D’une vie à l’autre

D'une vie a l'autre 1De Georg Maas – Allemagne/Norvège – 1h37 – VOST

Avec : Juliane Köhler, Liv Ullmann, Sven Nordin, Ken Duken, Julia Bache-Wiig, Rainer Bock, Thomas Lawincki, Klara Manzel.

Voilà à la fois un polar historique et un drame familial sur un sujet méconnu du grand public, les enfants norvégiens « confisqués » par les nazis. Katryn est l’un d’entre eux. Mais loin de tomber dans le récit traumatique, Georg Maas en fait une héroïne d’action. Il teinte son intrigue de l’ambiance de la guerre froide et n’hésite pas à jongler avec les époques (le grain façon seventies est magnifique). Le film dénonce les agissements de la STASI qui surveillait des Lebensborn, « enfants du Reich », enrôlés comme espions après la Seconde Guerre mondiale. C’est donc une page historique que raconte ce film, en suivant le cas d’une femme, Katryn, fruit d’une relation entre une Norvégienne et un soldat allemand pendant la Seconde Guerre Mondiale, et porteuse d’un lourd secret politico-familial qui peu à peu se dévoile. Les faits sont édifiants, mais le réalisateur ne choisit jamais entre thriller à suspense et drame psychologique ; plutôt, il veut mener ces deux axes de front et n’y parvient pas toujours. La réalité prime ici sur le cinéma.

Europe 1990, le mur de Berlin est tombé. Katryn a grandi en Allemagne de l’Est, et vit en Norvège depuis 20 ans. A sa naissance, elle a été placée dans un orphelinat réservé aux enfants aryens. Elle parvient à s’échapper de la RDA des années plus tard pour rejoindre sa mère. Mais, quand un avocat lui demande de témoigner dans un procès contre l’Etat Norvégien au nom de ces «enfants de la honte», curieusement, elle refuse. Progressivement de lourds secrets refont surface, dévoilant le rôle de la STASI, les services secrets de la RDA, dans le destin de ces enfants. Pour elle et ses proches, quel est le plus important ? la vie qu’ils ont construite ensemble, ou le mensonge sur lequel elle repose ?… Au sein d’une distribution impeccable, Liv Ullmann et Juliane Köhler, mère et fille à l’écran, suscitent des émotions fortes en jouant la carte de la retenue et de la délicatesse. Beau film grave, intriguant et bouleversant.

Critiques de Presse

Studio CineLive (Sophie Benamon) : Il y a du Millénium dans ce polar, tant il ne cesse de surprendre par ses rebondissements. Il y a aussi de La Vie des Autres et de son ambiance paranoïaque dans ce film d’espionnage qui pointe les excès de la RDA.

Le Figaro (Marie-Noëlle Tranchant) : Ces faits authentiques découverts malgré la destruction hâtive d’archives par la Stasi, fournissent son intrigue de thriller, habilement diffusée dans la vie ordinaire. Le film a le grand intérêt de mettre en perspective la destinée tragique des enfants du Lebensborn, à travers trois époques successives. De bons comédiens apportent à l’épisode historique ses tragiques résonances intimes. Reste du Lebensborn un amer désastre humain.

Première (Isabelle Danel) : Dans les années 40, des centaines d’enfants nés de soldats allemands et de Norvégiennes ont été arrachés à leur mère et placés dans des orphelinats en Allemagne. Devenus grands, certains ont été utilisés comme espions par la Stasi. Fondé sur ces faits réels et sur un roman de Hannelore Hippe, D’une Vie à l’Autre tisse son intrigue entre documentaire, mélo et film d’espionnage. Personnages se retrouvant le jouet des circonstances, famille au bord de l’implosion, hommes de l’ombre prêts à faire disparaître les gêneurs… Cette enquête sur le mensonge reste classique dans sa forme. Sur le fond, elle ménage quelques surprises en dévoilant, avec l’évocation des « enfants de la honte », un pan peu reluisant de l’histoire.

Nouvel Obs (Marie-Elisabeth Rouchy ) : Entre polar et drame identitaire, le film, porté par la comédienne Juliane Köhler, distille une petite musique sourde, lourde des violences du passé.

New York Times (Stephen Holden) : Ce film est absorbant, bien joué, haletant ; les évènements sont impénétrables.

Les Fiches du Cinéma (Michel Berjon) : Deux pays, deux vies, font par conséquent deux films : un drame familial peu banal et un film d’espionnage efficace.

Le Monde (Sandrine Marques) : Ce thriller politique lève le voile sur la condition douloureuse d’enfants issus de ces amours réprouvées avec l’occupant.

 

 

 

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