CHIEN DE LA CASSE
Film français de Jean-Baptiste DURAND-2023-1h33
Avec Anthony Bajon, Raphaël Quenard, Galatea Bellugi, Bernard Blancan…
Dog et Mirales… Leurs surnoms n’ont rien d’innocent… Dog, c’est Damien (Anthony Bajon), taiseux et timide. Mirales, c’est Antoine (Raphaël Quenard), tchatcheur et hâbleur. Ils sont amis d’enfance. Ils ont trente ans ou presque et vivotent dans un petit village endormi du sud de la France dans l’Hérault. Dog tue le temps en jouant à la console vidéo. Mirales ne fait rien de son CAP de cuisine. Il deale des barrettes de cannabis, et se promène avec son chien Malabar. Il vit avec sa mère dépressive. Dog et Mirales zonent ensemble, traînant le soir sur la place du village avec une bande de désoeuvrés comme eux. Aux Etats-Unis on les appelle des underdogs, des moins que chien… Les rues sont vides, les volets fermés, l’ennui, partout… Apparemment soudés depuis l’enfance, les deux amis cultivent une relation forte mais tordue. Mirales n’aime rien tant que chambrer son pote Dog, franchissant plus souvent qu’à son tour la limite de l’humiliation publique et du sadisme caractérisé. Lequel bien nommé Dog, d’une fidélité à toute épreuve, se laisse faire la plupart du temps, regardant dans le vague ou ses chaussures, s’excusant presque d’exister, quand l’autre, à tour de bras, le houspille et lui fait la leçon. Amitié indéfectible et profonde mais pas toujours bienveillante, nourrie de tout ce que la fraternité peut receler d’ambivalence. Ils voudraient être des hommes mais sont encore coincés dans une sorte d’adolescence, pour l’un dans un idéal absolu et orgueilleux, pour l’autre dans la torpeur caractéristique de cette période. Arrive dans ce petit village où l’ennui règne en maître, Elsa, jeune fille dont Dog va tomber amoureux… Cette venue dans la vie de Dog va mettre au grand jour le rapport de force constant dans lequel ils sont enfermés. Se rejoue alors entre eux une petite dialectique du maître et de l’esclave où on ne sait plus exactement qui a le plus besoin de l’autre pour exister, même si l’on voit parfaitement qui domine qui.
Servi par un duo d’acteurs époustouflants, le film est rythmé par des dialogues au cordeau où l’humour et les traits d’esprit fusent, bouffées d’air lumineuses et salutaires. Dans ce premier long-métrage, Jean-Baptiste DURAND suit la relation forte de ces deux underdogs de la France périurbaine troublés par cette jeune fille, où le verbe martyrise ou colore le monde de toute sa force, à l’image des lumières multiples qui composent le film dans ses contrastes forts et sa vive alternance