Archives pour avril 2023

The Lost King

Un film de    Stephen Frears

Angleterre. 1h49 –  VOST

Avec Sally Hawkins, Steve Koogan…

     C’est le genre d’histoire incroyable dont nos voisins d’outre-Manche semblent avoir le secret, bien gardé au fond d’un cul-de-basse-fosse de la Tour de Londres

 Dans les années 2010, se crée à Édimbourg une société Richard III, immortalisé par Shakespeare dans sa pièce célèbre comme un roi bossu et cruel ayant fait assassiner ses jeunes neveux pour s’emparer du trône. Autant dire que le dernier souverain de la dynastie Plantagenêt, mort au combat à la fin du XVe siècle et dont le corps aurait été jeté dans la rivière traversant la ville de Leicester, a une réputation quelque peu entachée.

Suite à une représentation du Richard III, Philippa Langley, une modeste employée, se passionne pour l’histoire de ce roi décrié, bien décidée à prouver que le vrai Richard III n’était pas le sinistre sire qu’ont fixé pour la postérité ses successeurs les Tudors. Elle rejoint donc la société locale Richard III. Mais contrairement à ces collègues plus modestes et moins téméraires qui se contentent de quelques articles dans la publication mensuelle, elle plaque tout pour se donner une mission : trouver l’emplacement de la dépouille de Richard III dont elle est persuadée qu’il est enterré dans une église détruite depuis. Et on n’imagine pas ce qu’une simple passionnée d’Histoire anglaise est capable d’obtenir à force d’intelligence, de ténacité et de connaissances acquises sur le tas !

Cette histoire savoureuse (excellent scénario co-signé par Steve Coogan, qui joue le rôle de l’ex – mari et premier soutien de Philippa) est mise en scène par l’expérimenté et polyvalent Stephen Frears, qui a déjà tâté de la royauté avec les très plaisants The Queen (starring Helen Mirren dans le rôle d’Élisabeth II) et Confident royal (avec Judy Dench en Reine Victoria). 

Et la reine de l’affaire est la pétulante Sally Hawkins, qui incarne formidablement l’obstination parfois drolatique de cette citoyenne ordinaire que personne ne voulait croire et qui mit un pied dans la grande Histoire, à la surprise de ses proches et au grand dam des institutions universitaires.

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Programmation Avril Mai 2023

Du 6 au 11 Avril

Du 6 au 11 Avril

DE GRANDES ESPÉRANCES 

De Sylvain Desclous – France – 2022 – 1h45 

Avec Rebecca Marder, Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot… 

En course pour l’ENA, Madeleine et Antoine, en couple, en ont l’envie chevillée au corps, avant qu’une altercation qui tourne au drame sur une route corse avec un habitant du cru vienne briser leur irrésistible ascension. Le réalisateur connaît la politique et ses coulisses. Il le confirme dans sa manière de camper les situations, de trouver des échos dans l’histoire récente de la gauche. Mais le film transcende le cadre de la politique. A travers le personnage de Madeleine qui rêve de mettre à mal le capitalisme, il raconte comment, passé un certain seuil, tous les coups sont permis pour faire passer ses idées.

 

Du 6 au 11 Avril

 Du 6 au 11 Avril

DALVA 

De Emmanuelle Nicot – France/Belgique – 1h20 

Un premier long sur le thème de l’inceste à travers une enfant de 12 ans, trop maquillée et court vêtue pour son âge, soudain retirée du domicile paternel… contre son gré et sans qu’elle en comprenne la raison. Un film raconté à la hauteur de sa jeune héroïne et qui va gratter là où ça fait mal, comme dans ces moments où la petite fille défend ce père qui l’a abusée et qu’elle continue à aimer inconditionnellement. C’est à travers son regard que l’on vit son long chemin vers une deuxième vie, celle d’une gamine de son âge, grâce à des éducateurs qui lui font découvrir ce monde de l’enfance qu’au fond elle ne connait pas. Le portrait d’une renaissance. Film récompensé à la Semaine de la Critique 2022. 

 

Du 13 au 18 Avril

Du 13 au 18 Avril

GOUTTE D’OR 

De Clément COGITORE, France -1h38. 

