MEDUSE |
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De Sophie Lévy – France – 2022 – 1h26 |
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Avec Anamaria Vartolomei, Roxane Mesquida, Arnaud Valois, Léo Dussollier…
Un huis clos envoûtant porté par un remarquable trio d’acteurs.
Il y a vingt et un ans, Roxane Mesquida crevait l’écran dans un film particulièrement dérangeant de Catherine Breillat « A ma sœur ». Le titre aurait été tout aussi pertinent pourl’étonnant premier long métrage de Sophie Lévy, MEDUSE, dans lequel l’actrice interprète Romane, une commerciale entièrement dévouée à sa cadette, Clémence (Anamaria Vartolomei), restée hémiplégique et privée de la parole à la suite d’un accident de voituredont Romane est sortie saine et sauve. Les deux sœurs vivent seules dans la grande maison isolée que leur a léguée leur grand–mère, au cœur d’une forêt de pins.
Un soir Romane rentre tard chez elle en compagnie de Guillaume (Arnaud Valois) un pompier dont elle est tombée rapidement amoureuse. Le lendemain matin Guillaumedécouvre une fille dans le salon : c’est Clémence. Il va progressivement se sentir investi d’une mission : lui redonner corps et vie. Son arrivée bouleverse ce huis clos. Guillaume vas’attacher à Clémence, persuadé que ses exercices de rééducation vont l’aider à retrouver la parole et l’usage de ses jambes. Mais au fil du temps, le rapprochement et la complicité de Clémence et Guillaume vont devenir de plus en plus insupportables pour Romane.
Méduse est un film d’atmosphère envoûtant. Où la violence exacerbée des sentiments, sur fond de solitude, de culpabilité et de paranoïa, est nimbée d’une lumière éthérée et de superbes couleurs d’automne.
Les références à la gorgone Méduse, cette figure de la mythologie grecque à la tête couverte de serpents et dont le regard transformait en pierre quiconque la regardait, ponctuent habilement le récit, comme dans les plans récurrents où les chevelures de Clémence et de Romane semblent se mêler inextricablement. L‘ambiguïté de leur relation fusionnelle, entre complicité et rivalité plus ou moins fantasmée, est incarnée avec brio. Roxane Masquidaimpressionne autant dans la dureté que dans la vulnérabilité, et Anamaria Vartolomei, dans un rôle encore plus éprouvant que celui de sa partenaire, confirme, un an après L’Evènement,d‘Audrey Diwan, qu’elle est l’une des actrices les plus prometteuses de sa génération.