DE GRANDES ESPERANCES
DE SYLVAIN DESCLOUS
Avec Rebecca Marder, Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot…
De Grandes Espérances raconte l’histoire de Madeleine et Antoine, un jeune couple plein d’espoir et d’ambition, qui préparent ensemble leurs imminents oraux de l’ENA. Alors en visite chez le père d’Antoine dans sa maison en Corse, les deux politiciens en devenir montrent fièrement leurs idées progressistes et leurs projets pour le futur à une classe politique plutôt réfractaire. Mais ces espoirs volent en éclat lorsqu’une altercation éclate sur une route, vire au drame et que Madeleine et Antoine décident de dissimuler les preuves de leur culpabilité. De retour à Paris, la jeune femme est recrutée par Gabrielle Dervaz, députée socialiste ex-ministre qui voit en elle sa conseillère personnelle. Mais le drame qu’ils ont tenté de laisser en Corse va finir par les rattraper…
Le long-métrage est construit comme un thriller politique sous tension, où les traumatismes et les fantômes planent au-dessus de ses deux personnages principaux. Madeleine est d’ailleurs le point de vue polarisateur du film, faisant tourner toutes ses thématiques autour de son interprète Rebecca Marder qui excelle de bout en bout (elle confirme cette année après sa performance savoureuse dans le Mon Crime de François Ozon son talent puissant et intelligemment protéiforme). La comédienne trouve ici un rôle sombre, celui d’une jeune étudiante en politique aux ambitions d’excellence qui verra ses espoirs basculer lorsqu’un drame et ses conséquences terribles s’abattront de plein fouet sur elle, sur sa famille et sur sa carrière. Desclous et Pierre Erwan Guillaume (qui signent le scénario) composent alors une fresque politique en pleine décrépitude, faisant glisser le ton du film entre le polar nerveux lorsque les mensonges menacent, le récit dramatique amené par les relations entre les personnages et le thriller à tendance horrifique qui fait planer les fantômes de certains traumatismes. C’est à ces égards que De Grandes Espérances plantent autant de graines riches en thématiques fortes, en évoquant notamment l’émergence d’une nouvelle génération politique qui cherche à coup d’idéaux et de valeurs assumées à faire sauter les bâtiments idéologiques préétablis. Leurs alignements à gauche du spectre politique installés dès la discussion d’ouverture, le film peut alors se permettre de scruter l’âme humaine en utilisant particulièrement le personnage d’Antoine. Ce dernier, traitant son traumatisme par la fuite, agit en miroir par rapport à Madeleine, qui bâtissent ensemble une dualité idéologique creusant le cœur du long-métrage.