Avec Karim Leklou, Jawad Outouia, Elyes Dkhissi, Malik Zidi. 

Le cinéaste nous emmène dans une exploration fiévreuse et onirique du célèbre quartier de la Goutte d’Or à Paris, avec le Médium Ramsès, qui reçoit, dans une pénombre travaillée à la bougie, des endeuillés prêts à payer en liquide pour des nouvelles de leurs chers disparus. Sa petite entreprise ne connaît pas la crise. Sa prospérité s’explique: on jurerait que les morts lui parlent pour de vrai, de souvenirs précieux, d’amour et de pardon. Il fait aussi des petits spectacles qui rendent les gens contents et reviennent. Mais un jour, des gamins de Tanger, moineaux livrés à la rue, à la drogue, à la violence, sont attirés par ses talents pour retrouver un copain envolé 

https://cinecimes.fr/clement-cogitore-goutte-dor/

Du 13 au 18 Avril

Du 13 au 18 Avril

THE LOST KING 

De Stephen Frears – Angleterre – 1h49 – VOST 

Avec Sally Hawkins, Steve Koogan… 

Dans ce récit contemporain inspiré d’une histoire vraie, l’historienne amatrice Philippa Langley , longtemps regardée de haut parce que femme et non professionnelle, cherche à retrouver la dépouille perdue du roi mal-aimé Richard III et à réhabiliter ce monarque du XVe siècle face à l’image populaire, notamment transmise par la célèbre pièce de Shakespeare, qui le décrit comme un être malfaisant. Avec beaucoup d’humour, le film dresse le portrait d’une héroîne modeste, handicapée par un syndrome de fatigue chronique mais portée par une intuition étonnante. 

https://cinecimes.fr/stephen-freears/

 

Du 20 au 25 Avril

Du 20 au 25 Avril

SUR L’ADAMANT 

De Nicolas Philibert/France/1H49/Documentaire. 

L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein coeur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien. Ours d’Or à Berlin en février 23 .

 

 

 

 

Du 20 au 25 AvrilDu 20 au 25 Avril

CHILI 1976 

De Manuela Martelli – Chili – 1h35 – VOST 

Pour son premier long, Manuela Martelli remonte le temps jusqu’en 1976, année considérée comme l’une des plus sombres du régime de Pinochet alors au pouvoir depuis trois ans. Et c’est ce pan douloureux de l’histoire de son pays qu’elle explore dans les pas d’une héroïne presque malgré elle, l’épouse d’un médecin qui, en acceptant d’aider en secret un jeune révolutionnaire, à la demande d’un prêtre, va se retrouver bien loin de sa vie bourgeoise, sous la menace permanente de voir son secret découvert. La cinéaste sait créer de la tension et la faire grandir sans jamais forcer le trait, avec une maîtrise jamais prise en défaut, jusqu’à l’ultime plan. 

 

Du 27 Avril au 2 Mai

Du 27 Avril au 2 mai

THE ETERNAL DAUGHTER 

De Joanna Hogg, Royaume Uni/ Etats Unis, 1h36, VOST Avec Tilda Swinton, August Joshi, Carly-Sophia Davies 

Julie, accompagnée de sa mère âgée, Rosalind, vient prendre quelques jours de repos dans un hôtel perdu dans la campagne anglaise, le manoir où Rosalind a vécu dans le passé. Les souvenirs vont bien évidemment ressurgir. La jeune femme, réalisatrice en plein doute, confie à sa mère vouloir en savoir plus sur elle en vue d’un film. Proches et lointaines, ces deux femmes ont parfois des allures de soeurs jumelles. Le jeu de Tilda Swinton, conjugué au montage, suggère d’autres espace-temps et laisse entrer des fantômes. 

