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Damien Chazelle

Damien Chazelle

Note d’intention du réalisateur

Il existe beaucoup de films sur la joie que procure la musique. Mais en tant que jeune batteur d’un orchestre de jazz dans un conservatoire, je ressentais bien plus souvent de la peur. La peur de rater une mesure, de perdre le tempo. Et surtout, la peur de mon chef d’orchestre. Avec Whiplash, je voulais réaliser un film qui ressemble à un film de guerre ou de gangsters – un film dans lequel les instruments de musique remplacent les armes à feu et où l’action ne se déroule pas sur un champ de bataille, mais dans une salle de répétition ou sur une scène de concert.
J’ai toujours été très intrigué par la figure du jeune Charlie Parker. (suite…)
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Christian Schwochow

Christian SchwochowChristian Schwochow est né en 1978 à Bergen en RDA. Il travaille comme auteur, et journaliste de radio et de télévision, avant d’étudier à la célèbre Film Academy Baden- Württemberg. En 2007, il obtient son diplôme avec le film November Child (L’enfant de novembre), qui fut un gros succès en salles et qui a remporté une douzaine de prix dont notamment le prix du public à Sarrebruck.
En 2011, il réalise son deuxième long-métrage Cracks In The Shell (La fille invisible) qui remporte le prix du Jury œcuménique, le prix de la meilleure actrice à Karlovy Vary et le prix german film pour la meilleure actrice dans un second rôle. Pour ces deux films, il écrit le scénario avec Heide Schwochow.
En 2012, il réalise l’adaptation du roman «TOWER» Best-seller pour la télévision allemande, qui remporte six prix Grimme.

Entretien avec le réalisateur Christian Schwochow et la scénariste Heide Schwochow

Comment avez-vous découvert le roman «Lagerfeuer» (Feu de Camp) de Julia Franck ?

CS : J’ai découvert ce roman au début des années 2000. A cette période, de nombreux livres de jeunes écrivains de l’Est, traitant de l’époque de la RDA et de ses conséquences, furent publiés. J’étais très intéressé par ces histoires de personnages qui changent de vie, aspirant à en vivre une autre, se retrouvant ainsi coincés dans un lieu transitoire étrange. J’ai eu le sentiment que c’était d’une certaine manière lié à mon histoire personnelle. (suite…)

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Abderrahmane Sissako

Abderrahmane Sissako

Violences, manque de sécurité, menace djihadiste… Pour réaliser “Timbuktu” au Mali, Abderrahmane Sissako a dû se confronter à la réalité qu’il dénonce.

Avec Timbuktu, Abderrahmane Sissako n’en finit plus de voyager. Au terme d’un périple entre le Mali, la Mauritanie et Paris, le cinéaste a présenté à Cannes, en mai dernier, son quatrième long métrage : tranche de vie (et de résistance) d’une ville occupée par les islamistes.

Très chaleureusement accueilli sur la Croisette, le film en est reparti bredouille, mais s’est taillé une réputation qui a conduit l’auteur de En attendant le bonheur (2002) etBamako (2006), figure de proue du cinéma africain, à sillonner la planète. A Los Angeles, où il fait campagne pour les Oscars. Au festival de Moscou, où il s’éclipse d’une projection pour sonner avec émotion à la porte de son ancienne chambre d’étudiant au VGIK, la grande école du cinéma soviétique.

Extrait de notre entretien avec Abderrahmane Sissako:

A Cannes, vous disiez que la révolte monte en vous depuis des années. Un événement particulier vous a-t-il poussé à écrire Timbuktu ?
Une femme et un homme lapidés, dans une petite ville du Mali, parce qu’ils avaient eu des enfants sans se marier devant Dieu. (suite…)

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David André

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Le Blog documentaire : Quelle drôle d’idée que ce film ! Une « comédie musicale documentaire », ou alors faudrait-il dire « documentaire social en chansons ». Comment en es-tu arrivé à cette proposition plutôt audacieuse ?

