Le prochain film :
Semaine du 21 au 28 mars 2018
« Ni juge ni soumise » de Yves Hinant et Jean Libon, documentaire belge (1h39),
Avec Anne Gruwez…
Au volant de sa 2 CV bleu pervenche, Anne Gruwez sillonne Bruxelles, sa ville, d’une scène de crime à l’autre. « Dans cet immeuble-là, j’ai eu une décapitation… Ici, un triple homicide. » Caustique comme Miss Marple, capable de sortir une blague dans les situations les plus éprouvantes – par exemple, lors de la découpe à la disqueuse de l’humérus d’un cadavre exhumé pour un test ADN – Anne Gruwez aurait pu être un truculent personnage de fiction. Elle est pourtant une authentique juge d’instruction à la langue bien pendue et au cœur bien accroché, que Jean Libon et Yves Hinant, respectivement le créateur et l’un des réalisateurs du magazine belge Strip-tease, ont suivie pendant trois ans après lui avoir déjà consacré deux fameux épisodes télévisés.
Entre deux auditions, toutes plus fascinantes les unes que les autres tant les cas dont elle s’occupe semblent tragiquement évoluer dans un monde parallèle, la magistrate enquête sur une affaire classée depuis vingt ans : deux prostituées sauvagement assassinées dont il s’agit de retrouver les clients, morts ou vifs, grâce au contenu d’un vieux sac-poubelle plein de préservatifs, conservé comme un Rembrandt dans les sous-sols du palais de justice de Bruxelles. A chaque instant, le sordide côtoie la misère humaine la plus noire… « C’est souvent dans l’histoire d’un crime qu’on peut voir à la loupe la société dans laquelle on patauge », tel est le credo des réalisateurs de cette variante belge et surréaliste du Délits flagrants de Raymond Depardon.
Critique de Télérama
Petite anecdote au sujet du film : celui-ci fait l’objet d’une action en référé.
La plainte provient d’une des suspectes auditionnées par la juge dans le film. Les personnes qui apparaissent à l’écran ont toutes, normalement, signé un document marquant leur accord quant à leur apparition dans le film.
Mais la plaignante a décidé de poursuivre son action et attaque le film en France. Comme elle l’a expliqué, elle estime que « ce n’est pas du cinéma, c’est pire. C’est l’histoire de l’humanité : des capitalistes véreux qui se font de l’argent sur la misère sociale et intellectuelle des autres ».
Après avoir défendu la juge Gruwez en expliquant que c’est grâce à son humanisme qu’elle est ressortie en se disant que la Belgique était un pays formidable et qu’elle avait eu affaire à une juge d’instruction « qui ne se contente pas de sanctionner, mais qui veut connaître le parcours et l’histoire de chacun », la plaignante a expliqué qu’elle n’avait pas donné son accord pour « apparaître dans un film commercial à dimension mondiale ».
Finalement, la maison française de production a décidé de modifier la projection du film. Ils ont tout simplement coupé la scène visée par la plaignante par mesure de précaution.
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https://www.cinemontblanc.fr/