SAINT LAURENT – STILL THE WATER – LEVIATHAN – GERONIMO – NEAR DEATH EXPERIENCE – METAMORPHOSES
Attention : vérifier les horaires des séances sur le site Ciné Mont Blanc
Du 16 au 21 octobre
De Bertrand Bonello – France 2014 – 2h25
Avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Léa Seydoux, Louis Garrel, Amira Casar, Aymeline Valade, Helmut Berger, Jasmine Trinca…
Yves Saint-Laurent se trouve être le personnage principal, et c’est bien en tant que couturier de génie qu’il est montré à l’écran, pourtant, à aucun moment le film ne respecte le code implicite du registre biographique ; il en emprunte des touches parcimonieuses, pour brosser ce qui ressemblerait davantage à un portrait cinématographique du couturier. De la vie de YSL, Bonello retire ce que l’on attend, pour livrer un film sur ce que lui en retient – la création et le désir, propulsés à des niveaux d’intensité extrêmes. L’écriture se loge dans un registre quasi-littéraire, voire proustien, comme si le souffle dont le cinéaste avait besoin appartenait nécessairement au domaine du romanesque. Saint Laurent laisse sur le spectateur une impression de profondeur, qui fait du film une œuvre d’atmosphère très forte, à même de saisir non seulement une trajectoire artistique et un « esprit du temps » somptueux et flamboyant , mais également une zone grise de sentiments, incarnée dans des scènes d’un trouble rare.
Du 23 au 28 octobre
De Naomi Kawase – Japon 2014 – 1h59 – VOST
Avec Jun Yoshinaga, Nijiro Murakami, Miyuki Matsuda…
Après deux documentaires, Naomi Kawase revient à la fiction avec cette chronique tournée dans les paysages splendides de l’île d’Amani, au sud du Japon. C’est dans ce décor subtropical que vivent Kaito et Kyoko, deux adolescents inséparables. Lui cherche à renouer avec son père, parti à Tokyo après son divorce. Elle se prépare à la mort de sa mère, chamane atteinte d’une maladie incurable.
On sent en permanence la fascination de Naomi Kawase pour les banyans multicentenaires et pour l’eau aux variations infinies de bleu qui enveloppe l’île comme un cocon apaisant ou destructeur. La mise en scène brouille les limites entre la mer et la terre, comme elle abolit la frontière entre la vie et la mort.
Sélection officielle du festival de Cannes
Du 30 octobre au 4 novembre
D’Andreï Zviaguintsev – Russie 2014 – 2h21 – VOST
Avec Alexeï Serebriakov, Elena Liadova…
L’action de « Leviathan » se déroule dans une petite ville au bord de la mer de Barents. Kolia vit paisiblement avec sa nouvelle femme et son fils issu d’un premier mariage. Tout bascule le jour où Vadim Sergeyich, le maire corrompu de la ville veut exproprier la famille… Le regard du cinéaste sur son pays est sans indulgence ni pitié. Zviaguintsev s’attaque aux quatre piliers de la Russie moderne : l’illusion de la démocratie, la corruption, la religion et l’alcoolisme. « Leviathan » nous frappe par la puissance de sa mise en scène, la beauté de ses images, la force de caractère de ses personnages.
Prix du scénario à Cannes 2014.
Du 6 au 11 novembre
De Tony GATLIF – France 2014 – 1H44
Avec Céline Salette, Nailia Harzoune…
Un travelling époustouflant pour commencer : deux jeunes gens roulent à fond de train sur une plage. Elle, sublime, hurle : « je t’aime », à son compagnon. Incroyable mélange de flamenco et de musique turques en bande son, immédiate sensation de liberté : pas de doute, Tony Gatlif est de retour. Qu’a bien pu encore inventer ce cinéaste, né il y a soixante-dix à Alger, d’un père kabyle et d’une mère gitane : rien moins que Roméo et Juliette, West Side Story ou Noces de sang, réunis dans un même film ou presque… A ceci près qu’un personnage ne va pas tarder à illuminer le film : il s’agit d’une éducatrice, elle s’appelle Geronimo, tout le film semble procéder de la force stupéfiante qui émane du regard de Céline Salette… Splendide, Geronimo, est un film violent sur la non-violence, manifeste moral et politique, salut, humain que nous adresse Tony Gatlif en ces temps de temps mauvais.
Du 13 au 18 novembre
De Gustave Kervern et Benoît Delépine – France 2014 – 1h27
Avec Michel Houellebecq, Marius Bertram, Benoît Delépine…
Présent à l’écran pendant toute la durée du film, Michel Houellebecq incarne un personnage alcoolique, dépressif, suicidaire, plus vrai que nature. Désertant le foyer familial, il s’échappe à vélo dans la montagne et se retire du monde au cours d’une errance mélancolique qu’il poursuit à pied, accomplissant ainsi une sorte de tournée des adieux à sa propre vie.
Au fil de cette errance, les réalisateurs et Houellebecq lui-même, jouent parfaitement du personnage que l’écrivain a lui-même créé : une sorte de symbole du spleen de l’époque, un chantre du crépuscule de nos sociétés. Et il réussit à happer le spectateur. Qu’il danse sur du hard rock ou parle aux pierres, il impose un personnage de cinéma assez inédit, à la fois tragique et burlesque, comme un Buster Keaton des temps modernes.
Du 20 au 25 novembre
De Christophe Honoré – France 2014 – 1h42
Avec Amira Akili, Sébastien Hirel, Damien Chapelle…
Revisiter les mythes gréco-romains dans le monde d’aujourd’hui, c’est que nous propose le cinéaste, à partir de l’œuvre d’Ovide. Et aujourd’hui, nous savons depuis Freud, qu’ils sont des figurations poétiques de notre vie psychique inconsciente. Donc, dans cette aventure mythologique, une jeune lycéenne prénommée Europe rencontre Jupiter, qui deviendra son amant, mais aussi son guide dans le dédale des intrigues divines. La mythologie devient ainsi un terrain de jeu, accessible, accueillant, joyeusement peuplé ; avec Junon, Narcisse, Hermaphrodite, Tirésias, Philémon, etc. les légendes reprennent du corps et se réactualisent.