David André : Je m’interroge encore ! J’ai toujours fait de la musique, depuis que j’ai 16 ans. J’ai longtemps composé, chanté, fait chanter les autres… C’est quelque chose que j’adore, passionnément et simplement. Il y avait même une époque où je me trouvais assez bon… (rires) Et puis un jour, en discutant avec un ami, nous nous sommes dit en rigolant : « Y’en a marre de ces films trop sérieux et un peu austère ; faisons donc de la comédie musicale pour changer ! ». (suite…)

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Cédric Kahn

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Cédric Kahn et ses grands hommes de cinéma

Il a été le stagiaire de Yann Dedet, a co-écrit une ébauche de scénario avec Maurice Pialat, se dit très influencé par Terrence Malick, rend hommage à François Truffaut dans un film… Cédric Kahn nous parle de ses pères.

C’est un cinéaste qui se livre peu, qui n’a pas érigé sa signature en marque, comme tant d’autres : révélé en 1992 par Bar des rails, on l’a classé naturaliste, observateur en temps quasi-réel des élans du cœur (sur ce sujet, Trop de bonheur, son film suivant, reste son préféré). Vie sauvage est son neuvième film. Il raconte la cavale d’un homme qui veut élever ses enfants en pleine nature, et entremêle ce goût du filmage brut du réel avec une tentation romanesque. On a demande à Cédric Kahn, beau mec de 48 ans qui fait aussi l’acteur (dans Tirez la langue, Mademoiselle, par exemple) les hommes de cinéma qui ont compté pour lui. Ou pas.

François Truffaut

« Il ne compte pas tant que ça. A part La Femme d’à côté. Quand j’ai tourné Les Regrets, c’était un peu en hommage, ou en référence, je ne sais pas comment le dire, à La Femme d’à coté. C’est pour cela, sans doute, que la Cinémathèque Française m’a demandé de lire des extraits de sa correspondance. J’ai vu La Femme d’à côté entre 16 et 18 ans, je l’ai revu souvent, sa noirceur et son romanesque me touchent. Le reste de ses films est trop littéraire pour moi – j’aime des cinéastes plus tripaux”. Au-delà même du sujet, quelque chose d’organique, propre à un film, fait que tu te sens plus proche de telle ou telle œuvre. Définitivement, je suis plus Sautet que Truffaut, bien que Claude Sautet ait longtemps été ignoré par la critique ».

 

Maurice Pialat

« Son monteur, Yann Dedet m’avait embauché comme stagiaire sur Sous le soleil de Satan. J’ai 19 ans, c’est le premier film sur lequel je bosse. C’est extraordinaire, et ça le reste encore aujourd’hui, parce que moins j’ai de responsabilité, plus j’aime travailler dans le cinéma ! Je retrouve un peu ça en faisant l’acteur… Sur un tournage de Pialat, il y avait un sentiment de famille, assez peu hiérarchisée : que l’on soit stagiaire ou chef de poste, on pouvait se faire engueuler ou complimenter de la même manière… L’avantage du stagiaire monteur, c’est la proximité avec le cinéaste : une fois qu’on est dans la salle, on est trois, maximum quatre.

“J’ai mis beaucoup de temps
à comprendre qu’un scénario,
c’était déjà du cinéma”

Je l’ai fréquenté ensuite, beaucoup plus tard. Il avait vu mes films. Je me rappelle des critiques qu’il me faisait sur L’Ennui. Il disait ce qui n’allait pas et il ajoutait toujours : “Attention, si c’était pas bien, je dirais que c’est super…” Chez lui, il n’y avait jamais de méchanceté. Après Le Garçu, il était fatigué, il savait qu’il ne tournerait sans doute plus, mais il avait besoin de croire encore en l’idée d’un film possible. Il m’avait demandé de l’aider sur un scénario – il a dû le faire avec d’autres gens. Une adaptation d’un roman de Philip K. Dick, un roman réaliste, pas sa veine S-F, Aux pays de Milton Lumky. Il pensait aussi que je pourrais être second réalisateur, si les médecins refusaient de l’assurer. On a écrit ensemble une cinquantaine de pages, et puis on a arrêté.

