yéniche (des tziganes au patois dérivé de l’allemand), digne d’un roman naturaliste, dans une France de la marge, de la paupérisation, dans l’Est de l’Hexagone, pour lesquels il est souvent également question de prison – elle est évoquée pour le père, le futur mari et Belinda elle-même, faute de pouvoir s’insérer dans la société.Avec un regard naturaliste évident, la réalisatrice trahit surtout son attachement pour la jeune femme, sa gouaille prolétaire, son authenticité qui transpire la générosité à chacune de ses apparitions, dans des tenues de Cosette des temps modernes.
Marqué du seau qualitatif de l’ACID à Cannes, le film de Marie Dumora est un bijou.
15 au 20 mars
LE RIRE DE MA MERE
De Colombe Savignac et Pascal Ralite – France/Belgique – 2017 – 1h32
Avec Suzanne Clément, Grégoire Colin, Pierre Demolon, Igor Van Dessel, Corrado Invernizzi, Sabrina Seyvecou…
Adrien est un adolescent timide. Bousculé depuis que ses parents, Romain et Marie, sont séparés, il partage son temps entre son père et sa mère qui ont gardé une douce complicité. Un jour, Adrien apprend le pire : sa mère est gravement malade. Elle a beau rester bravache, l’ado sait qu’il va devoir être très courageux et grandir plus vite que prévu… La jolie réussite de ce premier long métrage réside dans sa manière d’éviter le pathos ; c’est un drame lumineux, d’une pudeur remarquable pour un tel sujet: le deuil du point de vue de l’enfant. Une tendresse diffuse et de nombreux traits d’humour tirent le film vers une ode à la transmission de la vitalité et aux souvenirs joyeux, qu’il faut garder coûte que coûte.
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Merzak Allouache
Algérie
Réalisateur, scénariste
Omar Gatlato, Bab El Oued City, Harragas, Normal!, Le Répenti, Les Terrasses, Enquête au Para
ENTRETIEN AVEC MERZAK ALLOUACHE
Depuis quand avez-vous en tête ce film, autopsie passionnante de l’Algérie ?
L’idée de ce film a germé lorsque j’ai constaté la prolifération, sur Internet, des vidéos de prêche, comme celle sur laquelle s’appuie Nedjma pour mener son enquête. Au fil de mes tournages – Harragas en 2009, Le Repenti en 2013, Les Terrasses en 2015 – j’ai observé les mutations de la société algérienne, la prégnance grandissante de la religion. Si l’on porte son regard au-delà des milieux petits-bourgeois qui circulent, qui voyagent, existe une Algérie profonde où la vie est très dure. Les gens n’ont rien, en particulier les jeunes qui constituent la majorité de la population. J’ai vu leur « mal vie ». Ils n’ont rien à quoi s’accrocher, sinon Internet et les chaînes satellitaires qui ont façonné un monde nouveau qui parle très peu français et est tourné vers le Moyen-Orient.
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Fatih Akin
Allemagne – Turquie
Réalisateur, scénariste, producteur
Head-On, De l’Autre Côté, Soul Kitchen, The Cut, In the Fade
Entretien avec Fatih Akin
COMMENT EST NÉ IN THE FADE ?
J’ai ressenti le besoin de faire ce film après les meurtres commis en Allemagne, contre des personnes d’origine turque, par des membres du groupuscule néo-nazi NSU (littéralement Clandestinité Nationale-Socialiste). Le procès de Beate Zschäpe, la seule survivante parmi les assassins, est toujours en cours. L’une des victimes n’habitait pas très loin de chez moi dans le quartier d’Altona, à Hambourg : c’était un homme avec qui mon frère avait joué au foot, quand il était plus jeune. Des meurtres proches, touchant des gens ayant la même origine que moi : j’aurais pu moi-même être l’une des victimes… (suite…)
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Leonardo di Costanzo
Italie
Documentariste, scénariste, réalisateur
L’Intervallo, L’Intrusa
Extraits d’un entretien avec Leonardo di Costanzo, réalisateur de « L’intrusa » qui signe ici sa deuxième fiction après un long passé dans le cinéma documentaire. (…)
Qu’est-ce qui vous a amené à passer du documentaire à la fiction ? Est-ce pour avoir une plus grande liberté narrative ?
