Andreï Sergueievitch Mikhalkov
Oncle Vania
À bout de course
Riaba ma poule, Les Nuits Blanches du Facteur
Propos D’Andreï Kontchalovski autour du film
« Je suis heureux qu’un si « petit film » en termes de budget, trouve une résonance chez d’autres gens que moi-même et mon équipe de tournage. Peu m’importe qu’il gagne un prix, l’important pour ce film qui n’est pas un block buster, c’est qu’il intéresse les gens. C’était juste une idée qui a germé dans mon esprit. Sincèrement je ne peux pas en demander plus. »
« J’ai tourné ce film dans la région d’Arkhangelsk, au nord de Moscou. Je ne cherchais pas de beaux paysages, j’ai filmé là où habitait le personnage principal. Le facteur Aleksey Tryapitsyin existe réellement.
Il porte aux habitants du pain, des lettres, des avis d’imposition, des pensions et des ampoules électriques. En fait, il leur apporte la vie. C’est un film qui rend compte de mon ressenti au contact de cette frange de peuple russe. J’ai fait un film sur eux, mais je l’ai fait avec eux et ils m’ont aidé à écrire l’histoire. J’appelle ça une étude attentive de la vie, une biographie, une tentative de comprendre le monde. Pour être honnêtes, l’histoire est assez simple, mais comme on dit il n’y a pas d’histoire ennuyeuse, c’est la façon de les raconter qui peut être ennuyeuse. »
« Je voulais m’intéresser à la vie d’une personne en détail. Je ne voulais pas faire un gros film et je cherchais une histoire simple. Je me suis donc dit qu’il fallait que je filme en Russie, puis l’idée du facteur m’est venue. C’est une profession à part que ce soit en ville ou à la campagne. Ils sont en contact avec des gens de toutes sortes et à travers leurs yeux, vous pouvez voir toute une classe sociale. J’ai pensé qu’un facteur vivant à la campagne serait encore mieux. On a donc commencé nos recherches. J’ai une équipe formidable avec qui il est agréable de travailler et ce sont aussi des amis. Il s’agit des scénaristes, journalistes, assistants qui ont déjà travaillé sur mon documentaire « Battle for Ukraine ». Ils ont cherché pendant 8 mois un facteur à travers tout le pays de village en village.
Au vu de leurs résultats, nous en avons sélectionné 50, puis réduit la liste à 20, puis à 3 et enfin nous avons eu notre facteur. J’ai senti qu’il serait très intéressant de travailler avec le facteur Aleksey Tryapitsyn. Nous sommes donc allés le voir lui et ses »clients »et j’ai vite su que je ne m’étais pas trompé. C’est ainsi que le personnage principal et les autres protagonistes qui jouent tous leur propre rôle, ont été crées. »
« Ces minuscules villages sont situés sur les rives du lac Kenozero, dans la région d’Arkhangelsk. C’est très religieux et il y a une multitude de charmantes petites églises. Il est difficile de faire un film avec des »vrais »gens, car on doit construire l’histoire à partir de fragments de la vie de chacun d’entre eux. On ne peut pas leur donner un scénario, un texte pour qu’ils le jouent. On les a donc suivis, on les a écoutés et ils nous ont écoutés. C’était un moment très agréable. Ce sont des gens fantastiques, merveilleux, même si ils vivent dans un autre siècle »
« Être sélectionné au Festival de Venise est très important pour moi, car quand j’ai quitté Moscou pour la première fois c’était pour venir ici. J’étais encore étudiant au VGIK à l’époque. Ce voyage à Venise m’a changé. Cette année là, mon film de fin d’études a reçu un prix ici et le film de Tarkovsky, L’enfance d’Ivan que j’ai co-écrit obtenait le Lion d’Or. Ma carrière était lancée. Venise a été ma première vision de l’Europe. Cette première fois, j’ai vu des gens chanter dans la rue, et ça m’a paru très étrange : on ne chante que pour des occasions particulières, mais à Venise chaque jour semblait être particulier. Être invité au Festival de Venise cette année prouve qu’il est possible de faire un film différent et peu onéreux qui intéresse les gens. »