Je ne me sers pas de l’enseignement de Pialat, ses méthodes de cinéma ne sont pas applicables, d’ailleurs il a été très mal imité. On croit que c’était un cinéaste du réel, qu’il faisait improviser ses acteurs, mais pas du tout, c’est un cinéaste du scénario, de la dramaturgie, du feuilleton même. A nos amours, si vous enlevez les ellipses, le récit prend une durée de feuilleton. Ma génération a eu tendance à oublier le scénario. Si Jacques Audiard a pris de l’avance sur tout le monde, c’est que lui ne l’a pas rejeté. Cette mythologie selon laquelle le cinéma de Pialat ne serait pas écrit nous a fait du mal. J’ai mis beaucoup de temps à comprendre qu’un scénario, c’était déjà du cinéma ».

Yann Dedet

« C’est mon formateur. J’ai été son stagiaire, son assistant et il a monté cinq de mes films. Ce qu’il m’apportait était parole d’évangile et c’est lui qui m’a dit : “Sois cinéaste, n’attends pas.” Il m’a appris la possibilité d’une forme de liberté par rapport à la technique, à la forme, il m’a appris qu’on peut monter une bonne scène avec les mauvaises prises, qu’il vaut mieux deux beaux plans qu’un bon raccord. Mon goût m’aurait conduit vers ça, mais il a accéléré l’avènement d’un cinéma libéré de la grammaire traditionnelle. De ce point de vue-là, il était en avance, plus personne ne tourne avec la grammaire d’antan, beaucoup de films se font sans scripte. Depuis, cela a été théorisé, établi, par le Dogme, par exemple. Avant Pialat, personne ne le faisait. J’ai pris un autre monteur pour L’Avion, je trouvais que Yann n’était pas adapté au projet, j’aurais mieux fait de me dire que c’était moi qui n’étais pas fait pour le film ! »

Terrence Malick

« J’aime tous ses films, quand j’aime un cinéaste je peux même aimer ses films ratés. Les gens commencent à moins le suivre mais même A la merveille, j’adore ! Pour Vie sauvage, bien sûr, j’ai pensé à lui : comment capter la lumière naturelle, coller au plus près des acteurs, atteindre une forme de sensorialité. Et puis se débarrasser du scénario, ce qui veut pas dire qu’il n’y en a pas. On peut prendre des libertés avec le scénario, le transformer, s’en émanciper à partir du moment où le récit est très clair.

“Avant je voyais la réalité
comme une agression à mon rêve,
maintenant je la vis comme une alliée”

Vie sauvage s’est transformé au tournage : le film était plus écrit, plus explicatif, il y avait plus de scènes sur les parents, il s’est rapproché des enfants, il s’est radicalisé. J’aime que la matière du scnéario se transforme. Avant je voyais la réalité comme une agression à mon rêve, maintenant je la vis comme une alliée. Je sais comment Malick tourne, je me suis renseigné, j’ai vu des docs. Il y avait un perchman sur mon film qui avait un peu bossé avec lui, je n’arrêtais pas de le persécuter de questions : il paraît que pour tourner une lumière naturelle, il fait construire des maisons sur roulements, de façon à ce qu’elles tournent avec le soleil ! Maintenant, ce qui me passionne, c’est le dispositif : je crois plus au dispositif qu’à la mise en scène. Malick tourne avec un dispositif, une machinerie très spéciale, rien n’est jamais figé ».

  • Propos recueillis par Aurélien Ferenczi
  • Publié le 31/10/2014. Mis à jour le 02/11/2014 à 20h16.
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Mélanie Laurent

melanie-laurent

Naissance 21 février 1983 (31 ans)
Paris France
Films notables:  Je vais bien, ne t’en fais pas
Dikkenek
Paris
Inglourious Basterds
Le Concert
La Rafle
Et soudain, tout le monde me manque
Les adoptés
Insaisissables

Nationalité Française

Profession Actrice
Réalisatrice
Chanteuse

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Andreï Zviaguintsev

“Tout est russe dans ‘Léviathan’, tout est vrai”, Andreï Zviaguintsev, cinéaste intelligent.

Entretien | En visite en France, Andreï Zviaguintsev, le réalisateur russe primé à Cannes pour “Léviathan”, nous en dit plus sur son film.

