Film de Nicole Garcia- France 2013- 1h35
Avec Louise Bourgoin, Pierre Rochefort, Dominique Sanda, Déborah François, Jean-Pierre Martins…
Scénario de Nicole Garcia et Jacques Fieschi
Baptiste est instituteur. Il aime son métier, il est grandement apprécié de ses élèves, de ses collègues, du directeur qui aimerait d’ailleurs qu’il reste. Mais lui préfère garder sa liberté, bouger au gré des remplacements. En peu de plans, la réalisatrice parvient à donner à ce solitaire qui semble toujours dans l’évitement, un mystère atypique. Que cache-t-il? A la veille d’un week-end, il recueille, malgré lui, un de ses élèves et fait la connaissance de la mère de celui-ci, Sandra, belle et pas mal paumée, harcelée par des créanciers qui se font menaçants. Le film prendra-t-il la direction du polar? Cette incertitude sur le genre du film, puis la sensation d’un temps suspendu propre au dimanche, voilà qui produit un charme indéniable. On est d’abord dans le présent, dans la précarité sociale à travers le personnage de Sandra. Puis dans le passé et la tradition, celle de la grande bourgeoisie dont est issu Baptiste. On bascule soudain dans ce monde de nantis, à la froide intransigeance, lors d’une visite à l’improviste du héros, flanqué de Sandra et de son garçon. Les retrouvailles familiales sont aussi l’occasion de revoir, après un longue éclipse, Dominique Sanda, formidable en mère écrasante, rattrapée par l’émotion.
Nicole Garcia excelle ici à faire émerger des personnages sensibles et complexes à la fois piégés et blessés par leurs origines et capables de s’en sortir malgré tout, grâce à une force vitale qui les pousse à faire des choix radicaux qui les mettent en harmonie avec eux-mêmes. Le film est juste, concis, simple. Il révèle Pierre Rochefort (le fils de Jean et de la réalisatrice), inconnu jusque là, et dont le parcours résonne avec celui de son personnage, un anonyme renfermé qui s’affirme peu à peu dans la lumière.