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3 – I. Alain Resnais / Un cinéma drôlement grave /
Les mardis du cinéma – CR de la conférence du 9 décembre 2014
Université populaire Sallanches-Passy-Haute Vallée
Première partie – Se souvenir pour pouvoir « oublier »… et vivre
« Alain Resnais nous a quittés il y a quelques mois, le 1° mars 2014, juste avant la sortie de son dernier film, Aimer, boire et chanter. Ce titre à lui seul résume toute son œuvre, une des plus homogènes sans doute, malgré son extrême variété apparente. L’apparence, justement, c’est bien là un de ses thèmes favoris… » François Grospiron
Alain RESNAIS : un recycleur de formes
1ère partie : se souvenir pour pouvoir oublier et « vivre »
« Je suis un formaliste », disait Alain Resnais de lui-même. Né à Vannes en 1922, il disparaît le 1° mars 2014, tout récemment donc, juste avant la sortie de son dernier film, Aimer, boire et chanter. Ce titre à lui seul résume toute son œuvre, une des plus homogènes sans doute, malgré son extrême diversité apparente. Quoi de commun en effet entre Nuit et Brouillard, qui reste un des plus beaux témoignages sur les camps nazis, et le marivaudage de On connaît la chanson ou son dernier film ? C’est ce que nous essaierons de commencer à dégager ce mardi 8 novembre. » François Grospiron
I). Alain Resnais naît dans une famille aisée et cultivée ; il est élevé dans des institutions religieuses qui vont le marquer profondément ; il en garde une certaine hostilité vis-à-vis de la religion mais aussi une forme de mysticisme.
Il reçoit une petite caméra à l’âge de 12 ans avec laquelle il commence à tourner des petits films.
Il est boulimique de culture, fréquente des peintres, lit les philosophes, les BD, les romans populaires… Il s’intéresse à toutes formes de musique : jazz, classique, contemporaine, opérettes, chansons populaires.
Il se dit imprégné de surréalisme en ce sens qu’il refuse toutes les censures, politiques, morales et religieuses qui entravent l’imaginaire. De l’imaginaire on arrive au rêve, au désir et à la psychanalyse. (Recherches freudiennes sur les lapsus, les mots d’esprit, et ses rapports avec l’Inconscient).
Passionné de théâtre, et contrairement à celui-ci il considère que ce n’est pas normal de déclamer au cinéma ; il est contre la volonté de réalisme au cinéma.
Tous ses films réalisés sont écrits par des scénaristes ; mais dans la 2ème partie de son œuvre, il adapte des œuvres d’auteurs (Mélo) .
II). Alain Resnais est sensible à différentes formes d’expression populaire telle la BD. Il se considère comme un « bricoleur de formes ». C’est un cinéaste de l’imaginaire, philosophe, et poète qui fait un cinéma qui donne à penser, un cinéma de l’intuition et de l’émotion. Il joue dans tous ces registres, dans ce qu’il y a de plus profond dans l’être humain. Il dit de lui-même : « je serais content si on disait que mes films étaient des documentaires sur l’imaginaire. »
III). Toute l’œuvre de Alain Resnais est une réflexion sur la mémoire.
Dans la 1ère partie de son œuvre il va travailler sur la mémoire pour en voir les limites et les contours ; dans la 2ème partie, la mémoire est considérée sous l’angle du désir, de la rencontre avec autrui, toujours marquée par l’imaginaire qui fausse, et rend possible à la fois, la relation avec l’autre.
Au sortir de la guerre, la question de la mémoire est un enjeu politique : il faut oublier à la fois ce qui s’est passé et en même temps ne pas oublier ; c’est le devoir de mémoire : comment évoluer entre ces 2 choses là ? Alain Resnais se rattache à l’imaginaire en recherchant dans le présent les traces du passé. Il est l’inventeur du travelling qui est aussi une manière de montrer la pensée au travail.
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