 

Du 27 Avril au 2 Mai

Du 27 Avril au 2 Mai

TOUTE LA BEAUTE ET LE SANG VERSE 

De Laura Poitras 

Documentaire-Etats Unis – 1h57-VOST 

Photographe mythique de l’underground US, Nan Goldin se bat contre la famille Sackler, richissime famille américaine au coeur du scandale des opioïdes, au travers de la mise sur le marché de l’antidouleur OxyContin, responsable de centaines de milliers de morts aux Etats-Unis. L’évocation biographique classique de Nan Goldin se double donc de son action militante, mêlant les images de ce combat à celles du parcours esthétique et intime de la photographe. LION D’OR au festival de Venise 2022 

 

Du 4 au 9 Mai

Du 4 au 9 Mai

LE CAPITAINE VOLKONOGOV S’EST ECHAPPE 

De Alexei Chupov et Natalya MerkulovaEstonie – France/Russie-2023-2h06-VOST 

URSS, 1938. Au pic de la « Grande Terreur », Staline purge ses propres rangs. Les hommes du NKVD, police politique ancêtre du KGB puis de l’actuel FSB, qui mettent en oeuvre la répression sont eux-mêmes arrêtés et exécutés. Capitaine zélé du NKVD, Volkonogov se sait parmi les condamnés et s’échappe. Dans sa fuite, il est frappé d’une vision : pour sauver son âme, il va chercher à expier ses fautes en recueillant le pardon des familles de ses victimes… 

 

Du 4 au 9 Mai

Du 4 au 9 Mai

ALMA VIVA 

De Christèle Alves Meira – France-Portugal 2022- 1H28 

Elle se nomme Salomé et, comme chaque été, elle passe ses vacances dans la maison familiale de sa grand-mère, au milieu des montagnes portugaises ; ici la vie semble immuable, les querelles entre voisins se prolongent d’une année sur l’autre, les langues sont bien pendues. Silencieuse et sérieuse observatrice, la gamine circule au milieu de ce petit monde : il l’interroge et la tourmente un peu – surtout les croyances sur les morts et leurs esprits. Soudainement la grand-mère meurt, les adultes se déchirent autour des obsèques, Salomé, elle, est hantée par l’esprit de celle qui était considérée comme une sorcière… 

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DALVA

DALVA

Film de Emmanuelle Nicot – France, Belgique -1h20

Avec Zelda Samson, Alexis Manentti, Fanta Guirassy…

Emmanuelle Nicot réalise avec Dalva son premier long. Au delà de ses premiers pas dans la mise en scène autour de deux courts-métrages, elle est connue comme directrice de casting. Le choix d’une actrice pour soutenir tout un film est évidemment fondamental, d’autant plus quand il est question d’une pré-adolescente au passé lourd. Zelda Samson est Dalva, personnage qui donne son nom au film et le contient tout entier. On la rencontre au moment de la séparation forcée avec son père abusif, dans les cris et la violence. C’est autour du thème très délicat de l’inceste que tourne ce film, mais plus précisément des différentes étapes qui suivent le placement d’une jeune fille qui n’a aucun repère de sociabilité.

Dalva a vécu recluse avec son père, en fuite permanente pour ne pas avoir à affronter le regard de la société, jusqu’à perdre la trace d’une mère qu’elle considère de fait démissionnaire. La première réussite de la réalisatrice est de ne jamais juger ses personnages.Quand Dalva défend son père, le recherche à corps perdu, la caméra la regarde, tente de comprendre les mécanismes qui amène une enfant à se construire autour d’un tel interdit. Les discussions engagées avec elle tentent de décortiquer la rhétorique de l’enfermement dans la seule réalité jamais proposée. Comment comprendre le monde quand on ne le connait pas ? Pourquoi ce que l’on vit serait une transgression quand on n’a jamais été confronté au bien et au mal et à la vie en communauté ? Ces deux questions jalonnent les premières séquences de l’arrivée de Dalva dans ce foyer qui devient son seul refuge.

La progression de l’histoire, tout comme l’écriture du film, est très graduelle. Il y a à la fois de la douceur et de la pédagogie dans la démarche d’Emmanuelle Nicot. Elle transmet plusieurs idées fortes et nécessaires, avec tout d’abord celle qu’il faut du temps à un enfant pour sortir des logiques qui ont nourri toute son éducation. La transformation de Dalva se diffuse sur tout le film, d’abord pour donner le change à ses éducateurs, qu’elle considère comme ses geôliers, puis comme une possibilité réelle quand elle se fait sa première amie au sein du foyer. La solidarité et l’acceptation qui y règnent sont particulièrement touchantes et bien représentées. Il ya une vie dans ce lieu où tous et toutes ont en commun d’être différents, salis pour reprendre les mots de Samia, l’amie et confidente, et une autre avec le monde extérieur, représenté notamment par l’école.