Oui, il y a un peu de ça. En même temps, je ne sais pas si c’est une question de liberté. Avant je n’avais jamais pensé passer à la fiction. (…) Ce travail sur le monde des bénévoles et des associations est difficile à faire en documentaire. (…) Je suis arrivé à la fiction (suite…)
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Xavier Beauvois
Né le 20 mars 1967 à Auchel (Pas de Calais)
France
Acteur, réalisateur, scénariste
Nord, N’oublie pas que tu vas mourir, Le Petit Lieutenant, Des Hommes et des Dieux, Les Gardiennes
Comment le projet des GARDIENNES est-il né ?
Sylvie Pialat m’avait envoyé le roman d’Ernest Pérochon, il y a environ cinq ans.
Les Gardiennes est resté très longtemps sur un coin de ma table de nuit. Je ne
l’ouvrais pas, mais il était là et mon regard tombait souvent sur lui. Sylvie et moi
l’évoquions à chaque fois que nous nous croisions. Je sentais qu’elle entretenait
avec ce livre un rapport littéraire mais aussi affectif, qu’il y avait toute une histoire… (suite…)
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MAKALA
MAKALA
Emmanuel GRAS – France – 2017 – 1h36
Documentaire avec Kabwita KASONGO
Un Congolais part vendre son précieux charbon. Y parviendra-t-il ? Un documentaire qui bascule vers la fiction. Propos de l’auteur recueillis par Cédric Lépine :
Emmanuel Gras : L’aspect politique des choses dans ce film reste vrai en dehors de la réalité spécifique même du Congo. Je cherchais plus à montrer une condition de vie qu’une réalité sociale au Congo. Je pense que j’aurais pu faire le même film dans d’autres pays d’Afrique, parce que la question du bois, de l’énergie est présente partout. La dimension politique du film consistait à demander, à travers le parcours d’un homme, ce que signifie travailler pour vivre. Ainsi, tout le projet du film au départ était beaucoup plus matérialiste que le résultat final. Je souhaitais montrer tout l’effort et ensuite le résultat de cet effort. C’est pourquoi apparaissent toutes ces discussions sur les prix pour comprendre le prix des choses. La dimension politique du film est précisément là. Au cours du tournage, j’ai découvert qu’en suivant la réalité d’un homme on découvrait progressivement la réalité d’un pays : on voit ainsi, par exemple, la corruption plus ou moins officielle du pays. Mon but consistait à faire un film de cinéma où l’on suit une histoire et non pas de faire une étude journalistique sur les réalités d’un pays d’Afrique. (…)
J’avais la volonté de suivre quelqu’un non pas pour montrer un individu seul, mais parce que je trouvais que c’était la meilleure manière de raconter une histoire en suivant l’effort d’une personne. Je voulais que l’on s’attache physiquement à lui en mettant en scène différentes sensations en dehors de toute considération du rapport de l’individu au collectif. En ce qui concerne la manière d’intégrer ce personnage au village, il ne s’agit pas d’une volonté absolue de le montrer seul. J’avais filmé d’autres scènes où on le voit en lien avec le reste du village, buvant des coups avec ses amis, lors de réunions avec le chef du village… Comme ma ligne directrice consistait à montrer le travail, j’ai peu à peu resserré le cadre sur lui et sa famille. (…) Il n’y a aucune structure venant de l’État auquel se rattacher. C’était pour moi évident que ce contexte apparaisse dans le film. (…) Kabwita a fait plus qu’être un sujet de film : il est devenu acteur du film au sens où il a été totalement participatif des scènes. Il a été créateur d’un événement. Je pense aussi que le film était pour lui l’occasion de se mettre en scène de la manière dont il voulait se montrer. J’aime beaucoup cette idée selon laquelle le documentaire consiste à filmer des acteurs qui jouent eux-mêmes leur vie. J’ai filmé un héros et je voulais qu’il apparaisse ainsi au générique.
