Interviewée par Pascal Mérigeau 6 février 2014 à propos d' »Un Beau Dimanche »:
« Je me suis trouvée bloquée sur l’adaptation à laquelle je travaillais depuis plusieurs mois [il s’agit du livre de Milena Agus « Mal de pierres »] et j’ai décidé de passer à autre chose. Je ne sais plus si j’ai pensé en premier lieu à ce personnage de jeune homme qui a rompu avec sa famille et changé brutalement de vie pour devenir instituteur ou si je suis partie du désir de donner un rôle à Pierre Rochefort, mon fils. Les deux ont dû survenir en simultané. Ensuite, tout est allé très vite, du scénario écrit avec Jacques Fieschi à la réalisation, à laquelle ont collaboré plusieurs personnes avec qui je n’avais jamais travaillé, notamment Pierre Milon, le chef opérateur. »
« D’habitude, mes films se déroulent sur plusieurs mois. C’est également la première fois que je donne à une rencontre amoureuse une place essentielle et que j’aborde les personnages et leur histoire de front. C’est aussi un film moins cher, moins copieux que mes précédents : le sujet a dicté l’économie du film et son style. Je sentais qu’il fallait que je reste toujours proche des personnages, d’autant que les acteurs sont pour certains sans beaucoup d’expérience, le filmage en caméra portée s’est donc imposé d’emblée. »
« …[la mise en scène] commence dès l’écriture du scénario, laquelle équivaut pour moi à une mise en question de l’histoire : je soumets à Jacques Fieschi des énigmes, auxquelles le scénario répond. Ensuite, au cours des repérages, je mets le scénario à l’épreuve des décors : c’est en jouant seule les scènes dans le décor que je trouve comment elles s’organiseront. C’est l’impulsion du jeu qui crée la scène. » Pour elle qui avait travaillé déjà avec son fils aîné, Frédéric Bélier-Garcia, coscénariste de ses trois films précédents, diriger le cadet, né en 1981, « relevait d’un geste très naturel ». En revanche, « c’était plus compliqué pour lui, de l’ordre à la fois du privilège et du piège, il devait gagner sa propre légitimité, ce qui pour un garçon comme lui, qui n’a pas une confiance à toute épreuve, n’était pas évident.
BIOGRAPHIE
Après avoir passé son enfance et son adolescence à Oran où elle est née en 1946, dans une famille de Pieds-Noirs, Nicole Garcia arrive en métropole en avril 1962, et termine sa classe de première à Montpellier1. Elle s’inscrit à la faculté pour suivre des cours de philosophie et prend aussi des cours d’art dramatique. Elle entre au Conservatoire national d’art dramatique et obtient, en 1967, un premier prix en Comédie moderne. le premier film où elle joue Des garçons et des filles sort en 1967, mais c’est grâce à Que la fête commence de Bertrand Tavernier, en 1974, qu’elle se fait remarquer des professionnels et du public. En 1977, Henri Verneuil l’engage pour Le Corps de mon ennemi.
Nicole Garcia obtient son premier rôle principal dans La Question, film retiré des salles parce qu’il dénonce la torture pendant la Guerre d’Algérie. Son personnage d’épouse trompée dans Le Cavaleur la rend populaire et lui vaut de recevoir le César du meilleur second rôle féminin. Elle tourne dans Mon oncle d’Amérique d’Alain Resnais, Les Uns et les Autres de Claude Lelouch, L’Honneur d’un capitaine de Pierre Schœndœrffer, Garçon ! de Claude Sautet, La Petite Lili de Claude Miller…
En 1990, Nicole Garcia débute une carrière de réalisatrice, s’attachant à disséquer la complexité des rapports humains dans les longs métrages qu’elle réalise : Un week-end sur deux (1990) et Le Fils préféré (1994) sont remarqués par la critique, Place Vendôme (1998) et L’Adversaire (2002), qui met en scène Daniel Auteuil, remportent du succès auprès du public. En 2006, elle présente Selon Charlie à Cannes. Figure majeure du cinéma français, on retrouve l’actrice dans Ma place au soleil en 2007.
En 2007, elle a été l’invitée d’honneur du 10e Festival international des scénaristes.
Nicole Garcia a deux fils, Frédéric Bélier-Garcia (1965), metteur en scène, et Pierre Rochefort (1981), chanteur et acteur, fils de Jean Rochefort.