Une jeune Japonaise apprend l’art du thé par hasard et découvre, au fil des ans, comment vivre l’instant présent. Une chronique simple et intense.
Un film japonais sur la cérémonie du thé… Un peu attendu ? La crainte du folklore exotique est vite balayée par la fraîcheur de l’héroïne, qui nous raconte son histoire de vive voix, comme si nous étions attablés avec ses copines, à la fac. Noriko a 20 ans et ne sait pas à quoi elle pourrait se consacrer. Entraînée par sa cousine Michiko, elle décide d’apprendre l’art du thé. Et les voilà qui pouffent devant la méticulosité de Mme Takeda (merveilleuse Kiki Kirin, disparue depuis le tournage) et l’incroyable précision de son enseignement. « Il faut que la tranche de vos petits doigts touche le tatami en posant la jarre d’eau. » Verdict des élèves : c’est très marrant, le thé.
En entrant pas à pas dans une vénérable tradition nippone, le réalisateur n’hésite pas à rendre instructive cette adaptation d’un roman de Noriko Morishita. Mais il n’y met aucun cérémonial. Il est du côté de ces jeunes filles, qui se confrontent avec insouciance à la sagesse de leur vieille enseignante. Elles ignorent ce qui comptera dans leur existence. Une cérémonie de la première bouilloire de l’année chasse l’autre, une décennie s’envole, et Noriko reste fidèle à son rendez-vous du samedi chez Mme Takeda. Sans pouvoir dire vraiment ce qu’elle en retire
Qu’est-ce que l’art du thé ? Un passe-temps ou un rituel sacré ? Cette interrogation court à travers le récit, qui montre à la fois le caractère précieux du breuvage et la fantaisie des réunions féminines auxquelles il donne lieu ici. Ce mélange raconte la vie, pareillement banale et précieuse à la fois. Le bonheur est de refaire les mêmes choses, apprend Noriko. Répéter les mêmes gestes pour faire infuser du thé ouvre, dès lors, de belles perspectives. Simplicité et raffinement dialoguent, légèreté et profondeur se répondent : voilà l’accord parfait