Prochain Ciné débat : le lundi 29 janvier dans la salle après la séance de 19h30 ou 20h, sur le film INTRUSA
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les gardiennes
Les Gardiennes
Sorti le 6 décembre 17. 2h14
De Xavier Beauvois
Avec Nathalie Baye, Laura Smet et Iris Bry
Des femmes sans hommes, sept ans après Des Hommes et des dieux, du même Xavier Beauvois. Des femmes dans une ferme, il y a un siècle, pendant la Première Guerre mondiale. Voir Les Gardiennes,c’est s’embarquer, à tous égards, pour un voyage dans le passé. L’auteur du roman adapté (1) , ErnestPérochon (prix Goncourt en 1920 pour un autre livre, Nêne), a sombré dans l’oubli. Le monde représenté, la vieille paysannerie française, est presque effacé. La correspondance est donc complète entre le travail de la terre échu aux héroïnes, si concret, si lent, et la patience de Xavier Beauvois construisant son film comme un mur de pierres sèches : l’ampleur, l’intensité ne se donnent pas d’emblée. Peu à peu, la singularité du film se déploie : cette parenthèse hors du temps, pendant des saisons, des années. Ces vies suspendues à une éventuelle mauvaise nouvelle, et où tout est reporté à un hypothétique « après la guerre », prononcé comme une formule magique.Xavier Beauvois et son opératrice Caroline Champetier filment magnifiquement les visages : Laura Smet (la fille aînée), Cyril Descours (le fils cadet) n’ont jamais paru aussi vulnérables et vrais. Mais la meilleure part tient à un événement dont le cinéaste a indiqué qu’il était en partie survenu durant le tournage. Dans le rôle de l’orpheline, recrutée par les fermières pour pallier l’absence des hommes, la débutante Iris Bry, mélange de modestie et d’éclat, devient, irrésistiblement, la véritable héroïne des Gardiennes. C’est une affaire d’aura, puis de présence effective à l’écran. D’où l’impression rare d’assister à la réécriture de l’histoire, à la réinvention du film en cours de route.D’après Télérama
Xavier Beauvois s’attache ici à la communauté de ces femmes soudées par la nécessité de survivre, loin des champs de bataille qui leur confisquent leurs hommes. Comme toujours Beauvois a su choisir des actrices magnifiques, emmenées par Nathalie Baye (qu’il avait déjà dirigée dans Le Petit lieutenant, avec un César à la clé) et Laura Smet, qui incarnent à la perfection ces deux femmes ambivalentes, pas faciles, pas forcément sympathiques mais d’une force, d’une détermination incroyables. Et bien sûr, à travers le destin des femmes se démenant comme elles peuvent à l’arrière, le film évoque la cruauté du sort réservé à tous les hommes broyés par cette absurde tragédie que fut la « grande Guerre », traumatisme majeur du vingtième siècle. D’Après Utopia
La précision de la direction d’acteurs nous permet de nous attacher à une Nathalie Baye (Hortense), à peine reconnaissable et impressionnante sous les traits de cette femme d’un autre temps, à la fois forte et déboussolée face à la génération suivante qui entend bien tirer profit de cette situation imposée pour gagner quelque liberté tant sociale que sexuelle. Outre la finesse de jeu de Laura Smet, on reste subjugué par le naturel de la novice Iris Bry. Bien qu’il s’agisse de son premier passage devant la caméra, elle finit par s’octroyer le premier rôle et par devenir imperceptiblement l’âme du film. D’après Avoir Alire
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