Michael Haneke

Né le 23 Mars 1942 à Munich, Allemagne

Autrichien

Réalisateur, scénariste

Le Septième Continent, Benny’s Video, Funny Games, La Pianiste, Caché, Le Ruban Blanc, Amour, Happy End

 

 

Plus noir que jamais, Michael Haneke renoue avec ses thèmes fétiches dans « Happy end », le portrait glaçant d’une famille bourgeoise, aveugle et sourde à la souffrance autour d’elle, épinglant au passage notre « indifférence » et le « manque d’empathie » de nos sociétés.

« Happy end » se déroule à Calais et a d’abord été présenté comme un film sur les migrants. Qu’en est-t-il ?

« J’étais furieux quand j’ai vu ça. Ce n’est pas du tout un film sur les migrants. Comment pourrais-je le faire ? Je n’y connais rien. C’est un film sur notre indifférence vis-à-vis de l’Autre dans tous les sens du terme. C’est ça le sujet du film. J’ai voulu tous nous critiquer, moi aussi, tout le monde, sur notre façon d’être sans empathie, soit dans la même famille, soit vis-à-vis des autres gens, soit vis-à-vis des migrants. Je décris la bourgeoisie parce que c’est ce que je connais le mieux, mais ce n’est pas un film qui veut critiquer la bourgeoisie. Le film touche toute la société. »

La violence, la famille qui implose, la place des écrans… Peut-on voir ce film comme un condensé de votre oeuvre ?

« Je voulais raconter une famille avec des histoires quotidiennes. A part la petite fille (qui utilise les réseaux sociaux pour confier qu’elle veut empoisonner sa mère, ndlr) tout le reste correspond à des comportements que je vois tout le temps. On se trompe, on cherche son petit avantage, ce sont des banalités qu’on voit tous les jours. Je vois le film comme une farce parce que, dans les pays riches, nous n’avons plus le droit à un drame. Si ma femme me quitte, c’est un drame pour moi, mais par rapport aux vrais drames dans le tiers monde, c’est ridicule. C’est hypocrite ou disproportionné. »

Les réseaux sociaux et les smartphones sont très présents dans le film et sur l’affiche. Est-ce une réflexion sur l’usage qu’on en fait ?

« Ce n’est pas à moi de juger si je trouve ça bien ou pas: le film ne juge pas, il montre la vie quotidienne. Or, on ne peut pas parler de la vie quotidienne sans parler de la fonction des médias car notre vie en est remplie. C’est un problème évidemment. Pour le film, je me suis inspiré d’une histoire vraie, celle d’une fille qui a essayé d’empoisonner sa mère et l’a mis sur internet. Ce qui m’a intéressé, c’est le désir inconscient d’être découvert. Internet a peut-être pris la fonction de la confession à l’église aujourd’hui. On a besoin de quelqu’un qui nous pardonne nos péchés (rires). Pourquoi le raconte-t-elle? Pour se mettre en avant? C’est ce qu’elle dirait si on lui demandait mais c’est trop simple. La vraie raison est peut-être plus profonde. Elle le fait peut-être pour être punie de ses désirs. »

Source: Relaxnews (AFP) 29 septembre 2017

 

 

 

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