Mais le film pose également en creux une critique du système de « réinsertion » de ces enfants en proie à des difficultés extraordinaires. Le personnage de Jayden, joué  par le très convaincant Alexis Manentti, est le point de rencontre de ces contradictions. Dur et froid avec ses protégé.e.s, il sait aussi se montrer critique face à une principale de collège aux propos discriminatoires, montrant du doigt l’hostilité vis à vis de ces enfants qui sortent de la norme et menacent l’équilibre des « normaux ». Son visage couturé de cicatrices et sa rudesse laissent à penser que le propre passé de cet homme le rapproche de ceux à qui il donne son temps, des parloirs en prison jusqu’aux nuits à veiller au sein du foyer. L’absence de solutions pour les enfants comme Samia, consciente des impasses qu’on lui présente, est également un noeud d’émotions particulièrement fort et bouleversant.

Cette amie au caractère tempétueux qui fait réaliser à Dalva qu’elle possède une porte de sortie pour se reconstruire : une mère aimante prête à la recueillir et lui donner cette nouvelle chance dont telle a tant besoin. Emmanuelle Nicot dresse, en une heure trente, un portrait saisissant qui ne tombe jamais dans le misérabilisme ou l’apitoiement, préférant décrire avec subtilité le processus long et douloureux d’une renaissance et d’un espoir pour les grands blessés peuplant les foyers pour l’enfance. 

 

Critique Le Bleu du Miroir.

Ciné Surprise le 02/05/2023 .

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ETERNEL DAUGHTER

De Joanna Hogg, Royaume Uni/ Etats Unis, 1h36, VOST. Avec Tilda Swinton, August Joshi, Carly Sophia Davies 

Joanna Hogg s’est fait connaître récemment avec The Souvenir, film en deux parties, retraçant la relation d’emprise qu’elle a vécue jeune femme et l’œuvre de fiction qu’elle aurait voulu en tirer. Cette révélation critique va permettre la sortie en France de ses trois films précédents, Unrelated, Archipelago et Exhibition, inédits jusqu’alors en France. Depuis The Souvenir, Joanna Hogg, citée comme référence par Kelly Reichardt et produite par un parrain prestigieux, Martin Scorsese, n’est pas restée inactive. Avec Eternal Daughter, elle propose sans doute son film le plus accessible, sorte de drame gothique inspiré des nouvelles de Henry James, où elle revient sur son obsession de la mémoire, du travail de deuil et de la mise en scène atmosphérique, proche de l’art contemporain. 

Julie, accompagnée de sa mère âgée, vient prendre quelques jours de repos dans un hôtel perdu dans la campagne anglaise. La jeune femme, réalisatrice en plein doute, espère y retrouver l’inspiration ; sa mère y voit l’occasion de faire remonter de lointains souvenirs, entre les murs de cette bâtisse qu’elle a fréquentée dans sa jeunesse. Très vite, Julie est saisie par l’étrange atmosphère des lieux : les couloirs sont déserts, la standardiste a un comportement hostile, et son chien n’a de cesse de s’échapper. La nuit tombée, les circonstances poussent Julie à explorer le domaine. Elle est alors gagnée par l’impression tenace qu’un indicible secret hante ces murs.

Une des actrices les plus précieuses et exigeantes de notre époque, Tilda Swinton, plus David Bowie au féminin que jamais, tient un double rôle dans Eternal Daughter, celui de Julie et également celui de Rosalind, sa mère. Là aussi, Joanna Hogg innove en faisant exprès de ne jamais filmer avant la dernière demi-heure les deux personnages dans le même plan. Ce refus de jouer la convention du plan d’ensemble réunissant les deux personnages interprétés par la même actrice possède une réelle signification qui révèle sa potentialité à la fin du film

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