Nostalgia

Italie: 2022/ 1H57

Réalisé par Mario Martone

Avec Pierfrancesco Favino, Tommaso Ragno, Francesco di Leva

 

Mario Martone est napolitain avant tout, et son film se passe intégralement à Naples, en grande partie dans un de ses quartiers, La Sanita, quartier populaire mythique fait de ruelles en pentes, d’immeubles décatis creusés à même la roche, et arpenté encore aujourd’hui par les sbires de la mafia locale.

«La connaissance est dans la nostalgie. Qui ne s’est pas perdu ne possède pas. Pasolini.

Homme d’affaires expatrié, passé par le Liban et l’Afrique du Sud, désormais basé au Caire, Felice Lasco revient à Naples, la ville où il a grandi, dans le quartier labyrinthique de la Sanità. Il y retrouve sa mère, les rues de son enfance et décide de renouer avec ce lieu dont il a été absent trop longtemps. Où il va devoir composer avec la nouvelle donne locale, toute en vives tensions mafieuses, et faire l’inventaire de vieux souvenirs liés à son ancien meilleur ami, Oreste Spasiano, cause de son départ quarante ans plus tôt et aujourd’hui à la tête d’une tentaculaire organisation criminelle.

Nostalgia réussit toutefois à taper terriblement juste lorsqu’il aborde son sujet central, qui est moins la nostalgie que le déracinement. Exprimé avec finesse et une étonnante économie de moyens par le personnage de Felice (Pierfrancesco Favino, excellent, on a l’habitude), nœud d’opiniâtreté, de rêves et de contradictions impossible à délier. Qui ne peut revenir à la raison alors que tout indique que la seule voie sensée est de refaire ses valises pour retrouver son épouse au Caire. Qui vit au passé mais repousse indéfiniment son départ pour s’inventer à tout prix un présent dans un lieu qu’il habite mais où il n’existe jamais vraiment.

Le  film est tiré d’un roman, Nostalgia, écrit par Ermanno Rea, sorti juste après sa mort en 2016. Il met en scène outre notre héros Felice,  un prêtre énergique en lutte contre la Camorra. Prêtre inspiré par le personnage réel de Don Antonio Loffredo, curé de la paroisse de Santa Maria della Sanità, ( qu’on retrouve dans le film ), et qui a lutté en proposant une alternative de culture et de sport aux jeunes du quartier. Ermanno Rea journaliste et homme engagé, esprit critique y compris vis-à-vis de ses propres idéaux, témoin des mutations de la société italienne, a toujours porté un discours de combat et d’utopie.

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