Votre film aligne toutes les idées reçues que l’on peut nourrir en Occident sur la Russie : alcoolisme généralisé, corruption, violence. C’est vraiment ça la Russie d’aujourd’hui ?
Heureusement ou malheureusement, oui, c’est ça, c’est la Russie. Je n’avais pas l’ambition de décrire tout un pays, je n’ai filmé qu’un segment de la population dans la Russie rurale, mais ce que vous voyez est vrai. Après avoir vu le film, le ministère de la Culture russe est sorti abattu et a dit : « Ce n’est pas possible de boire autant en Russie. » Bien sûr que c’est possible ! Un matin, pendant le tournage, de la fenêtre de ma maison, j’ai vu passer un type titubant le torse penché en avant et juste après, un autre, titubant aussi mais cette fois-ci le torse penché en arrière. C’était le début de la matinée ! Pas mal de gens m’ont dit que j’avais simplement décrit leur vie. Tout est russe dans ce film, tout est vrai. Mais évidemment, ce n’est pas toute la Russie ! Ce n’est qu’un film de 2h30, vous êtes obligé de concentrer votre propos et un autre réalisateur vous aurait montré autre chose. Vous pouvez aussi faire un film sur les hipsters ou les végétaliens de Moscou.

 Vous avez choisi de tourner votre film près de Mourmansk, très loin de Moscou, au nord du cercle polaire arctique. Pourquoi ?
C’est l’un des endroits les plus beaux de Russie. Nous avons visité soixante-dix villes dans un rayon de 800 kilomètres autour de Moscou. On a cherché partout. Chaque fois, c’était délabré, sale. A Tériberka, la nature est exceptionnelle, c’est le bout du monde, il n’y a pas d’arbre, il n’y a que du vent. [La ville de Tériberka est un village fantôme, qui fut habité par 12 000 habitants et n’en compte plus que 900 ; la plupart des immeubles sont abandonnés, ndlr].

 

Votre film a été financé à hauteur 35 % par le gouvernement de Vladimir Poutine. Ça signifie que Poutine accepte la critique et même la finance ?

[Rire jaune] Soit c’est un choix rationnel, un pari, une sorte de défi : on va montrer qu’on peut accepter la critique. Soit c’est juste irrationnel et donc russe : quelqu’un n’a pas lu le scénario jusqu’au bout, ce qui est très probable. On ne saura jamais. A la fin du tournage, on s’est dit que l’on avait besoin du soutien politique de gens extérieurs au milieu du cinéma parce qu’on allait sûrement se faire attaquer [le film contrevient à la loi qui interdit le langage ordurier dans les arts et les médias, ndlr].On a demandé à la veuve de Soljenitsyne. Elle a regardé le film, elle a été choquée mais le soutient. Elle est très croyante, mais elle a admis que l’ivrognerie générale, la corruption, tout ça était vrai. La seule chose avec laquelle elle n’est pas d’accord, c’est la scène finale. [Attention, spoiler !] En aucun cas, nous a-t-elle dit, on irait construire une église sur les « ruines de quelqu’un ». J’espère que le film sortira en Russie en 2015. Cet automne, une seule copie sera diffusée à Moscou, c’est la condition pour que le film puisse concourir aux Oscar.

Ce film ne risque pas de remporter un succès démesuré en Russie… Il heurte la fierté nationale.

[Soupir] Le patriotisme est très développé par le pouvoir. Avec les Jeux de Sotchi, puis la Crimée et maintenant le Donbass, la cote de popularité de Poutine est passée de 30 à 85 %. La plupart des gens croient la propagande des médias selon lesquels Poutine va sauver les pauvres Russes d’Ukraine. Ce pays est extrême, irrationnel, imprévisible et en pleine crise de nerfs à cause de la guerre en Ukraine.

En pleine crise de nerfs ?
Tout le monde est dévoré par ce qui se passe en Ukraine. Ça touche toutes les familles. Les gens se disputent, des amitiés sont détruites. Je ne regarde plus la télé depuis six mois et je ne suis pas présent sur Facebook, mais mes amis me racontent. Des gens ont perdu des amis de trente ou quarante ans. Chaque réunion de famille tourne au pugilat. Du coup, la plupart des gens décident de ne plus en parler. C’est un sujet trop sensible.

