Du 28 janvier au 2 février
De Leyla Bouzid – France – Tunisie – 2015 – 1h42
Avec Baya Medhaffar, Ghalia Benali…
L’histoire se passe à Tunis, durant l’été 2010, quelques mois avant la Révolution. Farah, une bachelière de 18 ans, croque la vie à pleine dents, tombe amoureuse, s’enivre et chante sur scène des chansons anti – gouvernementales au sein d’un groupe de rock engagé contre la volonté d’Hayet, sa mère qui, connaissant la Tunisie et ses interdits, vit dans la peur face aux agissements de sa fille. A travers le portrait de cette fille insoumise, c’est la soif de liberté et de révolte de toute une génération qui nous est montrée à quelques mois du printemps arabe. Avec ce premier long métrage attachant, Leyla Bouzid signe une réalisation dynamique et pertinente de sa Tunisie natale.
Ce film a déjà reçu de nombreux prix dans des festivals en particulier le prix du public à la Mostra de Venise.
Critique
La jeune réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid situe l’action de son premier film quelques mois à peine avant la révolution de Jasmin, avec la volonté de faire ressentir ce qu’était la vie des Tunisiens – et particulièrement de la jeunesse – sous l’ère Ben Ali : « J’ai voulu revenir sur la sensation d’étouffement, la peur continue qu’on ressentait alors. Il ne faut pas oublier ces émotions. Je parle plus particulièrement de l’atmosphère des derniers mois du régime. Alors que la corruption rongeait tout, les gens étaient agressifs, ils évoluaient dans l’incertitude. C’était un peu une fin de règne. Tout cela explique, au moins en partie, énormément de choses, notamment les raisons de l’explosion qui ont conduit à la révolution ».
Tunis, été 2010. Farah est une jeune fille brillante qui vient de réussir son bac avec succès et que sa famille imagine déjà médecin. Mais Farah est aussi une fille à l’énergie débordante – et au caractère bien trempé – qui veut profiter de la vie et de sa jeunesse. Elle sort dans les bars, s’enivre, découvre l’amour dans les bras d’un musiciens du groupe de rock dans lequel elle chante des textes engagés, qui parlent des problèmes de son pays, de sa frustration et de ses rêves qui sont aussi ceux de ses compatriotes. Libre et impulsive, Farah s’oppose à la volonté de sa mère Hayet, qui connaît les interdits de son pays et tente de la protéger en l’éloignant de son groupe. Car dans la Tunisie de Ben Ali, Farah est considérée comme une rebelle, les membres de son groupe sont d’ailleurs surveillés par la police. Mais le désir de liberté est trop fort pour être contenu. Et c’est peu à peu les rouages de la machine répressive qui vont se refermer sur la jeune fille, symbole d’une jeunesse fière et vivante qui veut rester debout, mais risque d’en payer le prix…
« A peine j’ouvre les yeux » est donc le portrait d’une jeune fille trop libre pour un système autoritaire qui n’a plus d’autres solutions que la répression et la violence pour perpétuer son règne, étendard d’une jeunesse qui fera entendre sa voix quelques mois plus tard. Le film de Leyla Bouzid laisse une grande place à la puissance de la musique – rock inspiré des rythmes du mezoued, musique populaire tunisienne – et aux textes chantés par Farah. Et offre deux magnifiques personnages à deux sublimes actrices autour desquelles le récit se resserre peu à peu : la jeune Baya Medhaffar, dont c’est la première apparition, incarne Farah avec une énergie ébouriffante face à la célèbre chanteuse tunisienne Ghalia Benali, remarquable dans le rôle de sa mère Hayet. (Critique UTOPIA )
Ce film a reçu de nombreux prix dans des festivals en particulier le Prix du Public et le Prix Label Europa Cinémas à la Mostra de Venise.
Film présenté en collaboration avec Amnesty International.
Présence d’Amnesty et discussion après la projection de ce film le lundi 1ier février.