Tout ce qu’il me reste de la révolution

Tout ce qu’il me reste de la Révolution

Un film de Judith Davis

France – 2018-1H28

Avec Judith Davis, Malik Zidi, Claire Dumas…

          

La critique par Guillemette Odicino. Telerama

Comment parler des illusions marxistes qui se sont cassées la gueule ? En râlant ! Dans cette comédie romantico-politique rageuse et très drôle, la jeune réalisatrice incarne elle-même Angèle, une jeune architecte qui vitupère contre tout et tout le monde, tentant de compenser l’échec des idéologies de ses parents militants : papa qui n’a pas bougé d’un iota depuis qu’il distribuait l’Humanité, et maman qui a tout lâché pour s’installer à la campagne.

Vouloir changer le monde : hériter de ce rêve est une malédiction, mais, aussi, une injonction à tracer sa propre voie citoyenne et sentimentale. Le film, adapté d’un spectacle du collectif L’Avantage du doute, fluide et énergique dans sa mise en scène, est un festival de dialogues, dont certains appelés à devenir culte – « Ce n’est pas un peu réducteur de se présenter par sa profession ? Je ne dis pas ça parce que je n’en ai pas… ». Ils fusent, échangés avec un plaisir communicatif par une troupe – pardon, ici, mieux vaut dire « collectif » – de comédiens épatants. Une comédie qui redonne la foi en tout.

La critique par Luc Chessel. Liberation

…Ça passe par un groupe de parole et une grande actrice, qui viennent comme des antidotes au cinéma de résolution. Le groupe de parole, mis en place par Angèle et son amie pour discuter maladroitement à plusieurs de la vie et de la politique, ne résoudra pas la question de comment être heureuse, d’ailleurs il ne résout aucune des pistes qu’il lance : il ne produit que du groupe et de la parole (et une histoire d’amour), et fait l’effort de s’avouer que c’est déjà beaucoup.

En fait, le film abandonne en chemin toutes les questions mal posées (le côté «ce qu’il me reste de ma famille»), en prenant le parti de la maladresse drolatique, de la fatigue et de l’incertitude, y compris politiques, contre celui de l’accomplissement de soi, qui ne peut mener, comme le montre une bonne séquence surprenante de violence, qu’au burn-out et à la folie. Il cherche plutôt ce qu’il reste du cinéma, dans tout ça et aujourd’hui

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