De Olivier Jahan- France 2015 – 1h42min
Avec Emma de Caunes, Yannick Renier, Jeanne Rosa
Éléonore, la trentaine, vient de perdre son père. Il lui a légué sa maison en Bretagne, dans les Côtes d’Armor. Elle est photographe, a connu un certain succès mais les affaires ne marchent plus comme avant. Il faut absolument qu’elle vende cette maison.
Elle s’y rend avec Samuel, son ancien compagnon dont elle s’est séparée il y a quelque temps, parce qu’elle ne se sent pas d’aller seule dans cette maison où elle n’est pas retournée depuis la mort de son père. Mais elle joue avec le feu – car elle sait bien que leur relation ne s’est pas franchement apaisée, même si elle a eu depuis quelques aventures et que Samuel vit à présent avec Laure. Claire Andrieux, l’agent immobilier, s’est occupée d’organiser des visites durant les deux jours où Éléonore et Samuel vont rester dans la maison.
C’est un drôle de week-end que ces trois-là s’apprêtent à passer. Un week-end surprenant, riche en surprises et en émotions, en tensions, souvenirs et engueulades, en moments mélancoliques et absurdes, dont Éléonore et Samuel sortiront forcément changés.
Critique
Du sable, des gréves, des marées hautes et basses, des ciels mouvants, une jolie maison en granit….. une certaine poésie à la fois âpre et douce, sauvage et tendre : voilà le décor du dernier film d’Olivier Jahan.
Eléonore a 30 ans, elle est photographe, elle se remet difficilement d’une séparation douloureuse et son père vient de mourir : elle décide de vendre la maison que celui-ci lui a légué en Bretagne. Elle convainc son ancien compagnon Samuel de l’accompagner. Un troisième personnage, Claire, trentenaire et célibataire, l’agent immobilier chargée de la vente de la maison va s’ajouter dans l’histoire.
Ni comédie, ni drame, l’histoire, plutôt ordinaire, est assez belle, calme ; elle n’est pas joyeuse ; elle parle de deuil, de souvenir, de mémoire, de non-dits. Elle parle aussi de désir, de complicité, entre Eléonore et son père, photographe lui aussi ; entre Eléonore et Samuel, toujours perceptible ; et entre Claire, ce drôle de personnage, et le couple (elle les pense toujours ensemble).
Pour faire vivre cette complicité et comprendre ce qui se joue, dans la tête de Samuel et Eléonore, fac à leur ancienne relation, les acteurs font face à la caméra, plantant leurs yeux dans ceux des spectateurs, racontant, expliquant, développant. Des flashbacks, bien placés font redécouvrir le passé des personnages. Une voix féminine, aussi, (dont on ne comprend que tard à qui elle appartient) hante le film, sait beaucoup, raconte ce qui n’a pas été dit. Enfin, des photographies, en noir et blanc, apparaissent en plein écran, comme des diaporamas, pour prolonger le dialogue entre les images et les acteurs : il y a un moment très joli, quand pour dire au revoir à la maison, Eléonore se photographie, dans toutes les pièces et notamment se prend au flash dans le miroir.
Sensible et avec un certain degré de légèreté, cette comédie douce-amère, interroge sur la perte, la transmission et le besoin de reconstruction.