Un film de Ryusuke Hamaguchi
Drame Japonais – 2019 – 1h.59 – VOST
Avec : Masahiro Higashide, Enka Karata…
La carte du tendre d’Asako (station 1) est riche d’un premier amour passionnel dont le souvenir est très douloureux. En effet Baka, son amoureux d’alors, l’a quittée mystérieusement du jour au lendemain. Deux ans plus tard, elle rencontre et construit un projet de vie avec le sosie de celui-ci (station 2). Hasard, déterminisme amoureux ? Voilà, à priori, une intrigue un peu rebattue, à partir de laquelle, pourtant, Hamaguchi nous propose une déconstruction magnifique sur ce que c’est d’être aimé et d’aimer en retour. L’éternelle question du choix, du désir, de l’estime de soi, de la quête d’absolu aussi. Ce faisant, le réalisateur dépasse mais aussi témoigne du cadre sociologique et politique d’une société japonaise aseptisée. Asako, déterminée, ne craint pas de « perdre la face », faute difficilement pardonnable au regard des codes sociaux en vigueur au Japon.
Un film subtilement léger, émouvant, dans lequel le réalisateur réussit à ponctuer certaines scènes d’un humour réjouissant et empêche ainsi de prendre trop au sérieux son propos. L’ombre tutélaire de Rohmer, n’est pas loin.
A noter cette remarquable maîtrise des ellipses déjà soulignée dans « Senses », un premier film dont la longueur avait certes rebuté certains spectateurs mais séduit d’autres par sa maîtrise formelle. Sélectionné en compétition officielle à Cannes, le film a été très applaudi lors de sa présentation. Venez au débat du lundi 11 en parler avec nous dans la salle à l’issue de la projection .…