Carlo Mirabella-Davis–USA-1h35 avec Haley Bennett, Austin Stowell, Elisabeth Marvel. VOST
Swallow nous plonge dans le quotidien d’une jeune et belle ménagère, trophée d’un mari riche et autoritaire, et sous l’emprise d’une belle-famille horrifique. Les images sont luxuriantes, le son est un délice auditif, l’histoire est fantasque, et la performance centrale d’Haley Bennett est époustouflante. Le premier long métrage de ce réalisateur newyorkais, est un véritable exploit. À la première lecture du pitch, Swallow a tout du film d’horreur. Cependant, l’exécution et le contenu narratif bouleverse cette réalité pour le transformer en une histoire qui s’apparente davantage au drame relationnel et conjugal. Le film va plus loin – beaucoup, beaucoup plus loin – en examinant sans peur comment cette jeune femme profondément troublée peut changer sa vie. Car si Mirabella-Davis peint subtilement un portrait sensible et convaincant d’une personne vivant avec le Pica, comportement qui consiste à avaler des objets non comestibles, c’est davantage le rapport d’Hunter à sa famille et sa situation psychologique dans ce cadre de vie, qui attire toute notre attention. Si elle a vécu beaucoup de choses difficiles dans sa jeune vie (sans dévoiler plus qu’il n’en faut), cette femme s’est toujours protégée des confrontations. Elle s’est donc naturellement laissée emprisonner jusqu’à suffoquer dans cette condition de femme-objet. Alors, ce trouble qui s’immisce en elle, et qui a à voir précisément avec les objets (en même temps d’ailleurs qu’un autre corps étranger imposé se développe dans son utérus) s’apparente à la seule chose dans sa vie qu’elle semble pouvoir « contrôler ». Et ce faisant, à travers son trouble, Hunter acquière peut-être les compétences nécessaires pour s’en sortir, telle une libération cathartique que le Pica lui apporterait ; elle ne contrôle pas tout à fait sa compulsion mais, au moins, personne d’autre ne le fait non plus pour elle. Prix spécial du jury au festival de Deauville. Extraits de la critique de Gadreau Jean-Luc, SensCritique.