De Ronit et Shlomi Elkabetz – France-Israël 2014 – 1h55
Avec: Ronit Elkabetz, Simon Abkarian, Menashe Noy, Sasson Gabay….
Vivian Amsalem demande le divorce, obstinément refusé par son mari Elisha depuis trois ans déjà. En Israël, seul les rabbins sont habilités à prononcer un tel jugement, à condition que l’époux y consente. Vivian et et Elisha vont passer leur temps devant ce tribunal peu équitable. Deux heures entre quatre murs gris, sans autre action que le débat entre les parties et les juges: le dispositif théâtral mis en place par Ronit et Slomi peut effrayer. Crainte vite dissipée par la puissance de la tragédie qui se joue ici et dont la caméra enregistre les soubresauts, sans partialité. Du cinéma il y en a partout, dans cette histoire originale formidablement dialoguée, dans la cohérence et la persistance du point de vue (toujours celui du personnage qui parle), dans la composition des cadrages, dans la qualité de l’interprétation… Mais évidemment, ce que l’on retient, c’est le portrait saisissant que les Elkabetz dressent en creux de leur pays, à la fois moderne et féodal en ce qui
concerne la condition de la femme, irréductiblement liée au bon vouloir des hommes. Le constat est implacable, fait froid dans le dos.
Le Procès de Vivian Amsalem vient boucler la boucle en retraçant le divorce du couple de façon austère et brillante. En affichant à l’écran les différentes séquences de l’épreuve qui durera cinq ans, le passage du temps, élément central du récit, rythme et marque la distance, celle d’un chemin de croix épuisant.