Vent du Nord
De Walid MATTAR – France – 2018 – 1h29
Avec Philippe Rebbot, Mohamed Amine Hamzaoui, Kacet Mottet Klein, Corinne Masiero
Dans une petite ville du Nord de la France, Hervé qui, à 50 ans, a toujours travaillé dans la même usine pour un modeste salaire, apprend qu’elle va être délocalisée en Tunisie. S’il participe au mouvement de protestation organisé par ses collègues de travail, cela ne l’empêche pas de se résoudre à l’inéluctable. Il projette donc d’utiliser ses modestes indemnités de licenciement pour vivre de sa passion, la pêche, et convaincre son fils, un jeune garçon désœuvré et prêt à s’engager dans l’armée pour échapper à la fatalité du chômage, de l’épauler dans cette aventure. Mais rien ne se passe comme prévu pour Hervé et ses proches, confrontés à de multiples obstacles dans leur tentative de s’inventer une existence plus aimable.
Le chômage et l’horreur économique faut-il aussi savoir en rire ? Oui, répond Walid Mattar (né en Tunisie en 1980) dans cet épatant premier film. Il y raconte les efforts d’une famille de la « France d’en bas » pour échapper au pire. Et il observe, en Tunisie, là où l’usine a été délocalisée, les difficultés pour un jeune homme, Foued, d’accepter des conditions de travail humiliantes sur une chaîne de montage. De quoi rafraîchir notre regard chauvin sur les délocalisations.
Le film slalome avec élégance entre le nord de l’Hexagone et la banlieue de Tunis, et décrit, avec une lucidité qui n’exclut jamais l’humour, les souffrances sociales de notre époque. Si Vent du Nord ne relève pas de la comédie, sa tonalité, malgré la gravité des thèmes abordés, demeure légère, comme un contrechamp solaire aux meilleures fictions sociales concoctées par le cinéma français ces derniers temps.
D’après Olivier de Bruyn, Marianne
Un drame intimiste attachant, audacieux dans ses choix techniques et parfait dans sa distribution. Amélie Leray, Les fiches du Cinéma
En trouvant le ton juste pour cette comédie tout en retenue, le réalisateur célèbre la quête d’une vie heureuse, contre vents et marées. Et parle avec finesse des désillusions du présent comme de l’utopie jamais vaincue. Frédéric Strauss, Télérama