Vos films s’ancrent de plus en plus dans le réel. Léviathan est très loin du conte philosophique qu’était Le Retour. C’est un choix ?
Non, ce n’est pas du tout une stratégie artistique, je ne veux pas particulièrement m’inscrire dans le « cinéma du réel ». Il y a juste des choses qui me mettent hors de moi. Ce pays est peut-être trop vaste pour être gouverné. Pour la plupart des Russes, Poutine est un type totalement inaccessible et Moscou, à plusieurs jours de train. En Russie, on dit depuis toujours, « Dieu est haut, le Tsar est loin ». Dans un pays en bonne santé, c’est important de savoir qui a le pouvoir. Nous, c’est l’inverse : le pays est en mauvaise santé et tout le monde se fiche de savoir qui le dirige. Ça me rend fou. Je ne peux pas me taire.

Propos recueillis par Nicolas Delesalle

 

 

 

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Jean-Luc Godard

JL GodardJean-Luc Godard est né dans une famille de la bourgeoisie franco-suisse. Durant la seconde guerre mondiale, il est naturalisé suisse. Il commence ses études à Lyon avant de retourner à Paris en 1949 où il obtient une maîtrise en Ethnologie à la Sorbonne. C’est à cette époque qu’il rencontre François Truffaut, Jacques Rivette et Eric Rohmer. Avec les deux derniers, il fonde La gazette du cinéma, puis devient critique à Arts et aux Cahiers du cinéma.

En 1954, il fait ses premiers pas derrière la caméra avec son premier court métrage Operation beton. Il faut attendre 1959, pour qu’il réalise son premier long métrage A bout de souffle, un gros succès critique et public, qui sera le film-phare de la Nouvelle Vague. C’est le début d’une série de films où Godard pense le cinéma en réinventant la forme narrative : Une femme est une femme, Le Petit Soldat (censuré car il abordait ouvertement la Guerre d’Algérie, sujet tabou de l’époque), Les Carabiniers, Le Mépris, Pierrot le Fou, Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution et Masculin-Feminin. Il participe également à des films collectifs : Les Plus belles escroqueries du monde et Paris vu par…. 



Mai 68 : Godard est un militant actif et son cinéma devient un moyen de lutter contre le système (La Chinoise, Week-End). Il prône un cinéma idéaliste qui permettrait au prolétariat d’obtenir les moyens de production et de diffusion. Il part alors à l’étranger (New York, Canada, Cuba, Italie, Prague) où il commence des films qu’il ne terminera pas ou qu’il refusera de voir diffuser (One American Movie, Communication(s), British Sounds, Lotte in Italia). Les années 70 sont celles de l’expérimentation vidéo : Numero deux, Ici et ailleurs, Jean-Luc six fois deux -sur et sous la communication.

En 1980, il revient à un cinéma plus grand public qui attire des acteurs de renom. Il se retrouve sélectionné au festival de Cannes trois fois : Sauve qui peut la vie (1980, avec Isabelle Huppert et Jacques Dutronc), Passion (1982), Detective (1985 avec Johnny Hallyday) et obtient le Lion d’or au Festival de Venise pour Prénom Carmen (qui révèle Maruschka Detmers). Mais ses films continuent à faire scandale : Je vous salue Marie est censuré en France et dans le monde.

Godard fait un retour à l’expérimentation dans les années 90 : JLG/JLG, For Ever Mozart, Histoire(s) du cinéma (une vision filmée et personnelle de l’histoire du cinéma) et Eloge de l’amour, présenté en compétition sur la Croisette en 2001. Le cinéaste y fait son retour trois ans plus tard avec Notre musique, tryptique sur l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis présenté en sélection officielle hors-compétition. C’est la huitième venue de Godard à Cannes.

Au début du XXIème siècle, il apparait dans deux films dans lesquels il joue son propre rôle (Le Fantôme d’Henri Langlois de Jacques Richard (II) et Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard de Alain Fleischer), avant de refaire parler de lui sur la Croisette avec son Film Socialisme, sélectionné dans la section « Un certain regard » 2010.

