De Rachel Lang – France, Belgique – 2016 – 1h34
Avec Salomé Richard, Claude Gensac, Swann Arlaud…
Après une expérience ratée sur le tournage d’un film à l’étranger, Ana, 26 ans, retourne à Strasbourg, sa ville natale. Le temps d’un été caniculaire, elle se met en tête de remplacer la baignoire de sa grand-mère par une douche de plain pied, mange des petits pois carotte au ketchup, roule en Porsche, cueille des mirabelles, perd son permis, couche avec son meilleur ami et retombe dans les bras de son ex. Bref, cet été là, Ana tente de se débrouiller avec la vie. La beauté du film réside dans les stratégies de résistance déployées pour faire face à la tornade de la brutalité. Le trouble que suscite la comédie tient à l’ambivalence totale du personnage de Salomé Richard qui, oscillant entre le masculin et le féminin, ne renonce pas à l’idée de la force et prend plaisir à détruire à la massue la baignoire de sa grand-mère.
Critique
Le titre est à la fois une fausse piste et une métaphore : l’action de cette comédie d’apprentissage ne se déroule pas dans la ville d’eau du Bade-Wurtemberg, mais de l’autre côté de la frontière, à Strasbourg, où Ana, 26 ans, se réfugie le temps d’un été caniculaire. Au volant d’une Porsche — elle a oublié de la rendre à la production du film pour laquelle elle servait de chauffeur (incompétent) —, la jeune fille, un peu garçon manqué, un peu paumée, revient dans sa ville natale pour tenter de se reconstruire entre son meilleur ami, son ex toxique et sa grand-mère atrabilaire. « J’avais le désir, raconte la réalisatrice, qu’on ressorte de mon film avec une sensation et pas forcément avec une histoire. » Mission accomplie grâce à des dialogues farfelus et des situations inattendues qui rappellent l’humour burlesque de Bruno Podalydès, bricolage d’une douche à l’italienne compris. De la vie en chantier de l’héroïne (Salomé Richard, solaire et lunaire à la fois) s’échappe une petite musique mélancolique. De celles qui réchauffent le coeur et dont on sait pertinemment que leur écoute, même assidue, ne résoudra rien. — Jérémie Couston