AU-DELÀ DES MONTAGNES

Du 18 au 23 février
RGB tiff image by MetisIPDe Jia Zhang-ke – Chine – 2015 – 2h11 – VOST
Avec Zhao Tao, Zhang Yi, Liang Jing-dong…
L’histoire de trois jeunes gens, une femme et deux hommes, de 1999 à 2014 puis 2025, illustre l’évolution de la société chinoise, entre rêve d’ouverture à la vie dans le monde capitaliste et attachement aux traditions. Mais passer de la condition de sujet chinois à la condition d’individu du monde globalisé n’est pas sans poser des questions, et en particulier pour la génération suivante. Où pourrait mener ce déracinement ? Une fresque somptueuse qui interroge sur la Chine d’aujourd’hui et de demain.

Critique

Le réalisateur raconte l’histoire de trois jeunes chinois dans le monde d’aujourd’hui, sur un quart de siècle de 1999 à 2025, et nous montre une Chine qui s’ouvre à la société globale avec pour symboles l’entreprise individuelle, l’argent, l’international, la liberté hors sol, la sécurité. Et en fin de compte, il nous questionne sur ce qui ne concerne pas que la Chine : dans ce monde-là, comment va se construire l’identité des nouvelles générations ?
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Propos de Jia Zhang-ke, récemment à Paris : «A chaque nouveauté technologique ou économique, je me demande comment tout cela a une influence sur nous. Avant, quand l’être aimé était à 50 km, on se lamentait. Aujourd’hui, il y a Facetime. Le discours amoureux évolue. Il y a des choses évidentes et d’autres, non. C’est ce que je veux montrer.»

«Mon père est mort en 2006 et ma mère s’est retrouvée seule. Régulièrement,  j’allais la voir et mon premier réflexe était de lui donner de l’argent. J’ai vu que ça la rendait presque malheureuse. C’était un signal pour moi : je reproduisais une violence, et il fallait que je la filme. Cette violence est moins évidente que celle de Touch of Sin, mais elle est aussi forte.»

«On rêve toujours de stabilité, d’amour, mais quand on réfléchit a posteriori, de quoi sont faites nos vies ? De bouleversements, de ruptures, de conflits, de changements… J’ai voulu filmer la façon dont les changements provoquent une déperdition. Quelques jours après la sortie, il y a eu deux faits divers. Un homme voulait assassiner son ami de la même façon que dans mon film. Et un haut fonctionnaire a été arrêté pour corruption. Dans les journaux, on a lu que son fils se nommait Cash. »

Toute la force émotionnelle d’Au-delà des montagnes réside aussi dans notre rapport étrange à la Chine. Ce pays immense, violent et fascinant, on ne le connaît que par le récit de ses catastrophes, ses drames humains, sa censure, le délire du développement économique. La grande réussite de Jia Zhangke est de parvenir, avec son humanisme, à faire de nous des habitants de cette zone, pour dépasser tout orientalisme ou exotisme, et à nous permettre de vivre entièrement cette fiction comme des témoins. (Extraits de Libération)

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