Agé de plus de quatre-vingt ans, le cinéaste se fait rare dans le paysage cinématographique, mais beaucoup moins dans les allées du Festival de Cannes. Il réalise 3-Désastres, un des trois segments de l’énigmatique 3x3D (2012), qui passe à la loupe la perception de la 3D, présenté en clôture de la 52ème Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2013.

Treize ans après Eloge de l’amour, Jean-Luc Godard fait son grand retour en compétition cannoise en 2014 avec Adieu au Langage, son sixième film à concourir pour la Palme d’or.

 Allo Ciné

 

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Xavier Dolan

xavier-dolan1Xavier Dolan, fils d’un acteur-danseur, naît à Montréal en 1989. A peine six ans plus tard, on le découvre à la télévision dans plusieurs publicités pour une enseigne pharmaceutique. Amoureux du jeu, sa relation avec le cinéma s’impose très tôt et sa carrière d’acteur débute par plusieurs longs-métrages canadiens tels que J’en suis (1997), La Forteresse suspendue (2001), ou encore Suzie (2009). Un an plus tôt, avec la production franco-québécoise gore Martyrs, il pose, pour la première fois à l’écran, la pointe des pieds hors de ses frontières.

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Doris Buttignol et Carole Menduni

Doris Buttignol et CaroleInterview de Doris Buttignol et Carole Menduni

Comment en êtes-vous venu à préparer un film documentaire sur les hydrocarbures de schiste ?

Doris Buttignol : Nous habitons toutes les deux dans la Drôme et nous sommes concernées par le permis de Montélimar, à proximité de la ville de Villeneuve-de-Berg qui s’est illustrée par une forte mobilisation citoyenne début 2011 pour stopper les velléités des pétroliers qui souhaitaient extraire du hydrocarbures de schiste (gaz et huiles, N.D.L.R.) avec la méthode de la fracturation hydraulique.

Carole Menduni : Au début, nous avions très peu d’informations. La première fois que l’on entendait parler du gaz de schiste c’était à la fin de l’année 2010. Mais très vite, on a compris qu’il se passait quelque chose d’important. C’est la que l’on a décidé de prendre nos caméras.

Ce que vous avez découvert vous a-t-il conforté dans vos convictions ?

D. B. : Effectivement, la fracturation hydraulique est tellement dommageable pour l’environnement et les êtres humains que nous ne pouvions pas passer ça sous silence. Nous avions en plus la chance de nous appuyer sur l’expérience malheureuse de la fracturation hydraulique qui existe depuis quinze ans aux États-Unis et au Canada.

Quelle était votre ambition avec ce film documentaire ?

C. M. : Le film américain Gasland, de Josh Fox, a été le premier à réveiller les consciences. Nous voulions prendre le relais pour nous adresser aux Français afin de leur dire que le combat n’est pas gagné et qu’il existe toujours de vrais risques.

Pourtant, la fracturation hydraulique est interdite en France depuis la loi Jacob de juillet 2011…

C. M. : Ce n’est pas pour autant que le risque est complètement écarté. Qui nous dit que dans quelques années cette fameuse loi ne sera pas abrogée sous les pressions des lobbies pétroliers qui jouent quotidiennement de leurs influences au Parlement européen ?

D. B. : C’est pour cela que nous avons construit ce documentaire de manière didactique, afin de rendre claire et compréhensible un débat qui peut paraître compliqué.

Dans votre documentaire, la Seine-et-Marne semble particulièrement concernée par cette problématique…

C. M. : C’est le département de France le plus à risque ! Il y a déjà une installation pétrolière forte avec toutes les infrastructures nécessaires. De plus, la mobilisation et le blocage citoyen n’ont pas été aussi importants que dans le sud-est de la France, ce qui rend le département encore plus vulnérable si jamais la loi est cassée ou contournée.

D. B. : Les conséquences d’une exploitation dépassent même les limites de ce territoire. Il y a d’importantes nappes phréatiques en Seine-et-Marne qui pourraient être contaminées si les pétroliers se mettaient à rechercher des hydrocarbures non conventionnels, c’est-à-dire les hydrocarbures de schiste. Or, la Seine-et-Marne sert notamment à alimenter en eau toute la région Ile-de-France…

Propos recueillis par Pierre CHOISNET – La République de Seine-et-Marne

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